Nation et mythe : rationnel et imaginaire, voici le rapport qu'il s'agit de discerner. L'hypothèse que nous retiendrons est que loin d'être absent de la construction de la nation, le mythe en constitue le dynamisme sous-jacent. Il est possible de déceler, sous le discours apparemment rationnel de la Nation, des thèmes mythiques traditionnels. Mais comment le mythe participe-t-il de la fondation, de la consolidation mais aussi parfois de la dérive de la Nation ?
Nous nous limiterons aux sociétés culturelles de 1789 à nos jours, aussi bien en Europe qu'aux Etats-Unis, bien que le mythe ait eu des répercussions dans la conscience nationale de communautés plus anciennes, comme le mythe espagnol de Saint-Jacques au cours de la Reconquista, ou encore le mythe de Jeanne d'Arc boutant les Anglais hors de France au XVième siècle.
Nous verrons ainsi dans un premier temps que la fondation de la nation génère ses propres mythes. S'il est impératif de dépasser l'idée qu'une nation est un mythe en soi, une res ficta, comme l'a définie Nietzsche, il faut savoir se demander ensuite quel est le rôle du mythe dans la consolidation de la nation mais aussi dans son évolution.
[...] Selon J.P. Sironneau dans son article Mythe et Nation dans l'Allemagne moderne (Iris : : Si Rrosenberg incarne la version historique et philosophique de la construction du mythe, Hitler incarne la version pratique. Il faut dès lors exalter le sang qui seul assure la survie de la volonté raciale. Dans le culte nazi, on retrouve ainsi la célébration du sang des martyrs le 9 novembre (en l'honneur des seize nazis, de ces premiers héros, abbatusabattus lors de la tentative de putsch de Hitler en 1923, ce culte étant célébré au sein du Parti dès 1926), mais encore le Bluthfahne (drapeau du sang) exhibé comme relique sacrée aux congrès du Parti. [...]
[...] Le mythe adopte les formes sur lesquelles reposera la nation entendue comme un agrégat d'individus égaux entre eux. La constitution, qui n'est autre que l'expression de ce lien social, ne peut dès lors trouver sa substance ailleurs que dans un mythe qui en constitue le principe directeur. Si l'on considère lea modèle français, c'est le mythe fondateur d'une bourgeoisie conquéraente qui a renversé l'Ancien régime en se substituant à la monarchie de droit divin, et qui pour affirmer sa légitimité fait du peuple le détenteur de la souveraineté. [...]
[...] IlL repose sur un principe unificateur construit d'en haut selon Eric Hobsbawn, par les élites intellectuelles et politiques. Le projet de l'idéologie nationale, qui repose sur des images et des thèmes mythiques, est de faire prendre conscience à la nation de son existence. Mais si le mythe national est utilisé au nom d'une idéologie au pouvoir, il peut dès lors être récupéré et reformulé au profit d'une tout autre idéologie qui chercherait à imposer sa conception de la nation, au risque de créer une nation dévoyée. [...]
[...] Ils sont une connexion matérielle et visuelle avec le passé et peuvent ainsi légitimer l'autorité au pouvoir. Dès lors, ces monuments peuvent être conçus comme des instruments de construction nationale : : ils distillent une idéologie nationale reposant sur des thèmes mythiques. Le mythe est surtout à l'oeuvreœuvre dans le renforcement de l'identification nationale ; il n'est pas uniquement un instrument de cohésion idéologique, comme nous venons de le voir, il est aussi un outil de cohésion sociale. Le processus d'ancrage du sentiment d'appartenance à une nation amène alors l'imaginaire nationaliste à créer ou recréer des mythes qui s'attachent aux origines de la communauté nationale ( le thème des origines troyennes des Francs est devenu un mythe d'origine de la France et connu un extraordinaire développement aussi bien dans l'historiographie que dans la poésie), à la soumission par d'autres communautés, à l'éveil de la communauté dans un appel à l'action politique (mythe Résistancialiste en France après la Deuxième Guerre Mondiale, par exemple), des mythes qui parlent d'une époque héroïque ( comme le mythe de Guillaume Tell : : il aurait au XIVièmeème siècle libéré la Suisse du joug autrichien), etc. [...]
[...] Articles spécialisés : Centre de Recherche sur l'imaginaire, Iris Mythe et Nation Grenoble, CRI n°15 FROIDEVAUX Didier, Revue suisse de science politique Construction de la nation et pluralismes suisses : idéologie et pratiques vol en sera-t-elle capable ? [...]
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