Mitterrand est élu, le PS obtient la majorité absolue à l'assemblée nationale (37,7%). Ce n'est pas la première fois que le PS « exerce » le pouvoir, mais c'est la première fois qu'il le « conquiert » selon l'expression de Léon Blum. L'accession du PS au gouvernement constitue un tournant dans son histoire. Ce tournant a des effets non seulement sur son idéologie, mais aussi sur sa structure même, organisationnelle et sociale.
[...] Le PS ayant réussi dès les années 1970 une percée remarquable dans les promotions de l'ENA (donc dans la haute administration), cette progression s'est concrétisé dans les années 1980 et surtout 1990, comme l'illustrent les ministres et membres de cabinet des gouvernements socialistes: Lionel Jospin, Michel Rocard, Laurent Fabius ont ouvert la voie à Martine Aubry, Guigou, Ségolène Royal et à tous les énarques des gouvernements socialistes de 1981-1986, 1988-1993 et 1997-2000, mettant ainsi en cause la domination des professions intellectuelles traditionnelles (des enseignants pour l'essentiel). électorat socialiste - L'électorat socialiste a deux caractéristiques essentielles. D'une part son interclassisme, qui lui fait rassembler les différents milieux du salariat. De l'autre sa fragilité, qui peut entraîner des effondrements conjoncturels suivant le type d'élection ou de campagne. [...]
[...] - Une fonction de direction dans le parti n'attire qu'à titre provisoire, comme tremplin vers des fonctions ministérielles ou des candidatures élyséennes. Cela explique que les vocations partisanes aient été rares en 1981 et que le parti n'ait pas formé en son sein de nouveaux cadres dirigeants durant la présidence Mitterrand. le parti du président - Au lendemain de la double victoire de 1981, la tendance présidentialiste du PS enclenchée dans les années 70 connaît son aboutissement logique. Le PS subit, comme les autres formations dont le leader était devenu avant lui président de la République, une mutation qui réduit une grande partie de ses fonctions traditionnelles. [...]
[...] Si le PS séduit une grande partie des ouvriers, employés et cadres moyens, son influence s'est accentuée chez les cadres supérieurs, mais cet élargissement d'influence a subi d'importantes variations depuis 1973. De 1973 à 1981, sa progression électorale a été surtout marquée dans deux catégories: les nouvelles classes moyennes salariées, qui ont renforcéé l'électorat traditionnel de la SFIO chez les enseignants et les fonctionnaires, d'une part, le monde ouvrier (où il rattrape le PCF en 1978) de l'autre. - fragilité: Les résultats en dents de scie des trentres dernières années, au cours desquelles le PS a varié de 14% à 38% des suffrages, montrent que la capacité d'attraction électorale des socialistes est fortement tributaire de la conjoncture politique et de l'enjeu plus que du mode de scrutin: aux élections intermédiaires, qui se déroulent à la proportionnelle (régionales, européennes), le PS peut payer, faute d'enjeu, un lourd tribut aux écologistes (régionales de 1992) ou au centre gauche (Bernard Tapie aux européennes de 1994), mais aussi bénéficier d'un vote-sanction s'il est dans l'opposition (régionales et européennes de 2004). [...]
[...] Le ralliement à la social-démocratie peut donc être officiellement proclamé tout comme la révision doctrinale. Ce choix réformiste se traduit logiquement par l'abandon de la lutte des classes (ce que souhaitait Blum dès 1946), d'abord en remplaçant la centralité ouvrière par un appel à l'intégralité du salariat, ensuite en substituant au conflit la méthode démocratique du compromis pour réguler les conflits qui sont normaux dans une société interactive, ouverte, pluraliste Le projet encore peu élaboré, est ramené à l'humanisme éthique à l'humanisme républicain sur le plan éthique, et , sur le plan économique, à l'économie mixte prônée dès 1983 par Mitterrand. [...]
[...] Même ceux qui doivent leur ascension aux faveurs du premier secrétaire connaissent, à un moment donné, l'épreuve de vérité dans le parti. - Après 1981, la gestion de l'Etat bouleverse ce processus. Le déclin rapide du militantisme et du débat idéologique, l'importance croissante de mesure extra-partisans de la popularité (sondages d'opinion de type baromètre accès aux médias) qui rejaillissent sur le parti, le développement de réseaux clientélaires institutionnels créent un nouveau profil de leader, où l'homme de parti s'efface derrière le décideur public, même si ce dernier doit passer par l'inévitable onction partisane. [...]
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