Dans les deux camps, toutes les ressources des économies nationales - humaines, techniques, financières - ont été plus ou moins directement engagées dans le combat, dans une mesure qui aurait paru invraisemblable au début de la guerre. N'avait-on pas prévu, du côté français, que pour renouveler les stocks d'armes et de munitions, il faudrait mettre au travail 50 000 ouvriers dans les usines d'armement ? Ils n'étaient pas moins de 1 700 000 en 1918 et le « besoin » de cartouches était passé de 13 600 à 200 000 par jour...
La gestion de l'économie de guerre a nécessité une organisation particulière : un décret du 3 avril 1906 avait créé un « Conseil supérieur de la défense nationale » composé d'une commission d'études de la défense nationale et d'un secrétariat général de la défense ; sa compétence portait notamment sur le ravitaillement, les transports, les fabrications de toute nature... A l'épreuve de la guerre, cette organisation développe des caractéristiques originales : toutes les administrations civiles sont concernées, ce qui conduit à instituer une fonction interministérielle nouvelle pour l'époque. Ainsi, Briand crée-t-il, en 1916, un comité de guerre qui deviendra un sous-secrétariat d'État à la Présidence du Conseil. Autre trait particulier : la forte implication des organisations professionnelles, appelées à relayer le service public dans la distribution des ressources, des produits et dans l'exécution des contrôles et des contraintes.
L'exemple de la Première Guerre mondiale pose ainsi clairement les données du problème de la mobilisation industrielle dans le cadre d'un conflit armé. L'inter-relation entre la conduite de la guerre et ses conséquences, d'une part, et la gestion de l'économie dans son ensemble, de l'autre, est telle qu'elle transforme celle-ci en « économie de guerre ». Le conflit affecte les moyens de production (les hommes sont envoyés au front, l'épargne est consacrée à la défense, les approvisionnements extérieurs sont menacés...), mais aussi les modes de production et de distribution (l'intervention de l'État se généralise, l'économie de guerre devient le laboratoire du dirigisme).
Dans ses grandes lignes, la mise sur pied de la mobilisation de l'économie repose sur des principes dégagés depuis un siècle à l'occasion des grands conflits de 1870, 1914, 1939.
- Une organisation particulière destinée à mettre le pays sur le pied de guerre. Aux termes du décret du 10 mars 1954 relatif à l'organisation de l'industrie pour le temps de guerre, cette organisation est confiée au ministre de l'industrie (...)
[...] La constitution de stocks de sécurité de ces matières premières permettra de réduire sensiblement le cycle de production et donc d'accélérer la production, au moins jusqu'à épuisement du stock de sécurité. CONCLUSION Pour conclure, il apparaît que les problèmes posés par l'adaptation, en temps voulu, de la production pour la gestion d'une crise ne dépend pas tant de la mise en place de procédures dérogatoires, de la constitution de réserves d'équipement ou de matériel, que d'une analyse affinée des besoins et d'une organisation minutieuse de la production. Ne s'agit-il pas, en fin de compte, d'une forme particulière du défi que le marché lance à toute entreprise? [...]
[...] Enfin, si la cadence de production en cours est égale à la production maximale, son augmentation nécessite des investissements nouveaux en machines, installations de production, moyens de tests spécifiques du matériel fabriqué. La cadence ne peut alors être augmentée qu'après installation des moyens nouveaux et formation du personnel, ce qui peut prendre de nombreux mois, voire plusieurs années pour des équipements sophistiqués. Un délai de deux ans n'est pas rare. Il se combine partiellement avec le cycle de production pour donner des délais de réaction fort longs ans par exemple. [...]
[...] Des aléas tenant à la nature des crises Les contraintes de la production industrielle CONCLUSION INTRODUCTION Lorsque la guerre éclate, en 1914, personne ou presque ne croit qu'elle sera longue. L'idée généralement reçue d'une guerre courte se fondait sur l'incapacité supposée, pour les économies, à supporter un conflit durable. En fait, la grande guerre a duré quatre longues années et a donné lieu à la première expérience importante de mobilisation industrielle des temps modernes. L'ÉPREUVE DES GRANDS CONFLITS ARMÉS Dans les deux camps, toutes les ressources des économies nationales humaines, techniques, financières ont été plus ou moins directement engagées dans le combat, dans une mesure qui aurait paru invraisemblable au début de la guerre. [...]
[...] On connaît aussi les pièces de rechange dont la cadence de production est limitée par l'usage de moyens de production spécifiques, et celles qui ont des cycles de production longs. La constitution de stocks de précaution calculés pièce à pièce en fonction de la consommation prévue, du cycle de production et de la limite de cadence, permet de résoudre la question au moindre coût. Il suffit d'une bonne liaison entre les utilisateurs et les industriels pour déterminer en temps utile les stocks de précaution à mettre en place, puis de les gérer pour tenir compte des évolutions de définition des pièces afin que ces stocks, au moment de leur utilisation, n'apparaissent pas partiellement inutilisables parce que constitués de pièces de définition trop ancienne. [...]
[...] Les contraintes de la production industrielle Les contraintes de la production industrielle, notamment des armements, posent un tout autre problème. La réponse de l'industrie à une crise limitée dans l'espace et dans le temps, n'est pas nécessairement plus simple qu'à un conflit armé de grande ampleur, même si elle doit mobiliser des moyens de moindre importance. La production des armements et des munitions (ou de tout autre équipement en matériel dont la demande s'accroît fortement en temps de crise) nécessite une organisation de plus en plus complexe et des délais de plus en plus longs. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture