Mobilisations, étudiantes, Europe, 2000
E. PORTE, dans son article « Au tournant du siècle (1986-2006) » dans Cent ans de mouvements étudiants, écrit que depuis 86, il y a eu de nombreux changements dans la société, donc aussi dans le monde universitaire.
Depuis un dizaine d'année, on assiste aussi à une remise en question de la participation, du rôle politique des jeunes, qui se caractérise entre autre par une forte abstention et une baisse de l'identification partisane de ceux-ci. Ce questionnement est une composante de la « crise de la démocratie » présenté par Marcel GAUCHET, et constitue une réelle inquiétude pour les démocraties occidentales.
Alors que Pierre BRECHON parle de « dépolitisation » pour ce phénomène, Anne MUXEL explique que selon elle il n'y a pas de « dépolitisation » de la jeune génération mais une mutation des formes et des modes de mobilisation des jeunes. Elle ajoute aussi que l'on construit entre autre sa politisation (définit comme « l'attitude profonde de valorisation de la politique et la maitrise de ses codes ») à la fois par adoption d'héritages et à la fois par rupture avec ceux-ci ; c'est le cas en particulier pour les mobilisations étudiantes, comme on va le voir.
Mais revenons sur les termes du sujet ; on peut définir le terme « mobilisation » par le « fait de créer une sensibilisation à une situation et de décider ensemble de réagir à une situation pour l'améliorer ». On peut extraire trois composantes à la mobilisation :
• la forme/l'organisation/la structure
• les thèmes/les sujets
• les actions
Ensuite, il faut faire la distinction entre « jeune », qui est la phase transitoire entre la fin de l'école et l'entrée dans la vie professionnelle, et « étudiant », quelqu'un qui est scolarisé dans un établissement d'enseignement supérieur. Même si aujourd'hui une majorité des « jeunes » est scolarisé, c'est précisément cette scolarisation et le contexte « universitaire » (au sens large) qui définissent la socialisation particulière des étudiants que l'on va étudier.
[...] Dans ce contexte, les étudiants se tournent vers des mobilisations plus ciblées pour être moins nombreuses et plus efficaces pour servir d'abord leur propre cause. II De nouveaux enjeux A Individualisation et ciblage des enjeux On assiste depuis une vingtaine d'année à une segmentation des formations et des études (en raison de la crise économique et à la demande des employeurs, car chaque futur travailleur doit « sortir son épingle du jeu » sur le marché du travail) ; c'est à la fois le développement de l'individualisme qui a poussé cette évolution, et cette mutation qui a appuyé l'individualisme. [...]
[...] C'est un des éléments qui expliquent la généralisation de la violence lors des manifestations, car les vidéos « chocs » des exactions font ensuite « sensation » sur le Net. Internet est aussi un outil extrêmement efficace et de plus en plus utilisé (parce que la nouvelle génération le maitrise, en partie grâce à l'éducation) pour organiser un événement en terme d'information et de réunion des participants (utilisation des réseaux sociaux par exemple, tel que Facebook ou Twitter, avec l'apparition du phénomène de « flash manifestation »), pour le couvrir (sites, blogs) Conclusion On a vu qu'il y a une évolution de la culture politique des étudiants européens depuis 2000. [...]
[...] Cependant, Anne MUXEL décrit la génération des étudiants des années 2000, appelée en France « la génération CEP », ce qui montre bien le caractère fondateur des mobilisations de rues vécues par les étudiants, est une « génération charnière ». Les mouvements étudiants vont donc continuer à évoluer dans les prochaines années. Bibliographie O. FILLIEULE, Stratégies de la rue, Les Presses de Sciences Po P. PERRINEAU et L. RUBAN, La politique en France et en Europe, Les Presses de Sciences Po P. [...]
[...] PERRINEAU, L'engagement politique – Déclin ou mutation, Les Presses de la FNSP J. P. LEGOIS, A. MONCHABLON et B. MORDER, Cent ans de mouvements étudiants, Editions SYLLEPSE Site Internet du Monde Le Bart Christian, Merle Pierre, La citoyenneté étudiante. Intégration, participation, mobilisation, compte-rendu par A. [...]
[...] Les étudiants contestent rapidement et fort, mais quand ils le jugent nécessaire. Ils cherchent l'engagement ponctuel, spécifique. B De nouveaux arbitrages dans les modes d'action On peut distinguer 3 modes d'action : la communication, l'information, l'occupation de l'espace politique/syndical/associatif (affiches, newsletters format papier ou en ligne, site Internet mis à jour, blog, tracts, conférences, rencontres, ) de façon régulière, continuelle le vote (aux diverses élections) les « stratégies de la rue » (O. FILLIEULE), c'est-à-dire les grèves, sitting, manifestations ou plus largement les actions ponctuelles, ciblées Comme on l'a vu, les étudiants rejoignant peu les syndicats et les partis, ce n'est donc pas le premier mode d'action qui est le plus utilisé car il demande des ressources importantes (en temps, argent, matériels, compétences, ) plus généralement détenues par les organisations partisanes et syndicales que par les associations. [...]
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