Ce n'est pas la Première guerre mondiale qui invente les nationalismes : ils préexistent. Tout d'abord, parce que la guerre de 1914-1918 tire son origine des rivalités entre nations européennes (notamment la volonté d'expansion d'une nouvelle nation, l'Allemagne, l'insatisfaction d'une autre, l'Italie, des concurrences coloniales mises en évidence par l'antagonisme anglo-français...). La guerre est l'expression même de ces chocs entre nationalismes.
Par ailleurs, la guerre est « consentie » par les peuples car en 1914, ils sont déjà très largement pétris de sentiments forts d'appartenance nationale (via l'école, l'armée, la symbolique nationale et une intégration politique plus ou moins achevée). Dans cette perspective, la guerre apparaît comme le test grandeur nature de la valeur du sentiment national.
On peut donc partir de l'hypothèse que les nationalismes préexistent puisqu'ils en sont à l'origine mais ressortent fortifiés du grand sacrifice : légitimés pour certains (Europe centrale où éclosent de nouveaux Etats), réconfortés (France), frustrés et rendus plus agressifs (Allemagne et Italie). Dans ce dernier cas, la conversion à un totalitarisme nationaliste ne peut s'expliquer sans l'analyse précise de l'expérience de la guerre elle-même et son rôle dans l'éclosion de nationalismes inédits.
[...] En fait, la poussée nationaliste s'observe partout parallèlement à la poussée anarchiste et communiste (en Italie notamment). - La guerre a eu un effet décisif d'extinction de la citoyenneté démocratique, lorsqu'elle existait, et de préparation du terrain pour installer des régimes totalitaires, dans la mesure où ce gigantesque conflit a préfiguré des formes inédites de domination politique. Conclusion On passe d'un nationalisme plutôt élitiste et réactionnaire avant 1914 (qui pourrait s'incarner dans Action française, la Ligue pangermaniste ou encore l'A.N.I) à un nationalisme populaire et révolutionnaire dans les pays (Allemagne et Italie) où la conjoncture s'y prêtait : défaite ou victoire frustrées, jeunesse de la construction nationale, inachèvement de l'intégration politique et économique, mythe de la grandeur passée en Italie, subsistance de cadres autoritaires et militaristes de la société prussienne en Allemagne . [...]
[...] - La culture de guerre : un consensus sur l'unité nationale inlassablement rabâché par la propagande. Le "bourrage de crâne" se structure selon des thèmes réitérés et manichéens : héroïsation du soldat, diabolisation de l'ennemi. Toutes les énergies sont requises au service de l'impératif national : la presse, les intellectuels, l'Ecole, les Eglises, les enfants participent comme relais ou comme vecteurs à cette mobilisation totale. B. Une guerre totale, inédite - Première guerre industrielle et démocratique - Mobilisation des corps et des esprits, sur le front et à l'arrière, pendant quatre années sans interruption (une telle durée est tout à fait nouvelle). [...]
[...] Impression d'être vainqueur dans la guerre et vaincu dans la paix. Après 1918, la question des terres irredente va se greffer de façon explosive sur le nationalisme italien (alors que les deux thématiques ne se recoupaient pas forcément avant 1914). Le gouvernement libéral italien (Orlando) tente de freiner l'exaltation nationaliste qui utilise les ressorts d'un associationnisme para-militaire lié au milieu des anciens combattants (les Arditi d'italia, les Faisceaux italiens de combat de Mussolini), en vain. C. Un sentiment national humilié L'Allemagne n'est pas démembrée (pression des populations d'origine allemande aux Etats-Unis) mais elle paie le prix fort de la défaite. [...]
[...] Les nationalismes durant la Première Guerre mondiale Introduction Ce n'est pas la Première guerre mondiale qui invente les nationalismes : ils préexistent. Tout d'abord, parce que la guerre de 1914-1918 tire son origine des rivalités entre nations européennes (notamment la volonté d'expansion d'une nouvelle nation, l'Allemagne, l'insatisfaction d'une autre, l'Italie, des concurrences coloniales mises en évidence par l'antagonisme anglo-français . La guerre est l'expression même de ces chocs entre nationalismes. Par ailleurs, la guerre est consentie par les peuples car en 1914, ils sont déjà très largement pétris de sentiments forts d'appartenance nationale (via l'école, l'armée, la symbolique nationale et une intégration politique plus ou moins achevée). [...]
[...] La guerre enfante des nationalismes révolutionnaires inédits A. Le cas de la France Anciens combattants parfois cocardiers mais pacifisme structurel de la société française. Les courants nationalistes traditionnels comme l'Action française subsistent inchangés et les organisations nationalistes révolutionnaires des ligues restent marginales socialement et politiquement. Le nationalisme n'est pas absent de la France de 1919 comme le montre la victoire du Bloc national (dont l'action est facilitée par les divisions de la gauche) mais ce nationalisme des vainqueurs fait malgré tout bon ménage avec la démocratie. [...]
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