Le corporatisme, et par assimilation le néo-corporatisme, jouissent d'une mauvaise presse. En effet, pour un Français, le premier terme évoque les privilèges indus que la révolution de 1789 a cherché à éradiquer, et la défense d'avantages spéciaux et illégitimes acquis par un groupe professionnel grâce à des relations particulières avec le pouvoir. Le résultat est que maintenant, aucune activité professionnelle, aucun syndicat français ne se risqueraient à se réclamer du corporatisme, devenu synonyme d'Ancien Régime ou de pétainisme.
Cependant l'amalgame qui se fait entre corporatisme et néo-corporatisme est trompeur : le néo-corporatisme n'est pas la même chose que le corporatisme. Il ne désigne pas des castes rigides de métiers mais un modèle qui organise une nouvelle forme de médiation entre les intérêts de la société civile, saisie dans une logique sectorielle, et le pouvoir décisionnel de l'Etat. Cette médiation permet de résoudre les problèmes engendrés par la libéralisation des économies grâce à un consensus entre salariés et patronat, consensus qui s'intercale entre l'intérêt particulier et l'intérêt général.
L'Allemagne, dès après son unité en 1871, a adopté un modèle d'économie néo-corporatiste, appelé aussi capitalisme organisé ou « capitalisme rhénan ». La France, quoiqu'elle en dise, et la majorité des autres pays, développent des pratiques néo-corporatistes.
Dans quelle mesure le néo-corporatisme s'apparente à une protection sociale et professionnelle contre le « laissez-faire » libéral ?
Ce modèle, particulièrement bien mis en pratique en Allemagne peut-il servir de modèle à l'Union Européenne ?
[...] Ceci résulte en un système duel d'une grande solidité et d'une grande souplesse stratégique Elargir le néo-corporatisme allemand à l'échelle de l'Union Européenne ? a. Les qualités reconnues du modèle allemand ont poussé les syndicats à le proposer à l'union européenne Les qualités du modèle allemand sont visibles à l'œil nu : il y a établissement d'un consensus et une protection des salariés. Ceci peut être une des causes directes de ce qu'on a aussi appelé le miracle allemand au cours de Trente Glorieuses et dont la bonne santé économique reste pérenne jusqu'à aujourd'hui. [...]
[...] Le renouveau du corporatisme est donc porté par des travailleurs et des patrons qui désirent réduire cette antinomie. Pour ce faire, il s'agit de réinsérer les individus dans des groupes intermédiaires qui garantissent la socialisation de tous sans brimer la liberté de chacun. Au premier rang de ces groupes intermédiaires figurent les groupements professionnels, ou corporations, celles-ci possédant trois caractéristiques majeures : - une structure paritaire à la base des groupements professionnels, entre employeur et salariés ; - une organisation congruente avec celle de la vie économique : ces corporations se regroupent à leur tour au niveau national, voire international, pour tous les types d'industries ; - la diversification des principes généraux de la législation industrielle pour promouvoir une spécialisation selon les types de secteurs au sein du corpus de loi étatique. [...]
[...] En ce qui concerne l'unification de l'ancienne RDA au reste de l'Allemagne, les syndicats ne furent peu ou pas impliqués dans l'énonciation des conditions d'absorption en 1990, tandis qu'on observait une quasi-absence des syndicats à l'est. Par ailleurs, les chefs d'entreprise de l'Allemagne occidentale délocalisèrent nombre de leurs activités à l'ouest sitôt après la réunification afin de tirer profit de la main-d'œuvre bon marché de l'est. Ceci aggrava le décalage entre l'est et l'ouest, fatal pour le modèle néo-corporatiste qui exige un certain degré d'homogénéisation dans la population active afin de pouvoir établir un consensus effectif. [...]
[...] Il n'y eût pas de relais au niveau local des politiques néo- corporatistes conçues pour protéger les travailleurs. Les syndicalistes allemands se résignèrent au fait que l'extension à l'Union Européenne des réglementations néo-corporatistes est politiquement impraticable. b. Mais ce modèle n'est pas infaillible et tend à s'éroder depuis les années 1980 Le néo-corporatisme à l'allemande révèle aussi quelques failles, dont la moindre n'est pas le statu quo dû à la multiplicité des acteurs en jeu, provoquant un certain immobilisme des réformes à entreprendre. [...]
[...] Dans quelle mesure le néo-corporatisme s'apparente à une protection sociale et professionnelle contre le laissez-faire libéral ? Ce modèle, particulièrement bien mis en pratique en Allemagne peut-il servir de modèle à l'Union Européenne ? 1. Le néo-corporatisme, fondement du modèle allemand a. Sens du néo-corporatisme Selon la définition énoncée par Durkheim, le vocable néo-corporatisme sert à désigner l'émergence d'associations qui réunissent avec l'aval de l'Etat des représentants de groupes d'intérêt antagonistes et qui assurent la conciliation de ces intérêts grâce au pouvoir normatif qui leur est reconnu. Pourquoi assiste-t-on aujourd'hui à une résurgence du corporatisme ? [...]
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