Cameroun, colonisation, protectorat, nationalisme, Achille Mbembe
Le Cameroun n'a juridiquement jamais été une colonie française. C'était d'abord un protectorat allemand, jusqu'à la Première Guerre mondiale. Avec la défaite allemande, il a été partagé entre les français et les britanniques. Mais le territoire restait juridiquement sous la tutelle de la SDN puis de l'ONU.
Théoriquement ces institutions avaient un droit de regard sur ce qui se passait dans le pays. La France devait rendre compte de son action devant un comité spécial et les camerounais pouvaient y faire appel.
[...] La question de la race jouera un rôle très important dans la révolution nationaliste : elle s'opposera à la racialisation. En 1948, une partie des autochtones, les plus éduqués, servent de structure pour canaliser la dispute. 1948-1958 : efforts pour donner une dimension juridique à la dispute : Nka kunde. Efforts également pour cesser d'être différent et faire communauté. Ils cherchent à traduire les formes juridiques dans la culture. Le nationalisme camerounais va accorder beaucoup d'importance au domaine des significations imaginaires et symboliques. Le mouvement cherche à se projeter vers le futur. [...]
[...] Le nationalisme camerounais, Achille Mbembe Le Cameroun n'a juridiquement jamais été une colonie française. C'était d'abord un protectorat allemand, jusqu'à la Première Guerre mondiale. Avec la défaite allemande, il a été partagé entre les français et les britanniques. Mais le territoire restait juridiquement sous la tutelle de la SDN puis de l'ONU. Théoriquement ces institutions avaient un droit de regard sur ce qui se passait dans le pays. La France devait rendre compte de son action devant un comité spécial et les camerounais pouvaient y faire appel. [...]
[...] Et quand les décisions étaient prises, elles ne faisaient que déplacer ailleurs les brèches, et les logiques de segmentation, parfois exactement sous la même forme. En plus, la mémoire autochtone est souvent plus longue que celle de l'administration. Ils en jouent parfois pour faire échouer les logiques des administrations. La colonisation est un régime de la peur. L'administration et la troupe vivent dans une sorte de paranoïa. Dans le pays babimbi, il y a autochtones pour une cinquantaine d'européens. Il n'est pas possible de ne pas avoir peur. Importance du renseignement, ou plutôt de la délation : l'administration veut tout savoir. [...]
[...] Il y a aussi des disputes entre les colonisés pour la propriété, notamment celle du bétail. Face à ça, un gouvernement intermittent : présent uniquement au moment de levées fiscales, ou quand un gros problème se présente, puis il s'en va. Difficile de transformer cette structure d'action chaotique en une structure de sens, pour légitimer l'action coloniale. La colonisation crée un nouveau champ d'action pour les populations colonisées. Mais elle n'élimine par les logiques qui lui préexistaient, au contraire. Les coutumes se recomposent, se réinventent sous l'influence du gouvernement colonial, elles ne disparaissent pas. [...]
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