Basés sur la côte Est des Etats-unis, leur nombre ne dépasse sans doute pas la centaine aujourd'hui, mais leurs idées ont eu un impact sur le monde entier. Sans aucune base électorale ni militants sur lesquels s'appuyer, ils sont parvenus à être représentés à tous les échelons de l'administration Bush. Qui sont ces néoconservateurs, qui sont tant malmenés, ici, en France? Les théoriciens du noble mensonge? Les instigateurs de l'invasion en Irak? On les taxe souvent de « menteurs, (de) va-t-en-guerre, (de) fanatiques faucons», mais les supputations et les intuitions desquelles procèdent de telles invectives l'emportent souvent sur l'analyse véritable et, finalement, l'on ne sait pas toujours très bien qui sont les néo-conservateurs.
[...] Erreur de jeunesse ? Peut-être, car le revirement à droite ne tarda pas : lorsque la Seconde Guerre Mondiale éclatait, tous, ou presque, avaient cessé d'être marxistes. Ce qui allait plus tard devenir le néoconservatisme héritera néanmoins de cette période deux de ses traits les plus marquants: un anticommunisme virulent celui «d'une gauche ayant perdu ses illusions pour Fukuyama-, et une opposition à toute ingénierie sociale. Une lecture téléologique marxiste pourrait-on dire) de l'histoire peut-être également . Mais le néoconservatisme ne consiste pas seulement en un rejet, loin de là: la doctrine néoconservatrice possède également un contenu "positif" qui lui est propre. [...]
[...] Ainsi, si le virage à droite des néoconservateurs s'est accéléré dans les années 1960, le contexte de l'époque n'y est peut-être pas pour rien. Alors assiégés dans leurs facultés et trainés dans la boue par leurs propres étudiants, il devenait effectivement de plus en plus difficile pour les néoconservateurs de s'identifier à cette gauche revivifiée qui menaçait directement leurs positions politique et académique. De la même façon, l'hostilité des néoconservateurs à l'égard des Nations Unies n'a rien de dogmatique à l'origine (d'ailleurs, les néo-conservateurs s'accommodent très bien de l'OTAN, institution multilatérale elle aussi). [...]
[...] Kelling et A. Thernstrom, réunis autour du Public Interest (revue fondée en 1965 par Irving Howe et Daniel Bell), jettent alors les bases du passage à droite qui allait suivre dans la politique sociale des années 1980 et 1990 : sans s'opposer par principe à une intervention de l'Etat en tant que telle, ils insistent sur les conséquences imprévues qu'elle pouvait avoir dans les relations organiques ; quant à la contre-culture et au relativisme, ils leur opposent la certitude de certaines valeurs. [...]
[...] Qui sont ces néoconservateurs, qui sont tant malmenés, ici, en France? Les théoriciens du noble mensonge? Les instigateurs de l'invasion en Irak? On les taxe souvent de menteurs va-t-en-guerre fanatiques faucons», mais les supputations et les intuitions desquelles procèdent de telles invectives l'emportent souvent sur l'analyse véritable et, finalement, on ne sait pas toujours très bien qui sont les néo-conservateurs. Afin de mieux comprendre qui ils sont, nous nous proposons dans un premier temps de retracer brièvement le parcours de l'idée néo-conservatrice. [...]
[...] Cela peut sembler conforme au projet straussien, républicain par essence, qui réhabilite la politique et rejette le laissez-faire libéral. Et l'on peut, dans cette optique, considérer la politique étrangère léniniste -car visant à la promotion active de la démocratie- comme straussienne. Mais, selon Strauss toujours, les institutions et les structures d'autorités formelles déterminent les sociétés qui les sous- tendent autant qu'elles sont déterminées par elles. Autrement dit, les règles non écrites auxquelles obéissent les peuples, fondées sur la religion, la parenté et le partage d'une expérience historique commune, font également partie du régime (Edmund Burke, notamment, insistait sur ce point). [...]
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