Les mythes nationaux

Résumé du document

Le terme mythe recouvre plusieurs réalités, il peut désigner un récit fabuleux, de tradition orale, qui se donne pour but d'expliciter l'origine du monde ou la signification de certaines pratiques sociales, il peut également se référer à une croyance erronée ou déformée, ou encore à une représentation collective communément admise au sein d'un groupe. C'est cette dernière définition qui correspond le mieux aux objets complexes que sont les mythes nationaux. En effet, qu'elles prennent la forme d'un récit épique ou celle de la sur valorisation d'une période ou d'un personnage historique, pour accéder aux statuts de mythe national, ces représentations doivent s'imposer dans l'imaginaire collectif jusqu'à y jouer un rôle structurant.

Dans cette perspective on peut inscrire les mythes nationaux dans la filiation du concept platonicien de mythe de l'autochtonie. Comme le souligne Pierre Hassner dans la Violence et la Paix, dans la République Platon soutient que dans l'optique de préserver l'unité et l'harmonie sociale, la cité doit entretenir le noble mensonge du mythe de l'autochtonie, qui postule une différence de nature entre ses citoyens et les autres hommes, ou barbares.

Les mythes nationaux seront eux massivement convoqués dans le cadre d'entreprise de construction ou de consolidation nationales au cours du 19éme siècle ainsi que par les grandes idéologies du 20éme siècle avec ce même objectif de production de cohésion et de solidarité internes et les mêmes risques de conflictualisation des rapports avec l'extérieur.

Extraits

[...] En tant qu'élément idéel primordial de la composition d'une communauté politique les mythes nationaux constituent donc un objet d'étude de premier choix pour l'approche constructiviste. C'est à travers l'étude des mythes de la politique étrangère canadienne que Justin Massie et Stéphanie Roussel, tous deux politologues à l'université de Montréal, rendent compte des mythes nationaux dans une perspective constructiviste. Ils précisent dans un premier temps que la rectification des mythes est rendue quasiment impossible par leurs caractères intersubjectifs, qui seul rend compte de leurs existences et de leurs fonctions. [...]

[...] Les mythes nationaux Origines C'est dans les processus de construction nationale européens du 19éme siècle que les mythes nationaux acquièrent leurs importances symboliques. Ces entreprises de formation identitaire ont consisté, selon Anne-Marie Thiesse historienne et directrice de recherche au CNRS, à déterminer le patrimoine de chaque nation et à en diffuser le culte. Il s'agissait donc de chercher ou de construire des représentations ou objets qui rendent compte du passé lointain et glorieux de la nation et qui symbolisent la cohésion nationale. [...]

[...] Les Mythes Nationaux Les mythes nationaux Origines Approche théorique II] Idéologies et mythes nationaux Les régimes totalitaires Le cas américain Bibliographie: - Benedict Anderson L'imaginaire national, Paris, La Découverte. - Anne-Marie Thiesse La création des identités nationales, Points Histoire. - Dario Battistella Théorie des relations internationales, Paris, Presses de sciences-po - Jordan Stancil, Dangerous Nation? Les mythes fondateurs et leurs réinterprétation néo-conservatrice in Pierre Melandri, Serge Ricard Les états-unis entre uni- et multilatéralisme, Paris, L'harmattan, pp.205-214. - Iveta Todorova, Langue et esprit national : mythe, folklore, identité Ethnologie française 2001/2 (Vol. 31). [...]

[...] Ce sont donc des objets politiques à manipuler avec beaucoup de vigilance. [...]

[...] La propagande et le culte de la personnalité de ces régimes sont dans la référence constante aux mythes nationaux. Ainsi, les leaders des régimes totalitaires s'inscrivent dans la lignée d'ancêtres prestigieux. Staline se réclame de Marx et Mussolini des empereurs romains ou des condottieres, ils se mettent en scène comme véritable héros populaire et sont à leur tour quasi divinisés. La propagande officielle fait-elle appel aux mythes nationaux dans le but de renforcer la cohésion du régime et de l'unir contre un ennemi, intérieur ou extérieur, mais aussi afin d'exalter les vertus nationales qui doivent être celles de l'homme nouveau que les états totalitaires aspirent tous à créer. [...]