(...) L'approche française de la nation se base sur l'idée d'un contrat, d'une adhésion volontaire à une structure d'intégration dont on veut faire partie.
Cette approche s'oppose au principe d'historicité particulièrement développé du côté allemand, surtout en ce qui concernait la question de l'Alsace-Lorraine. Pour résumer, la conception française est que la nation est fondée sur le libre-choix, tandis que la conception allemande met en avant une communauté de langue et de race. Pour E. Renan, "il y a dans l'homme quelque chose de supérieur à la langue : c'est la volonté". Cette volonté d'appartenir à une communauté, de vivre-ensemble, est capable de rassembler des hommes au-delà de leurs différences linguistiques. Il s'agit, grâce à la volonté, de passer outre les particularités dans le but de perpétuer un héritage commun.
Or la volonté humaine est changeante, et la nation peut alors être remise en cause à chaque instant. La nation est, selon la très célèbre formule d'E. Renan, un "plébiscite de tous les jours". La nature même d'un contrat permet à ceux qui l'ont institué de le supprimer selon leur bon vouloir. Le contrat aboutissant à l'émergence de la nation n'est certes qu'une hypothèse, un postulat, mais il permet de mieux comprendre les phénomènes de sécession. Plus concrètement, le droit accepte l'idée de refus individuel de continuer à appartenir à une nation, et le droit pour un individu de répudier sa nationalité est garanti dans la Déclaration Universelle des Droits de l'homme. La nation ne serait donc qu'un concept temporaire, qui n'existe que tant que les hommes y croient.
(...) On observe dans nos sociétés démocratiques actuelles une tendance grandissante à l'individualisme et au repli sur ses intérêts personnels, probablement liée pour A. de Tocqueville à la nature du régime politique. Les individus ne se sentent pas concernés par la nation, qui est en pourtant un travail de construction qui nécessite l'implication personnelle et les sacrifices de chacun, "l'abdication de l'individu au profit d'une communauté" selon E. Renan (...)
[...] Plus concrètement, le droit accepte l'idée de refus individuel de continuer à appartenir à une nation, et le droit pour un individu de répudier sa nationalité est garanti dans la Déclaration Universelle des Droits de l'homme. La nation ne serait donc qu'un concept temporaire, qui n'existe que tant que les hommes y croient. La nation est fondée sur le partage d'un intérêt commun > La nation, originellement construite autour d'un intérêt commun, peut s'éroder s'il n'existe pas ou plus de réelle conscience morale. On observe dans nos sociétés démocratiques actuelles une tendance grandissante à l'individualisme et au repli sur ses intérêts personnels, probablement liée pour A. de Tocqueville à la nature du régime politique. [...]
[...] Il suffit de voir à quel point les matchs sportifs importants rassemblent, et comment à travers les cris de On a gagné ! c'est notre nation et l'image qui en est donnée à l'étranger que l'on célèbre. Le film Invictus, réalisé par Clint Eastwood en 2009, a montré en quoi le (difficile) rassemblement de l'Afrique du Sud autour de son équipe nationale de rugby a contribué à construire la nation après l'Apartheid, sous l'égide de son Président Nelson Mandela. Du fait de ses fondements et plus particulièrement de l'évolution des comportements humains, le modèle national peut, théoriquement, être amené à disparaître. [...]
[...] II) La nation, un modèle qui a du mal à s'adapter aux enjeux actuels ? De nouvelles menaces qui divisent la communauté et menacent son unité > La nation doit désormais faire face à de nouvelles menaces qui divisent la communauté et menaçent son unité. Le progrès historique peut paradoxalement apparaître dangereux pour la nation :il entretient certes le culte de la mémoire commune, mais ravive également des éléments historiques ou religieux de division. C'est ainsi que pour E. Renan, l'oubli, et [je dirai] même l'erreur historique, sont un facteur essentiel de la création d'une nation Selon lui, il s'agirait pour la nation française d'oublier la Saint Barthélémy, épisode douloureux de son histoire qui rappelle à quel point l'unité est fragile. [...]
[...] > L'idée de nation, soumise à deux tendances inséparables, est amenée à évoluer. L'abaissement de ces frontières due à la mondialisation, que ce soit dans le domaine politique, économique, culturel ou de l'information, fait que certains parlent déjà d'un Etat-monde à venir. Ce processus remet en cause le modèle de l'Etat-nation sur lequel est basée l'organisation internationale actuelle. Celui-çi est fondé sur une interaction de la nation et de l'Etat, la première, détentrice de la souveraineté, légitimant l'action du second, tandis que l'Etat garantit l'indépendance de la nation dans la durée. [...]
[...] Pourtant, l'identité européenne ne parvient pas à s'affirmer, du fait probablement d'une incapacité pour les nations de renoncer à leur identité propre au profit d'un véritable sentiment d'appartenance européen. Il semblerait que l'Europe ne parvienne pas à dépasser son état actuel, c'est-à-dire une juxtaposition de groupements linguistiques, ethniques, historiques. D'un point de vue conceptuel, la nation n'est donc pas, contrairement à l'approche historiciste, quelque chose d'éternel. Modèle d'intégration devenu commun, il semblerait qu'elle ne soit pas vouée à disparaître, du moins pour le moment, mais plutôt à se relativiser sans cesse et s'assouplir pour mieux s'adapter au contexte actuel. [...]
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