Charles Krauthammer donnait une conférence à Washington le 18 septembre 1990 lorsqu'il employa le terme de « moment unipolaire » pour la première fois. Il caractérisait par ce terme la situation géopolitique de l'après Guerre Froide, « the most striking feature of the post-Cold War is it's unipolarity ». Pour lui les Etats-Unis réunissent alors tous les caractères d'une puissance hégémonique et insèrent leurs actions dans un contexte d'unipolarité. Mais que signifie le terme « unipolaire » ? Si on le replace dans le contexte des années de Guerre Froide, il s'oppose à la bipolarité, une situation dans laquelle il était permit de distinguer clairement deux pôles d'expression de la puissance. Deux pôles qui avaient soigneusement différencié, voire divisé, leur propre sphère d'influence. Ces deux pôles, Etats-Unis et URSS, s'efforçaient de maintenir un équilibre des forces sur la scène mondiale.
1989, comme 1991, marque de manière évidente la fin d'un ordre bipolaire puisque l'URSS est démantelée. En effet, en 1989 la chute du mur de Berlin est un moment historique fort qui en faisant tomber le rideau de fer abolit symboliquement et matériellement la fracture Est-ouest.
L'année 1991 est marquée, quant à elle, par l'explosion et la disparition de l'URSS, mais aussi par la première Guerre du Golfe. Dès lors, la question est de savoir ce qui a permis à ce « moment unipolaire » d'émerger au-delà de la simple réponse qui serait de dire que c'est uniquement fonction de la chute de l'URSS. Autrement dit, pourquoi au sortir de la Guerre Froide ce n'est pas la multipolarité qui s'impose comme élément structurant des relations internationales ?
Le « moment unipolaire » représente une possibilité manifeste de changement (I), pour autant marque-t-il un véritable tournant au sein des relations internationales ? (II)
[...] D'autre part le système de bloc empêchait peut-être l'émergence d'un tel système multipolaire. De fait pour schématiser, les deux blocs étaient composés d'Etats qui à l'Est comme à l'Ouest suivaient un Etat leader, respectivement l'URSS et les Etats-Unis. Donc, à l'Est, les voix discordantes étaient punies (cas de Tito pour la Yougoslavie) voire réprimandées sévèrement alors qu'à l'Ouest, si elles n'étaient pas réprimandées de manière violente, il n'en demeurait pas moins qu'elles n'étaient pas bien vues. Pour les Etats alignés il valait mieux suivre la puissance de son bloc afin de se protéger d'une menace qui découlait précisément de la division bipolaire du monde. [...]
[...] C'est ce dont témoigne son incapacité à gérer les évènements de Yougoslavie, fédération qui explose, sur le sol européen même, en 1991. Quant à ce que l'on a coutume d'appeler le Sud (mais qu'on ferait bien plutôt d'appeler les Suds outre sa grande précarité, alors, qui reste jusqu'à aujourd'hui un problème majeur, son manque d'unité ne lui permettait pas de faire figure de contre-pied à la puissance américaine. De fait il existait bien des puissances économiques dans les années 1989-1991, Japon et Allemagne par exemple, mais leur puissance économique n'était pas le seul élément qui leur aurait permis d'accéder au statut de super puissance Charles Krauhammer résume assez bien la situation : There is today no lack of second-rank powers. [...]
[...] Du point de vue économique, l'ouverture à l'Ouest supposait l'adaptation de leurs économies au système capitaliste. Du point de vue politique, le défi était celui du rétablissement de la démocratie. Ces transitions ont posés de sérieux problèmes. Elles ont surtout permis aux ex-pays communistes de redéfinir leurs identités nationales comme en témoigne la division de la Tchécoslovaquie en 1991 en deux Etats indépendants : La République Tchèque de Vaclav Havel et la Slovaquie ou de manière plus générale le démantèlement de l'URSS et l'accès à l'indépendance des Républiques Socialistes. [...]
[...] Bermond, P. Cabanel et M. Lefebvre, Le siècle des excès Ouvrages de théorie et sociologie des relations internationales : Philippe Moreau Defarges, Relations internationales 1 et 2 Jean-Jacques Roche, Théories des relations internationales John Baylis et Steve Smith, The Globalization of World Politics Samuel Huntington, Le choc des civilisations Charles Krauthammer, The unipolar moment Paul Kennedy, The Rise and Fall of Great Powers-Economic Change and Military Conflict from 1500 to 2000 Christopher Layne, The unipolar illusion, Why New Great Powers Will Rise? [...]
[...] C'est ce dont témoignent les propos de C. Krauthammer : It is largely for domestic reasons, therefore, that American political leaders make sure to dress unilateral action in multilateral clothing C'est d'ailleurs pourquoi un semblant de multipolarité est mis en avant par la politique américaine. Le même auteur fait la distinction suivante : There is a sharp distinction to be drawn between real and apparent multilateralism. True multilateralism involves a genuine coalition of coequal partners of comparable strengh and stature World War II Big Three coalition, for example. [...]
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