Le concept de « nation », au sens de communauté politique établie sur un territoire, apparaît à la Révolution française. Il faut distinguer la nation au sens de Renan, qui en a une conception politique, la nation se construisant selon lui grâce à la « volonté de vivre ensemble » et la nation au sens de Fichte, qui en a une conception culturelle voire ethnique (la nation est alors antérieure au politique). L'histoire du XIXe siècle est marquée par un fort nationalisme, dont le but est de faire coïncider la nation avec les institutions politique, c'est-à-dire avec l'Etat. C'est ce nationalisme qui est à la base de l'unité allemande (1871) ou au contraire de l'indépendance de la Belgique (1830). Mais dans la première moitié du XXe siècle, les nationalismes se font impérialistes et agressifs et sont des facteurs déclencheurs des deux guerres mondiales. Pendant prés d'un siècle et demi, le nationalisme semble donc jouer un rôle prépondérant voire moteur.
Mais aujourd'hui l'espace mondial se caractérise surtout par la mondialisation et l'ouverture des frontières, par la transnationalisation et par la réduction du rôle de l'Etat-nation. Dés lors, peut-on encore considérer le nationalisme comme un des moteurs de l'histoire ?
[...] Le nationalisme aujourd'hui semble donc, et ce depuis 1945, ne plus être le moteur de l'histoire, qui avait mené les pays à se former, à adopter une conscience nationale, puis à se déchirer entre eux pendant les deux guerres mondiales. S'il occupe encore aujourd'hui une place importante, il est concurrencé d'en haut par la mondialisation et la mise en réseaux du monde, et d'en bas les particularismes et les micros- identités. Notes 1 Critique internationale nº23, avril 2004, pp 125-139, La résilience du nationalisme face aux régionalismes et à la mondialisation par DIECKHOFF, Alain et JAFFRELOT, Christophe L'Etat débordé DOLFUS Olivier, La mondialisation, Les presses de Sciences Po, 3e éd pp105-106 Bibliographie Ouvrages - BERSTEIN, Serge et MILZA, Pierre, Histoire du XXe siècle tome 1973 à nos jours, Vers la mondialisation et le début du XXIe siècle Hatier, éd (pp 122-144, 323-337 et 431-434) - DIECKHOFF, Alain et JAFFRELOT, Christophe, Repenser le nationalisme, Théorie et pratique, Les Presses de Sciences Po, Références, éd 2006 - PLASSERAUD, Yves, L'identité, collection clefs/politique, éd. [...]
[...] Que devient donc le nationalisme face aux autres mécanismes identitaires ? Quand l'Etat devient défaillant et qu'il ne permet plus d'intégrer les citoyens, ils peuvent se tourner vers la religion. C'et le cas dans certaines régions du monde, particulièrement au Moyen-Orient ou en Asie où le délitement des solidarités nationales profitent à l'Islam, qui parvient à s'implanter d'autant mieux que lui seul propose un secours aux populations. Un deuxième mécanisme identitaire qui profite de la mondialisation et qui concurrence le nationalisme est l'ethnicisme. [...]
[...] Par exemple, Mac Donald, symbole de la culture transnationale présente des menus adaptés aux cultures des pays. L'ère de la communication généralisée débouche donc plus sur de cultures nationales globalisées Ensuite la mondialisation se caractérise par la multiplication des migrations et la diasporisation du monde, et ceci est, toujours selon les auteurs source de renforcement des nationalismes. Car le nationalisme se construit en partie dans la relation à l'autre. Les immigrés auraient alors un sentiment national plus fort car ses relations avec l'autre seraient multipliées. [...]
[...] L'UE se fait contre les nationalismes, puisqu'elle instaure un mode de gouvernement supranational en empiétant sur des domaines relevant de la souveraineté nationale telle que la politique monétaire. En fait, même si l'intégration régionale attise les nationalismes (voir les résultats des partis nationalistes en Europe), elle semble être la voie de l'avenir bien plus que l'isolement et le repli sur la nation. L'heure est donc à la mondialisation qui cependant ne semble pas pouvoir venir à bout des nationalismes. En fait la mondialisation renforce les nationalismes dans une certaine mesure. Mais le nationalisme est-il le seul mécanisme identitaire à profiter de la mondialisation ? [...]
[...] Dès lors, peut-on encore considérer le nationalisme comme un des moteurs de l'histoire ? Le nationalisme joue encore un rôle aujourd'hui Pendant toute la guerre froide, le monde se divise en deux blocs idéologiques, et les nationalismes sont alors relativement contenus. Ils ne sont cependant pas absents : les nationalismes ont joué un rôle moteur dans la décolonisation, mais ils restent contenus, ou marqués par 'idéologie socialiste. Avec la chute du mur de Berlin et la fin du monde bipolaire, on assiste à l'exacerbation des nationalismes : en Europe de l'Est par exemple, une fois le ciment idéologique disparu, les Etats multinationaux se déchirent. [...]
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