L'article 1 de la constitution du 4 octobre 1958 dispose que la France assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. La France est, de par sa position géographique, son histoire coloniale, son développement économique et sa tradition de terre d'asile, une terre d'immigration.
Face à l'afflux d'immigrés arrivant du monde entier (ex. : Amérique du Sud, Maghreb, Europe de l'Est), l'État français a développé un modèle de « nation citoyenne » qui est assimilable au modèle universaliste républicain. Avec ce modèle, l'égalité des citoyens devant la loi quelle que soit son origine ethnique (et religieuse) est garantie. Ce modèle repose sur la séparation de la sphère publique et de la sphère privée. La différence culturelle est respectée tant qu'elle est pratiquée et manifestée dans la sphère privée. La France est une république laïque, elle ne privilégie ainsi aucune religion dans la sphère publique.
Depuis maintenant quelques années avec notamment les événements du 6 octobre 2001 où les tensions ont été assez vives autour du match de football France-Algérie, avec la création le 18 mars 2003 du délit d'outrage au drapeau tricolore ou à l'hymne national puis avec le 23 avril 2005 l'apprentissage de l'hymne national et de son histoire qui devient obligatoire à l'école ; l'Etat français semble vouloir affirmer la prédominance du sentiment lié à l'appartenance nationale face à d'autres sentiments liés à l'appartenance religieuse, culturelle ou ethnique.
Ainsi nous pouvons nous demander quelle place la République française doit-elle attribuer à la différence.
[...] Leurs différences, considérées comme une menace pour la nation républicaine, sont effacées. Aujourd'hui, beaucoup ont le sentiment que la nation française se construit sans passion. Cette notion de nation sans passion semble être confirmée par la résurgence du sentiment communautaire. En effet, les individus ont accru leur sphère d'autonomie, ils ne sont plus aussi facilement disposés que par le passé à renoncer à des éléments fondamentaux de leur identité personnelle. Le fait de vouloir vivre ensemble (élément présent dans la définition de la nation) est plus que relatif. [...]
[...] Il a sans cesse favorisé l'unification de la société autour d'une citoyenneté unique et indifférenciée. La France, inspirée par les philosophes des Lumières, a fondé son système d'intégration sur la neutralisation de la sphère publique et sur la soumission des citoyens à une rationalité universelle qui se matérialise, en France, par la volonté générale incarnée par l'État. Les nationaux possèdent un socle commun de valeurs. En France, le sentiment national prévaut sur le sentiment d'appartenance religieuse, culturelle, etc. Cela a été rendu possible par l'association de deux choses complémentaires : l'égalité en droit de tous les citoyens et le confinement des identités particulières dans la sphère privée. [...]
[...] De plus, il est souvent le fruit du hasard. Ainsi aujourd'hui le sentiment d'appartenance nationale semble correspondre à un sentiment d'appartenance à une entité territoriale. B. L'avènement de l'État post national. De nos jours, un individu qui souhaite acquérir la nationalité française ne recherche pas par cet acte à faire siennes les valeurs de la République. Le fait d'entrer dans la communauté nationale permet à un individu de chercher un travail qui lui permettra de nourrir sa famille. Même si la carte d'identité n'est pas indispensable pour trouver un emploi en France ; elle l'est pour prétendre toucher une retraite, etc. [...]
[...] La neutralité de l'État apparait alors comme un leurre. La diversité (ethnique, religieuse, culturelle) de la société serait acceptée en fait, mais ignorée en droit. L'école de Copenhague a mis en avant le concept de sécurité sociétale. C'est-à-dire la capacité pour une société à perdurer dans ses caractéristiques essentielles lorsque son environnement change ou lorsqu'elle est exposée à des menaces hypothétiques ou réelles. Samuel Huntington, après le 11 septembre 2001, a déclaré : Dans le monde contemporain, la menace la plus importante pour la sécurité sociétale des nations provient de l'immigration Les élites politiques ont ainsi après à jouer avec l'ethnicité. [...]
[...] L'unité nationale est aussi mise à mal par le paradigme économique qui favorise le dépassement de l'État- Nation et le paradigme socioculturel qui privilégie le modèle de la dynamique multiculturelle. Dans l'espace multiculturel, les instances individuelles ont un rôle majeur (ex. : pour la réalisation personnelle). Les facteurs socioculturels (ex. : les valeurs, le style de vie) et les revendications identitaires (ex. : le besoin de reconnaissance) ne sont pas soumis à un modèle culturel unique. Ainsi, l'espace multiculturel est dominé par des perspectives individuelles. Différents groupes coexistent dans un espace commun, chaque groupe possède cependant une vision de cet espace qui lui est spécifique. [...]
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