Les mouvements d'extrême droite en Russie ne sont pas un phénomène récent. En effet, au début du XXe siècle, la Russie comptait nombre de ces mouvements xénophobes et antisémites à l'instar des Centuries noires à l'origine de plus de sept cents pogroms antijuifs entre 1905 et 1906 (ayant engendré des centaines de morts et des milliers de blessés), mais aussi de plusieurs assassinats de personnalités politiques. Il s'agissait là des premiers mouvements organisés, soutenus par la population mais bénéficiant également d'une certaine forme de complaisance de la part des autorités policières et politiques. D'autres mouvements suivirent comme les cercles issus de l'émigration russe à l'étranger ou encore le mouvement Pamiat fondé en 1982 et radicalement antisémite.
Cependant ces dernières années, la société russe ne peut faire que le constat de l'aggravation de la xénophobie et des attaques racistes notamment au sein de la jeunesse reprenant et enrichissant les idéologies extrémistes du début du siècle précédent. Tandis que les discours nationalistes se radicalisent, le phénomène de la militarisation s'amplifie chez les mouvements extrémistes.
Ainsi Le Courrier des pays de l'Est de mars-avril 2007 rapporte que le 16 décembre 2006, a été retrouvé le corps d'un Kirghize poignardé une cinquantaine de fois dans le centre même de Moscou. En réalité, il n'est que l'une des cinquante-quatre victimes d'attaques racistes commises en Russie en 2006. Ainsi, durant les premiers jours de 2007, deux Azerbaïdjanais, deux Géorgiens, un Abkhaze et un Arménien ont été assassinés avec violence dans plusieurs quartiers de la capitale tandis qu'un militant antifasciste était violemment battu à St Petersburg. Bien que cette situation inquiète la société russe puisque 70% de la population russe estime que la « menace fasciste » est bien réelle en Russie, en réalité peu de mesures concrètes sont prises afin d'enrayer cette violence et même lorsque les coupables sont arrêtés, les sentences se révèlent être peu sévères. Chaque jour sont commis des actes de racisme à l'égard des minorités, souvent désemparées face à cette flambée de violence.
Il convient donc de se demander tout d'abord d'où provient cette radicalisation de la violence notamment chez les jeunes russes. Mais aussi le rôle joué par les partis politiques dans l'instrumentalisation de la jeunesse russe d'extrême-droite et la position de l'Etat à l'égard de cette aggravation des attaques xénophobes ?
[...] Il semblerait que leur apparition soit en partie liée à la crise de 1993 entre Boris Eltsine et le Parlement. En effet à cette époque, le Président et son gouvernement multiplient les allusions racistes. Pour plusieurs observateurs, l'atmosphère électrique régnant autour du Parlement aurait exalté les jeunes et fait croire en la possibilité d'une prise de pouvoir par la rue. Ainsi tendue que la situation d'urgence est décrétée en Russie, le maire de Moscou encourage fortement à la xénophobie notamment contre les Caucasiens. [...]
[...] A l'origine le mouvement était composé de 9000 membres, il semblerait que le chiffre actuel soit de On compte une soixantaine de sections locales et le PNB s'est également exporté en Biélorussie, au Kirghizstan, en Lituanie mais aussi en Ukraine. A l'origine, est prônée l'idéologie douguinienne de révolution conservatrice Selon Douguine, la géopolitique doit être au service de l'Etat ce qui découle sur une conception impériale de la Russie, sa place à la fois en Europe et en Asie et la protection de ses intérêts au-delà de ses frontières. Il est aujourd'hui président de la section géopolitique de la commission de la sécurité nationale de la Douma. Les jeunes se retrouvent tout particulièrement dans son journal Limonka. [...]
[...] Il est également important de noter que la réhabilitation du nationalisme radical est également à l'origine de la naissance des skinheads. En effet, avec le retour de la liberté d'expression et la facilité des moyens d'édition, plusieurs auteurs ultra- réactionnaires et ouvertement antisémites sont remis au goût du jour. Les données sociologiques demeurent peu importantes sur le sujet. La première vague de skinheads était majoritairement composée de jeunes entre 13 et 19 ans issus des familles pauvres. Mais la situation a changé depuis puisque nombre de skinheads sont désormais issus des classes moyennes qui se sont enrichies grâce au commerce et voient les étrangers comme des concurrents commerciaux. [...]
[...] La RNE (créée en 1990), formée en étroite collaboration avec le PNB mais beaucoup plus antisémite est quant à elle l'organisation nationale patriotique la plus importante en Russie que ce soit en terme de nombre de membres qu'en popularité. Son fondateur est Alexandre Barkachov, un ancien membre de Pamiat. L'idéologie s'articule autour de trois piliers : l'anti- américanisme, l'antisémitisme et la défense de l'Eglise orthodoxe. Cette organisation se veut puissante, disciplinée et militarisée mais avant tout de masse grâce à des discours compréhensibles par le plus grand nombre et donc fédérateurs au sein de la jeunesse. Le salut se fait en levant le bras droit tendu. [...]
[...] Ainsi selon Le Courrier des pays de l'Est de mars - avril 2007 des actions de nettoyage sont menées, il existe d'ailleurs des vidéos sur les sites des skinheads prodiguant des conseils je cite sur le choix de ses armes blanches, sur la création cocktails Molotov, quelle attitude adopter au cas où un travailleur immigré tombe accidentellement dans du béton venant d'être coulé, comment cuisiner les restes d'un Noir sans tomber malade Tandis que d'autres sites quant à eux donnent des conseils sur les législations d'armes à feu et sur quoi faire en cas d'arrestation. On ne peut donc nier que derrière tout cela, existe bel et bien une véritable intention de tuer. Il ne s'agit pas simplement de faire peur. La xénophobie est particulièrement forte à l'égard des Asiatiques, le péril jaune ainsi en 2006, un marché moscovite tenu par ces derniers a été la cible d'une bombe artisanale provoquant la mort de 11 personnes. De même à l'université d'Etat de Moscou et à l'Université de l'amitié des peuples la même année. [...]
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