« La réforme, oui ; la chienlit, non. » C'est ce qu'aurait dit le général de Gaulle, alors Président de la République, lors d'un Conseil des ministres en mai 68. La chienlit, le désordre, l'agitation, en opposition avec la réforme, l'ordre et la mesure. La contestation et l'institution ; les manifestants contre De Gaulle ; l'extrême gauche face à la Ve République ?
Que sont donc ces dernières deux notions ? La Ve République semble relativement aisée à définir ; c'est le régime constitutionnel en place en France depuis 1958. Il s'agit d'un régime « semi-présidentiel », dans le sens où l'exécutif est bicéphale, composé d'un premier ministre responsable devant le Parlement et d'un Président de la République élu au suffrage universel direct. On constate que, dans la pratique politique de ce régime, hors cohabitation le pouvoir de décision réside plutôt dans les mains du Président de la République (avec bien sûr toute une série de contre-pouvoirs).
Mais l'extrême gauche est un concept beaucoup plus complexe car il ne désigne pas une entité unique. L'extrême gauche est, comme son nom l'indique, un courant politique situé totalement à gauche de l'échiquier politique. Ce courant se considère lui-même comme étant une alternative à la social-démocratie réformiste du Parti socialiste (acquis à l'évolution du capitalisme), et à la mouvance stalinienne et centralisatrice du Parti communiste. Mais c'est un courant aux visages multiples, aux contradictions internes fortes. Il est fractionné, changeant. Son histoire sous la Ve République le montre bien. Il vaudrait donc mieux parler au pluriel de tous les partis, de tous les mouvements d'extrême gauche. Quels sont leurs rapports au régime en place, la Ve République ?
[...] Cette théorie est notamment celle retenue par l'anarchisme, et c'est l'anarchisme qui, au début de la Ve République, va incarner la renaissance de l'extrême gauche en France. Différents évènements vont marquer cet essor des mouvements à la gauche du PC : tout d'abord, la fondation de la Fédération anarchiste, tout de suite après la Seconde Guerre mondiale. Le courant anarchiste s'amplifiera en 1967 lorsqu'une partie du PCF quitte le parti pour fonder l'Organisation révolutionnaire anarchiste (ORA). Parallèlement à cela, juste avant l'avènement de la Ve, en 1957, l'Internationale situationniste est créée avec pour but autoproclamé d'être un unique détonateur de révolution Elle trouvera son public parmi les étudiants de Nanterre et de Strasbourg notamment. [...]
[...] Le PSU se distingue nettement des mouvements plus radicaux d'extrême gauche n'ayant aucune prétention gouvernementale. Bien qu'il soit à l'extrême gauche, ce parti peut être considéré comme le mouvement le moins à gauche de cet ensemble. Le PSU n'en reste pas moins une force d'opposition, et les trois motifs fondamentaux de sa naissance le montrent : tout d'abord, il s'agit de la nécessité de se démarquer de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO), qui s'est alliée au coup d'État gaulliste Mais il lui faut également se démarquer du PCF, devenu trop consensuel, comme on le verra plus en détail. [...]
[...] Là aussi, il refuse clairement l'appellation de parti et montre ainsi son opposition au PCF. De manière générale, ces groupes de gauche, dissidents à la fois vis- à-vis du régime et du Parti communiste, refusent toute logique d'intégration au système politique français, et accusent le PCF de s'être perverti à force de rejeter les thèses radicales et de s'allier avec une gauche non communiste, de gouvernement et de consensus. L'affirmation d'une mouvance trotskiste dans les années 1960 Avant d'aborder le mouvement trotskiste, intéressons-nous à ses sources : le trotskisme est en fait né en 1938, durant la IVe Internationale, fondée par Léon Trotsky. [...]
[...] On a donc vu que les années 1960 étaient une période clé dans la naissance et l'expansion de l'extrême gauche sous la Ve République. C'est également à ce moment, et de manière très nette que les tendances radicales se multiplient. Cependant, il faut se replacer correctement dans le contexte sans surévaluer des mouvements qui restent le plus souvent au stade de groupuscules et qui ne touchent donc qu'une très faible partie de la population française. Par exemple, les adhérents de certains groupes comme la JCR se comptent par milliers, voire parfois par centaines seulement. [...]
[...] Bibliographie Pour la partie I AGRIKOLIANSKY Eric, Les partis politiques en France, Armand Colin COSSERON Serge, Dictionnaire de l'extrême gauche, A présent REYNIÉ Dominique, L'extrême gauche, moribonde ou renaissante Quadrige LE GOFF Jean-Pierre, mai 68, l'héritage impossible, Cahiers libres MAVIS Gallant, Chroniques de mai 68, Rivages Poche REY Henri et CAPDEVIELLE Jacques, Dictionnaire de mai 68, Larousse SOMMIER Isabelle, La violence politique et son deuil : l'après 68 en France et en Italie, Collection Res Publica Pour la partie II COSSERON Serge, Dictionnaire de l'extrême gauche, Larousse LÉVÈQUE Pierre, Histoire des forces politiques en France de 1940 à nos jours, tome Paris, Armand Colin PINA Christine, L'extrême gauche en Europe, Paris, La documentation française RAYNAUD Philippe, L'extrême gauche plurielle, entre démocratie radicale et révolution, Paris, Autrement REYNIÉ Dominique (sous la dir.), L'extrême gauche, moribonde ou renaissante Vendôme, PUF YSMAL Colette, Les partis politiques sous la Ve République, Montchrétien Pour la partie III BRECHON Pierre, Les partis politiques français, La documentation française. COSSERON Serge, Dictionnaire de l'extrême gauche, Larousse. PINA Christine, L'extrême gauche en Europe, La documentation française. [...]
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