La mobilité des personnes ou des groupes humains est devenue un concept essentiel des sciences sociales notamment en sociologie et en géographie. La mobilité est en effet devenue un élément majeur de l'évolution de nos sociétés où la révolution des moyens de transport et le développement du temps libre contribuent à une accélération croissante des trajets et ce, à toutes les échelles et à toutes les temporalités. Des migrations quotidiennes domicile/travail à la mobilité saisonnière touristique ou hebdomadaire le temps du week end, la démultiplication de nos trajets et de nos déplacements contribuent non seulement à modifier nos modes de vie mais aussi à modifier notre perception de l'espace et du temps, notamment grâce à une réduction forte des distances.
Dans nos sociétés de plus en plus mondialisée et interconnectées, les personnes mais aussi les marchandises, les capitaux et les informations recourent désormais à des infrastructures de transport de plus en plus performantes et se concrétisent dans des flux que l'on peut spatialiser selon une certaine logique territoriale : en effet, cet accroissement des mobilités a deux effets contradictoires : d'une part, il contribue à une nouvelle hiérarchie des territoires notamment en concentrant les flux sur de grands axes structurants au détriment des espaces dits intermédiaires de plus en plus mis à l'écart. D'autre part, l'accroissement des mobilités contribue à une nouvelle spécialisation des territoires, notamment entre les territoires de la production, créateurs de richesse et les territoires des revenus et de la consommation ; spécialisation qui brouille les analyses classiques de la géographie économique.
[...] Au contraire, ce sont les territoires les moins bien pourvu en capacité productive qui connaissent les taux d'emploi et les soldes migratoires les plus élevés. Mobilité et ségrégation sociale : la logique de l'évitement Enfin, dans le cadre d'une réflexion générale sur la mobilité, il y aurait également beaucoup à dire sur ses conséquences en termes de géographie sociale. En effet, les grands débats qui agitent la France autour des notions d'inégalités territoriales et de fracture sociale, une grande attention devrait être portée sur le comportement des ménages et notamment leur comportement en terme de mobilité. [...]
[...] Quelques éléments de réflexion peuvent d'ors et déjà être avancée. La question des quartiers sensibles où se concentrent des populations les plus en difficulté avec une forte proportion de populations immigrées est moins le signe d'une aggravation de l'inégalité sociale à l'échelle de la France que la conséquence d'une fuite des ménages les plus aisés vers des quartiers plus sûrs selon une logique d' entre soi et d'évitement. Cette concentration spatiale de ces populations en difficultés est d'abord le fait d'une incapacité ou plutôt d'une impossibilité à être elles aussi mobiles. [...]
[...] VELTZ et ceci, selon une logique sélective et cumulative, présentant le risque d'une nouvelle économie et société en archipel. Cette analyse de la hausse de la mobilité comme facteur d'une nouvelle hiérarchisation des territoires à travers leur mise en réseau est cependant une analyse à grande échelle qui ne rend pas compte de l'essentiel des mobilités qui se déroulent à plus petite échelle, celle des territoires vécus, notamment entre le domicile et le travail. Or à cette échelle, les conséquences sont d'une autre nature. [...]
[...] L'autre évolution majeure, plus sociale celle-la, est liée au développement du temps de loisirs. On passe de moins en moins temps à travailler, en France comme ailleurs en Europe : études de plus en plus longues, entrée tardive dans le monde du travail, départ à la retraite anticipée, importance du chômage, réduction du temps de travail Cette hausse du temps libre participe au déracinement des individus qui n'hésite plus à partir le temps d'un week-end, dans leur résidence secondaire, à plus de 200 km de leur domicile. [...]
[...] A la mobilité, pourrait-on dire de manière un peu provocante. Ainsi, on sait qu'environ de la masse salariale francilienne est versée à des actifs qui ne résident pas en Ile de France. On sait également que les parisiens passent et donc consomment en moyenne deux mois par an à plus de 100 kilomètres de Paris et sont les champions français de la résidence secondaire. De manière générale, on constate une spécialisation croissante entre territoires de la production et territoires de la consommation. [...]
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