Le passage d'un Etat dit traditionnel à un Etat moderne s'explique par un ensemble de variables et une diversité d'accès. Quelques-unes sont déterminantes et constantes dans chaque trajectoire spécifique. Derrière ces processus différenciés quoique similaires sur certains points se cache une même finalité : la rationalité des appareils étatiques. Cette recherche de rationalité n'est pas nouvelle, elle s'articule en lien avec l'émergence de l'Etat et du capitalisme. Tout d'abord, il faut rappeler que dans le domaine philosophique, la modernité pose comme finalité « d'imposer la raison comme norme transcendantale à la société. » Avant d'expliquer les variables déterminantes expliquant l'accès à la modernité, il nous faut distinguer les caractéristiques d'un Etat traditionnel et d'un Etat moderne. Si l'on reprend une définition du sociologue Michel Freitag , on peut définir la tradition comme un mode de régulation de la reproduction sociale basé sur des dimensions culturelles et symboliques. A contrario, la modernité s'apparente à une reproduction de la société basée sur la dimension politique et institutionnelle de ses mécanismes de régulation. De l'Etat traditionnel à l'Etat moderne s'applique une transformation temporelle de la légitimité. Le passé, pierre angulaire du premier Etat, est remplacé par l'avenir pour le second. Ainsi, celui-ci vise à répondre aux insuffisances de l'Etat traditionnel à travers un processus d'émancipation des traditions, des idéaux et des doctrines rigidifiant l'ordre social. L'idéal de modernité théorisé par les philosophes des Lumières a pour finalité de placer la raison comme unique source de légitimité de la domination politique.
[...] Ainsi, celle-ci tend à rendre les relations sociales plus impersonnelles et instrumentales. Le capitalisme est réellement un vecteur déterminant d'accès à la modernité puisque de lui va éclore tout un ensemble de variables secondaires comme la bureaucratie, et à un degré moindre la démocratie. Cette accession à la modernité est le fruit d'une époque passée, aujourd'hui, l'universalisation du capitalisme n'a pas entraîné la modernisation de l'Etat nation. L'exemple de la Chine symbolise bien cette idée qu'une économie de marché n'entraîne pas automatiquement une démocratisation de la société et donc une modernisation de son Etat. [...]
[...] Habermas montre très bien l'ambiguïté de cette modernité. Il fait une distinction entre la raison instrumentale qui est un simple moyen d'accéder à et la raison au sens d'instrument de compréhension. Pour l'auteur de l'Espace public, l'enjeu de ce siècle est de défendre la seconde raison au détriment de la première, nuisible pour le devenir de l'humanité. Cette présentation abrégée de la modernité, de ses limites et de ses enjeux, va nous servir dans un second temps à mettre en lumière les variables déterminantes d'accès à la modernité. [...]
[...] Quels sont les moyens d'accès à la modernité ? Dans la conférence d'Éric Pinault et de Frédéric Guillaume Dufour, on soulève la question de la pluralité des modernités. C'est-à-dire que si l'on prend chaque pays isolément, on observe qu'il a suivi un chemin particulier pour s'intégrer au marché mondial et développer son État. Selon vous, quels sont les processus les plus importants dans la transition vers la modernité (capitalisme, réforme religieuse, l'État bureaucratique, démocratisation, nationalisme, socialisme, féminisme, décolonisation, etc.) ? [...]
[...] Ainsi, celui-ci vise à répondre aux insuffisances de l'Etat traditionnel à travers un processus d'émancipation des traditions, des idéaux et des doctrines rigidifiant l'ordre social. L'idéal de modernité théorisé par les philosophes des Lumières a pour finalité de placer la raison comme unique source de légitimité de la domination politique. L'Ecole de Francfort a repris les thématiques de la raison soulevées par les Lumières. Ses disciples montrèrent que la modernité au 20ème siècle est en crise puisque son projet initial d'émancipation sociale n'a pas atteint ses objectifs. [...]
[...] Le capitalisme fut un critère de modernité, et les réformes religieuses apparaissent comme incontournables aujourd'hui pour les pays en marge du système mondial modernisé. Derrière ces variables se cachent en réalité un enjeu bien plus important : qu'est-ce que la modernité aujourd'hui ? Est-ce la même qu'au temps de ses théoriciens ? Pourquoi représentons-nous la modernité comme unique et occidentale ? Ne pourrait-il pas exister plusieurs modernités ? Cet ethnocentrisme occidental relève bien que nous ne sommes pas encore arrivés à cet idéal de modernité. [...]
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