Gouvernance mondiale, Seconde Guerre mondiale, mondialisation, États souverains, pouvoir politique, action publique, Léviathan
Le modèle westphalien apparu en 1648 faisait de l'État l'acteur exclusif et indépassable de la scène internationale. Les relations internationales étaient alors dominées par des États souverains nouant des alliances, s'opposant, se combattant, et plus rarement se détruisant. Pendant plusieurs siècles, l'ordre international fut dominé par ce seul acteur qui se retrouve dans une position identique à celle des individus « dans un état de nature » avant l'instauration du « Léviathan ». Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et plus encore depuis la fin de la guerre froide, l'ordre international est devenu plus complexe encore ; la mondialisation de l'économie ainsi que de nombreux enjeux (démographie, environnement, terrorisme…), la montée en puissance du droit international et l'émergence d'un espace public global ont entraîné une mutation quantitative et qualitative des acteurs.
[...] La période suivant la Seconde Guerre mondiale est marquée par le développement lent, mais progressif du droit international dans des domaines traditionnels (paix, relations diplomatiques ) puis plus diversifiés (espace, droits de l'homme notamment). Toutefois cette période, qui va de 1945 jusqu'à la fin de la Guerre Froide, fut marquée par la prépondérance de l'État sur la scène mondiale et les différentes conventions conclues ne concernaient que sa propre logique nationale Les progrès dans les communications et les transports, en particulier depuis les années 90, ont entrainé une augmentation du degré d'interdépendance complexe. [...]
[...] La mondialisation met certes en scène des acteurs nouveaux et de nouvelles combinaisons d'acteurs, mais sans totalement s'extraire des jeux politiques les plus classiques. La scène mondiale reste marquée par un multilatéralisme qui signifie peut-être plus le triomphe du transnational que celui du supranational. La gouvernance (mondiale) est une notion à la mode, qui peut s'avérer très utile pour certains et ayant le mérite de privilégier la réflexion globale plutôt que l'affrontement national. On peut cependant se demander si la gouvernance est un concept opérationnel d'autant plus que sa rhétorique se prête mal à son acceptation universelle. [...]
[...] Il n'est pas étonnant, dès lors, que les discussions soient vives, et que les intérêts viennent à diverger. En premier lieu, les différents gouvernements n'ont pas la même vision de ce que l'on qualifie de biens communs, auxquels ils n'accordent pas non plus le même degré de priorité politique. Un net clivage s'observe à cet égard entre les pays industrialisés et les pays du Sud. La protection de la couche d'ozone, par exemple, apparait comme un objectif lointain et couteux aux dirigeants indiens, par rapport aux préoccupations économiques et industrielles dont dépend une population de plus d'un milliard d'habitants. [...]
[...] Même idée avec la guerre en Irak entre les pays opposés (Russie, Allemagne, France ) et ceux qui ont suivi les États- Unis dans la croisade contre l'Axe du Mal (Grande-Bretagne, Espagne notamment). Les divergences interétatiques persistent donc malgré les efforts de plusieurs organisations pour encourager une gestion consensuelle et responsable des biens communs. Actuellement, les institutions internationales ont de plus en plus de mal à jouer leur rôle de régulateurs de l'économie. L'Organisation Mondiale du Commerce en est l'exemple le plus révélateur. Les réunions de Doha en 2001 et de Cancun en 2003 ont échoué, ainsi que celui de Hong Kong. [...]
[...] Même lorsqu'il s'agit de grandes catastrophes, comme le SIDA, les acteurs trouvent moyen de débats, de heurts et de retraits. Le pouvoir et le poids inégal des différents acteurs de la gouvernance mondiale risquent de remettre en cause son impartialité. Les négociations peuvent tourner au profit des plus puissants. La société civile, qui est devenue l'une des instances de cette nouvelle gouvernance mondiale, est hétérogène et comprend également des intérêts divergents. Ceci risque de faire prendre des intérêts privés pour des intérêts généraux, surtout lorsqu'ils sont défendus par des lobbys très puissants. [...]
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