La question est bien celle d'une reconnaissance constitutionnelle des différents groupes culturels, mais on se heurte ici, justement, à un antagonisme entre reconnaissance institutionnelle du multiculturalisme et libéralisme, car le libéralisme implique le respect des mêmes libertés individuelles pour tous et non des droits spécifiques pour certains en tant que communauté. Il s'agit là d'un défi de la démocratie française. Si l'idée de donner des droits spécifiques aux individus de tel groupe communautaire entre en contradiction avec l'essence même de l'Etat libéral, il n'en demeure pas moins que la reconnaissance des cultures minoritaires devient un besoin indéniable qui réclame que s'établisse un consensus entre libéraux et partisans du communautarisme
[...] Il dénature des identités culturelles traditionnelles qui ne peuvent s'accommoder de la forme juridique individualiste et étroite qu'il prend. Il imposerait donc de facto un modèle de vie et ne respecterait pas certaines cultures en s'appuyant sur un modèle individualiste. Le multiculturalisme engendre donc des débats passionnés, mais peu porteurs de solutions. Un consensus, un accord apparaît nécessaire entre ces deux visions totalement différentes de l'état libéral. Or certains libéraux, à l'exemple de Kymlincka, on découvert de voies de consensus. II. [...]
[...] Il est pourtant impensable de faire de la France un état multinational. La question est donc bien celle d'une reconnaissance constitutionnelle des différents groupes culturels, mais on se heurte ici, justement, à un antagonisme entre reconnaissance institutionnelle du multiculturalisme et libéralisme, car le libéralisme implique le respect des mêmes libertés individuelles pour tous et non des droits spécifiques pour certains en tant que communauté. Il s'agit là d'un défi de la démocratie française. Si l'idée de donner des droits spécifiques aux individus de tel groupe communautaire entre en contradiction avec l'essence même de l'Etat libéral, il n'en demeure pas moins que la reconnaissance des cultures minoritaires devient un besoin indéniable qui réclame que s'établisse un consensus entre libéraux et partisans du communautarisme. [...]
[...] Reconnaissance du multiculturalisme et état libéral : une contradiction Il semble impossible, de premier abord, de reconnaître de manière constitutionnelles des identités minoritaires, puisque l'Etat est neutre face à sa population. Il garantit les droits individuels de chacun mais en aucun cas il ne peut favoriser une collectivité aux dépends du bien commun. En ce sens une reconnaissance des minorités serait inutile, car tous sont considérés comme faisant chacun partie intégrante de la volonté générale. C'est sans compter que l'Etat est démocratique et donc représentatif, qu'il représente forcément la majorité et perd en cela sa neutralité. [...]
[...] Certains problèmes identitaires peuvent être traités par l'Etat en France, comme l'a montré la tentative récente de loi sur le statut de la Corse, mais la constitution ne reconnaît pas les particularismes culturels collectifs. Le Conseil Constitutionnel a jugé inconstitutionnelle la référence à un "peuple corse", celle-ci portant atteinte à l'unité et à l'indivisibilité de la République. Or cela pose quelques problèmes. Dans les faits les revendications des différentes minorités pour des droits collectifs spécifiques se font de plus en plus entendre. La France doit-elle conserver sa rigidité constitutionnelle ? Il s'agit pourtant d'un état libéral, c'est à dire d'un état qui garantit droits et libertés à sa population. [...]
[...] Kymlicka appelle le "libre-marché culturel", même pour soutenir une identité culturelle menacée. Un telle intervention ne manquerait pas en effet de favoriser certaines formes de vie et d'en défavoriser d'autres. L'Etat libéral doit tout au plus reconnaître aux individus des droits culturels (le droit de parler une langue minoritaire par ex.) et leur assurer les ressources nécessaires pour les exercer (un système éducatif qui dispense l'apprentissage de cette langue, par exemple). Pour le reste, il faut faire confiance au libre jeu du marché culturel, qui, comme le montre l'exemple des sociétés modernes, engendre une pluralité socioculturelle effective. [...]
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