La mondialisation fait peur. A l'image d'un déluge, elle semble porter en elle la menace d'une invasion rapide, indifférenciée et simultanée de tous les secteurs, qu'ils soient politique, économique, technologique ou culturel, et n'épargnant aucun recoin du globe. En effet, on s'imagine, à tort ou à raison, qu'elle est un processus inexorable. Qu'y a t-il donc de si effrayant dans ce mouvement de globalisation, également supposé rapprocher les gens par le renforcement des interdépendances entre les différentes unités de la planète? L'exemple de la mondialisation culturelle est fort intéressant car il permet de comprendre les dangers pressentis d'une telle évolution. De nombreux théoriciens des RI ont tenté d'analyser les conséquences de la fin de la
Guerre Froide et de la mondialisation sur la et les cultures. Stanley Hoffman, dans son article sur le «Choc des civilisations » et B. Barber, plus tard dans son article intitulé « Macworld vs. Djihad » insistent sur la position hégémonique de la culture américaine, qui encouragée par les phénomènes de globalisation, entraîne progressivement une forme d'homogénéisation culturelle à travers la planète, ainsi que des replis identitaires au sein des civilisations décrites comme non occidentales. L'universitaire A. Appadurai montre, lui, que la mondialisation entraîne des mouvements de réinvention culturelle opposés à cette uniformisation venue de la première puissance mondiale . Enfin le directeur général de l'UNESCO, Koïchiro Matsuura, dans la préface du rapport sur la culture 2000, indique que « l'identité et l'expression culturelles sont mises à l'épreuve de bien des manières par les processus de mondialisation ».
L'étude de l'industrie cinématographique est particulièrement éclairante car le cinéma symbolise, pour la majeure partie des gens, LE domaine culturel dominé par les Etats-Unis, fer de lance d'un libéralisme économique globalisé qui est reflété et dans la gestion de l'industrie de son cinéma, et dans les valeurs que cette industrie véhicule ou est supposée véhiculée. Certains films hollywoodiens offrent d'ailleurs de parfaites mises en abime de ce que doit représenter le cinéma américain pour les américains. Ainsi, dans Le Jour D'Après, comme dans maintes productions du genre, c'est à un citoyen « made in US » que revient la lourde tache de sauver la planète entière d'un fléau ( ici une tempête apocalyptique provoquée par les effets destructeurs du réchauffement de la planète, eux même induits par la mondialisation, encore une fois) susceptible d'anéantir l'humanité. Ainsi, pour beaucoup, l'Amérique est- elle perçue comme une sorte d'avatar de Dionysos, force créatrice et destructrice capable à la fois de sauver et de mettre en danger l'humanité toute entière.
Cependant, il ne faut pas oublier qu'Hollywood est avant tout une fabrique à rêves et le sien est bien de conquérir le monde mais qu'en est-il de la réalité ?
« Jusqu'à quel point Hollywood domine-t-il le cinéma et quel est le futur de l'exception culturelle ? »
Quels sont les effets réels de la mondialisation sur l'industrie cinématographique ?
La mondialisation va-t-elle consolider l'hégémonie du cinéma américain et contribuer ainsi à faire disparaître peu à peu les autres industries cinématographiques dans le monde ou bien va-t-elle
permettre l'existence d'une diversité culturelle, créant ainsi un contrepoids à la domination d'Hollywood en multipliant les centres de création cinématographique ?
Dans une première partie nous nous intéresserons à la situation des industries du cinéma à l'heure actuelle en nous penchant sur les raisons de la prépondérance du cinéma américain.
Dans une deuxième partie nous insisterons sur les paradoxes de la mondialisation et ses conséquences sur le futur de l'industrie du cinéma.
[...] Dans l'industrie du cinéma, le moteur est le profit, c'est pourquoi il existe une attraction pour des systèmes de distribution et de diffusion numérique. Il existe même des compagnies comme NovoCiné qui disent vouloir accompagner les exploitants de salles de cinéma dans la transition vers le cinéma numérique et qui proposent des technologies mixtes transitoires. Par exemple, le secteur de lignes RNIS (Réseau numérique à intégration des services) a permis au cinéma d'abandonner ses traditionnelles bobines utilisées pour la projection en salles au profit de la transmission numérique directe de copies numériques. [...]
[...] Le numérique est le fruit de cette mondialisation et c'est lui qui va permettre à de nombreux cinémas indépendants de fleurir. Bibliographie ouvrages Gras, Pierre. L'économie du cinéma. Cahiers du cinéma les petits cahiers SCERENCNDP.2005. Mattelard, Armand. La mondialisation de la communication. Que sais-je ? [...]
[...] l'avenir de l'industrie cinématographique, un domaine préservé ? La mondialisation du cinéma ne date pas d'hier, c'est elle qui lui a donné vie même si certains craignent qu'elle ne la lui reprenne. Il est évident que la mondialisation appliqué au domaine culturel dans sa dimension économique a quelque chose de terrifiant pour ceux qui défendent le cinéma en tant que culture et non en tant qu' industrie. On peut même se dire que, pour l'instant, le cinéma n'a pas vocation au multiculturalisme à cause de l'universalisme made in Hollywood car celui-ci vend un cinéma de compromis, mondialisant qui tente de réunir des traits culturels divers pour trouver un socle commun permettant d'être bien accueilli partout (Aux Etats-Unis il existe des règles qui permettent de taxer les films quand ceux ci sont trop osés, ceux qui sont touchés ne sont pas les films hollywoodiens mais les films indépendants qui dès lors ont du mal à sortir, heureusement certains festivals leur donnent vie Cf. [...]
[...] Au Québec, on compte 20 à 25% de films québécois indépendants car la politique gouvernementale défend les salles de cinéma indépendantes En Italie, le gouvernement laisse les choses se dégrader à cause des crises politiques et il ferme le secteur tout en signant des licences d'importation En France, la première loi d'aide date de 1946/1947 et met en place un système très sophistiqué de subventions ayant pour but d'assainir la profession qui a une mauvaise réputation financière et de soutenir la production nationale. On consolide, raffine et réglemente donc cette organisation fermée qu'est devenu le cinéma français mais qui reste très bien financé par le système télévisuel. [...]
[...] Cela explique en partie pourquoi le cinéma s'est développé à travers le fordisme qui est un mode de régulation capitaliste développé au XXème dans les sociétés industrielles et fondé sur les gains de productivité et qui s'adapte très bien à la consommation de masse. A l'époque Hollywood a un rôle prépondérant dans la promotion, l'intégration et la généralisation de la norme fordiste des pays industrialisés. C'est pourquoi on peut dire que le cinéma est une industrie car ces modes de production et de diffusion sont eux mêmes de types industriel et sont marqués par les développements des technologies. Ainsi, force est de constater que le cinéma est né avec la société industrielle et la télévision est devenue son premier financier et diffuseur-promoteur. [...]
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