Par « monarchie britannique », entendons le système politique anglais, et non simplement la personne du roi et sa fonction, et l'on évacuera ainsi d'emblée l'antithèse présente dans le sujet entre les termes « monarchie » et « démocratie », à l'époque ou l'une semble encore être l'ennemie de l'autre. En effet, le régime politique britannique du second XIXe siècle n'a plus de monarchique que la forme, et encore celle-ci n'empêche-t-elle pas la construction de la démocratie.
Cette contradiction résolue, il convient donc de se demander en quoi le système politique du Royaume-Uni peut constituer un modèle de démocratie libérale, en tenant compte de la double signification du terme « modèle » ; il peut s'agir en effet d'un exemple de quelque chose, soit d'un cas – et il faut alors se demander en quoi la nature du régime britannique est bien celle d'une démocratie libérale-, ou bien d'un exemple pour – et il faut alors se demander dans quelle mesure la démocratie libérale britannique se rend exemplaire et admirable par son degré d'aboutissement. Cette distinction incite ainsi à centrer la réflexion sur la nature du régime britannique (modèle de) mais surtout sur son degré d'aboutissement (modèle pour).
Ainsi s'agit-il d'éclairer la tentative de construction de la démocratie libérale au Royaume-Uni, en nous en faisant à la fois le spectateur et le juge.
Du traité de libre-échange signé avec la France en 1860, à la veille de la Première Guerre mondiale, le Royaume-Uni entreprend une mutation politique par la réforme qui lui permet de construire son régime politique moderne. Il s'agit dans cet exposé d'évaluer en quoi cette modernisation permet de construire une démocratie libérale (I), en quoi cette démocratie libérale peut être considérée comme un modèle… ou pas – ce qui implique de montrer ses limites (II) - et d'expliciter la perception de ce régime comme un modèle à l'étranger (III).
Dans quelle mesure la modernisation du système politique britannique au second XIXe siècle parvient-elle à faire du Royaume-Uni une démocratie libérale modèle ?
[...] La puissance économique britannique sert l'idéalisation de son système politique 1. La mesure d'une puissance économique en déclin relatif : L'Angleterre demeure jusqu'en 1880 la puissance économique prépondérante dans le monde. Son formidable essor lors de la Seconde Révolution industrielle l'a confortée dans sa place de leader industriel mondial. En 1870, elle fournit ainsi 1/3 des produits manufacturés dans le monde. La grande Dépression qui la frappe ensuite la fait décliner relativement en rapport à l'Allemagne et surtout aux États-Unis. [...]
[...] En 1900 est ainsi créé le Labour Representation Committee, qui fait élire 29 ouvriers au parlement en 1906 et devient alors le Labour Party. Ce parti n'est pas marxiste, mais réformiste. L'influence déterminante du syndicalisme dans sa création explique son fort pragmatisme. Grâce à un syndicalisme qui ordonne son combat autour de la démocratisation, la gestion des inégalités sociales devient source de démocratisation politique. Le modèle de démocratie libérale fondé n'est donc pas une démocratie libérale modèle. Toutefois, son influence est forte en Europe, où sa modernité et sa capacité à se réformer en font un exemple. [...]
[...] Ces mesures doivent soulager la condition ouvrière que Disraeli a décrite dans son ouvrage Sybill or the two nations (1845) comme difficile. Il dénonce l'existence en Angleterre de deux nations, opposées par leur degré de richesse, et appelle la classe dirigeante à veiller à améliorer le sort des plus faibles, dans l'intérêt de l'ordre public. En 1914, le Royaume-Uni a démocratisé son régime qui était déjà libéral. On a alors construit une démocratie libérale à l'anglaise ; le modèle de démocratie libérale est donc formé. Pour autant, constitue-t-il une démocratie libérale modèle ? [...]
[...] Cet enseignant qui devient académicien en 1878 est d'un esprit plutôt dogmatique ; libéral, il demeurait méfiant à l'égard de la démocratie. Ce critique des institutions politiques françaises se livre dans ce passage à un éloquent éloge du système politique britannique. Mais alors que Taine ne pense qu'à glorifier les vertus du modèle britannique, ce passage fait percevoir, en même temps que l‘attractivité du système politique anglais, ses défaillances démocratiques en 1872. Points positifs : - Stabilité du régime soulignée par comparaison avec l'instabilité française (référence à Victoria / succession de régime en France de 1837 à 1901). [...]
[...] ( voir une forme pyramidale de la société. - Le pouvoir est l'affaire des élites, ce qui semble contraire à l'idéal démocratique d'un pouvoir exercé par le peuple. - Taine n'est pas objectif : en libéral, il verse dans une louange si optimiste qu'elle en paraît caricaturale : cf. la dernière phrase du paragraphe. On voit bien que le modèle anglais jouit d'une image forte en France, dans l'esprit des libéraux du moins. C'est précisément cette attractivité du modèle qui invite à le concurrencer. B. [...]
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