« La mondialisation a lieu dans les villes et les villes incarnent et reflètent la mondialisation. Les processus de mondialisation conduisent à des changements dans les villes, lesquelles, à leur tour, recomposent et incarnent la mondialisation. Ainsi, la dynamique urbaine contemporaine est l'expression spatiale de la mondialisation, tandis que les changements urbains refaçonnent et redynamisent la mondialisation » (Short et Kim, p.9, Globalization and the city, 1999). Cette citation illustre à merveille à quel point la ville se trouve au cœur du processus de mondialisation, l'importance qu'elle a dans ce processus. Cela est particulièrement vrai pour ce que l'on appelle les « villes mondiales ». En effet, le démantèlement partiel, ou, du moins, l'affaiblissement du cadre national et le renforcement du phénomène de globalisation qui l'accompagne, font apparaître des conditions favorables à l'émergence de nouvelles échelles spatiales, comme les villes.
Il est particulièrement intéressant, à partir de là, d'étudier les rapports, les relations entre ces villes. Cela permet en effet la plus grande compréhension de l'organisation des rapports entre acteurs de la mondialisation, de manière générale.
[...] En fait, on observe des groupes de villes trans-régionaux. Les villes s'organisent alors par strates, en fonction des services qu'elles offrent à l'échelle mondiale : New York, par exemple, ressemblerait plus à Londres qu'à Boston, Francfort serait plus proche de Tokyo que de Stuttgart, ou encore Paris s'apparenterait bien plus à Milan qu'à Lyon. Cette analyse participe d'une approche hiérarchique en réseau, mais non pas d'une approche régionale. Bien que l'on conserve l'approche de type réseau on stratifie ce réseau de manière hiérarchique, et non régionale. [...]
[...] On peut néanmoins utiliser des terminologies différentes pour les villes plus modestes comme villes en voie de mondialisation (Marcuse et Van Kempen, Globalizing Cities, 2000). Il faut finalement souligner l'absence de définition théorique formelle des villes de taille mondiale, et le fait que les concepts de ville globale ou de mondialisation dans les villes n'expliquent pas la façon dont les villes sont interconnectées. Il y a pour cela deux visions distinctes : la vision hiérarchique, basée sur la domination et s'articulant autour d'une dynamique de concurrence, et la vision de réseau, qui s'intéresse aux interconnexions et met en avant des dynamiques de coopération. [...]
[...] Mais il semble difficile de trouver des données empiriques permettant de justifier ce type de rapports hiérarchiques. Au contraire, il semble nécessaire d'insister sur une autre vision, celle d'un réseau intense. Sassen souligne ainsi, en parlant des centres financiers internationaux, qu'il existe une division des fonctions, donc une complémentarité forte entre New-York, Tokyo et Londres. Pour elle, New-York constituerait une technopole en ce qui concerne les produits financiers, Londres serait la plateforme mondiale d'où sont lancés ces produits, et Tokyo fournirait la matière première (c'est-à-dire l'argent) pour les deux autres villes. [...]
[...] On peut donc se poser la question suivante : comment s'organisent les rapports entre villes au sein du processus de mondialisation ? On axera la réponse autour de deux visions de ces relations, a priori opposées vision hiérarchique et la vision en réseau avant de montrer qu'une synthèse entre les deux est possible. Les recherches effectuées sur les grandes villes et leur rapport à la mondialisation ont été l'objet de croisements disciplinaires. La géographie et l'urbanisme y ont contribué, avec notamment Peter Hall (The World Cities, 1966), et John Friedman (1986). [...]
[...] Les économistes et les sociologues ont ainsi complété la vision de Friedman, en définissant l'importance d'une ville mondiale en fonction de leur place dans la diffusion des services à haute valeur ajoutée, comme l'assurance ou la publicité (Sassen). Ces services ont une dimension particulièrement globale, car ils répondent aux attentes de clients eux-mêmes mondialisés. Londres, New York et Tokyo sont alors les mégalopoles mondiales par excellence. Sassen les classe au sommet d'une structure hiérarchique urbaine de dimension mondiale, rejoignant ainsi Friedman. Mais il faut distinguer un classement des villes globales par ordre d'importance, par exemple en fonction de la taille des marchés financiers, et l'existence de rapports de types hiérarchiques (Taylor, in Services Industry Journal, 1997). [...]
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