Le mouvement altermondialiste naît dans les consciences publiques en 1999 avec les événements de Seattle où la réunion de l'Organisation Mondiale du Commerce est perturbée par les manifestations et les protestations de militants défiant une mondialisation néo-libérale triomphante. Se dégageait à l'époque de la confusion des événements et de la multiplicité des opinions le sentiment d'une rupture, d'un défi à l'ordre mondial en train de se mettre en place depuis la chute du bloc soviétique. C'était un challenge à la fin de l'histoire théorisée par Fukuyama : contre la victoire finale du capitalisme et de la démocratie libérale se dressaient des alternatives, porteuses d'un monde nouveau selon leurs partisans.
Les mouvements altermondialistes peuvent-ils réellement devenir les agents de l'émancipation et du renouveau qu'ils prétendent être ?
[...] Enfin, le déficit le plus important à combler est celui de popularité : alors que les professions intermédiaires et supérieures sont surreprésentées, les catégories les plus menacées par la mondialisation (ouvriers et individus les moins éduqués) sont méfiantes face à la mouvance et se réfugient surtout dans les populismes d'extrême droite. Les mouvements altermondialistes se veulent les mouvements d'émancipation adaptés à l'ère de la mondialisation, résistance à la crise de la gauche et au choc de la globalisation, explication de phénomènes complexes et critique de leurs acteurs. Pourtant, plus que vers une nouvelle mondialisation, ces mouvements paraissent plutôt destinés à corriger la mondialisation néo-libérale par leurs critiques, la purgeant de ses excès, la sauvant au lieu de l'abattre. [...]
[...] Les modes d'action : comment changer la société ? Les mouvements altermondialistes s'inscrivent dans un cadre post-soviétique et le communisme leur sert de contre-modèle : ils ne cherchent pas la conquête du pouvoir et refusent les liens avec les partis politiques. Face à l'impossible révolution prolétarienne et par renoncement au pouvoir, les altermondialistes ont défini deux méthodes pour gagner le monde à leurs idées et faire triompher leur projet. La première méthode s'inspire de l'école anarchiste et de Fourier : il s'agit de faire tache d'huile en créant des phalanstères altermondialistes, de construire des espaces alternatifs et autonomes où ils appliquent leurs projets. [...]
[...] Tous se disent altermondialistes, et en affinant, on peut distinguer 4 catégories de mouvement. On trouve d'abord les groupes radicaux (des activistes antiglobalisation et anticapitalisme, qui agissent par désobéissance civile ou avec violence), comme l'Action mondiale des peuples et l'Animal Liberation Front. Agissent ensuite des mouvements sociaux (des organisations défendant les intérêts de populations spécifiques remis en cause par la mondialisation libérale, agissant par des actions spectaculaires les distinguant des syndicats traditionnels), comme la Confédération paysanne, le DAL ou Act Up. [...]
[...] Conséquences de la diversité des mouvements, différentes alternatives et projets de société s'expriment au sein du mouvement altermondialiste. D'abord, l'approche réformiste (organiser la mondialisation sur la base de valeurs communes et de justice sociale avec une nouvelle réglementation qui maintient les avantages du capitalisme tout en corrigeant ses excès), portée par les organisations de solidarité religieuse ou des droits de l'homme. Puis, les partisans de la régulation (pour un keynésianisme de masse : redonner sa place à la régulation pour désarmer les marchés et redistribuer les ressources). [...]
[...] III) Les mouvements altermondialistes : une lutte efficace ? Contradiction des mouvements altermondialistes Ce qui fait la fierté des mouvements altermondialistes fait aussi leur faiblesse : l'absence d'une autorité centrale, qui s'imposerait à l'ensemble des mouvements altermondialistes, assure le respect de toutes les sensibilités et l'élargissement de la base, mais rend aussi impossible la définition d'une ligne claire. Les altermondialistes manquent de ce fait d'unité, avec une division renforcée par les stratégies des mouvements eux- mêmes qui font d'un mouvement global une agglomération de luttes locales, en se concentrant surtout sur un thème et un acteur (la France sur la mondialisation culturelle, le Sud sur les multinationales). [...]
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