À l'heure où l'État français connaît de nombreuses mutations, de la réforme des collectivités territoriales aux processus de décentralisation, la problématique d'homogénéité du territoire national et de son développement unitaire paraît d'actualité. En effet, ces processus de différenciation des espaces risquent de se traduire de manière concrète par une fragmentation du sentiment d'appartenance nationale donc d'une fragmentation de la nation.
Par nation, on désigne une construction culturelle à vocation unificatrice, et ce, autour d'un certain nombre de codes considérés comme communs à un ensemble d'individus. Toute la complexité du sujet réside donc dans le fait de savoir si la nation naît d'un sentiment global se concrétisant ou d'une volonté nationaliste isolée qui va s'imposer sur un territoire donné. En d'autres termes, dans quelle mesure le nationalisme joue-t-il un rôle dans la construction nationale ?
[...] Il s'oppose aux sentiments régionaux qui valorisent les caractères spécifiques d'une unité territoriale inférieure à l'État (région, département) pour en faire valoir l'indépendance. Cet esprit indépendantiste connait d'ailleurs des prolongements contemporains que ce soit le cas de la Corse pour la France ou du Pays Basque pour l'Espagne. P. Sahlins met en avant le rôle de ces inspirations indépendantistes dans le processus de renforcement de l'identité nationale pour plusieurs raisons. Tout d'abord parce que ces sentiments contribuent à renforcer un centre concret du territoire national contre lequel sont dirigées les rancunes et les exigences ( l'opposition linguistique entre Paris et la Province comme deux ensembles distincts et complémentaires, occultant l'éminente hétérogénéité de l'agrégat provincial par exemple). [...]
[...] Le nationalisme n'est que subjectivité : une croyance génératrice M. Weber va s'inscrire en faux contre les théoriciens d'une nation naturelle produit logique de traits communs entre les individus. Pour lui le sentiment national n'a rien d'objectif et ne fonde pas sa puissance sur la véracité des liens culturels qui unissent les individus mais bien sur la croyance qu'ont ces derniers de l'existence de ces liens. Le processus de nationalisation n'a donc rien d'objectif comme l'a d'ailleurs montré la Première Guerre Mondiale, déchainement de violence issu du désaccord entre deux États (France et Allemagne) sur la réalité de l'appartenance de l'Alsace et de la Lorraine ) à l'agrégat français ou allemand. [...]
[...] C'est la naissance de l'État-nation qui va réellement lancer l'impulsion nécessaire à la création d'une nation. La philosophie des Lumières va ici jouer un rôle clef puisque les penseurs du Contrat et notamment Rousseau vont insister sur le fait que les citoyens sont censés être partie prenante du contrat instituant l'État et donc devoir exercer pleinement leur rôle vis-à-vis de la vie nationale. L'individu devient citoyen et passe de spectateurs des affaires politiques à acteur. Ces pensées contractualistes ayant eut un fort impact dans la classe dirigeante du XVIIIe, le souci d'éduquer le citoyen pour lui permettre d'exercer pleinement son rôle d'acteur va devenir prépondérant, en France notamment. [...]
[...] La nation est-elle un vouloir-vivre ensemble ? Introduction A l'heure où l'État français connait de nombreuses mutations, de la réforme des collectivités territoriales aux processus de décentralisation, la problématique d'homogénéité du territoire national et de son développement unitaire paraît d'actualité. En effet ces processus de différenciation des espaces risquent de se traduire de manière concrète par une fragmentation du sentiment d'appartenance nationale donc d'une fragmentation de la nation. Par nation, on désigne une construction culturelle à vocation unificatrice et ce autour d'un certain nombre de codes considérés comme communs à un ensemble d'individus. [...]
[...] Cette transformation peut d'ailleurs parfois aller jusqu'à l'exaltation de la nation comme supérieure aux autres et donc légitime vis-à-vis de ces prétentions territoriales. La nation est une volonté de vivre ensemble qui peut se transformer en vivre contre les autres, les guerres du XXe siècle en sont le triste exemple. [...]
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