Dans notre société, les différentes évolutions ne se font pas toutes selon le même rythme. L'observateur extérieur peut considérer que certaines résistances relèvent de l'irrationnel et qu'il faut savoir secouer les archaïsmes pour répondre à l'urgence que commande la situation.
Il ne fait aucun doute que le monde change, que notre économie est de plus en plus ouverte, que l'Etat perd de ses capacités de régulation, que la relation au travail s'individualise, en partie du fait de l'aspiration des salariés eux-mêmes. Pourtant, les relations sociales restent marquées par plus de deux siècles d'histoire. Elles se sont bâties sur la logique de l'honneur, sur fond de lutte de classe.
Il ne suffit pas de dire que ces schémas appartiennent au passé. Ceux qui veulent brûler les étapes sont le plus souvent désavoués et contraints à piétiner voire à revenir en arrière.
La culture et l'histoire sont le plus souvent la face cachée d'un iceberg qui dérive lentement, au risque de fondre avant d'avoir atteint son but. Mais ignorer cette face cachée c'est se condamner à ne pas comprendre les résistances aux changements.
Le concept républicain, fruit du siècle des lumières, qui guida l'esprit de la révolution française, s'opposera à l'émergence de l'acteur collectif. L'intérêt général ne pourrait être que du ressort de l'Etat et il n'y aurait pas d'espace entre lui et l'intérêt particulier régi par le code civil. Les différents courants libéraux militeront dans le même sens afin que l'Etat ne s'arroge pas d'autres prérogatives.
C'est ainsi que le droit inaliénable de propriété, condamné par Proudhon, s'opposera à la construction d'un droit du travail collectif. Le salarié est lié à son employeur par un lien de subordination. L'État, garant de la paix sociale, sera de fait contraint à jouer un rôle d'arbitre, notamment quand monte la fièvre révolutionnaire.
A la libération, dans le contexte du compromis social keynésien, sur fond de croissance et face à un patronat discrédité par une attitude jugée collaborationniste, l'Etat providence s'impose comme le garant du partage des gains de productivité.
Plusieurs conceptions du syndicalisme s'affrontent et conduisent à une balkanisation de l'acteur collectif. Entre la lutte de classe marxiste et la collaboration de classe chrétienne se développe tout un panel d'approches dont les nuances sont parfois subtiles et dont les positionnements tactiques peuvent paraître surprenants aux non-initiés. Les querelles internes, les scissions ont laissé des traces indélébiles qui ont engendré méfiance et suspicion, de sorte que les actions unitaires sont le plus souvent de façade.
[...] ) a joué un rôle non négligeable dans cet affaiblissement progressif. Mais l'essentiel réside dans la politisation excessive du syndicat de Georges Seguy, Henri Krasucki et Louis Viannet, tous anciens dirigeants de la centrale ouvrière. En clair, la CGT a longtemps été perçue comme la " fille aînée du PCF Et cela lui a nui alors que les salariés attendaient des syndicats des réponses indépendantes des débats purement politiques ou partisans. Une union sacrée hypothétique Autre facteur de précarisation des syndicats : leurs divisions. Tous ensemble ! Tous ensemble ! [...]
[...] En effet, outre le fait de leur procurer un certain sentiment d'évasion, comme c'est souvent le cas pour ce qui concernent les jeunes des banlieue, le mouvement associatif témoigne également de leur goût pour ce que l'on peut appeler, selon ANNE MUXEL, la chose publique On s'aperçoit alors que ce qui est rejeté des jeunes d'aujourd'hui, c'est surtout l'inscription dans une famille politique et l'encadrement de leur potentiel militant par des organisations partisanes qui ne répondent pas à leurs attentes. En revanche, ce qui va intéresser, c'est l'engagement local et de proximité, sans contraintes, ainsi que certaines causes, comme l'humanitaire ou l'écologie. On va ainsi les retrouver dans des associations telles que ACT UP (prévention contre le sida), les restos du cœur, mais aussi dans de nombreuses associations d'étudiants, ce qui témoigne bien de la montée en légitimité de l'action concrète et directe, mais surtout de l'exigence d'une démocratie locale et à laquelle chacun peut participer. [...]
[...] La montée de l'individualisme, si elle donne à chacun la liberté de choisir sa vie, n'est pas sans poser des problèmes collectifs. Comment la société va-t-elle réussir à intégrer les individus et à faire que le ciment social prenne ? Comment va-t-elle assurer la coordination et la régulation des activités économiques ? Comment va-t-elle garantir à chacun des individus qui la composent l'exercice et la protection de ses droits ? Enfin, si chacun se pense comme un individu détaché de toutes amarres sociales, comment construire une société démocratique, comment la penser même ? [...]
[...] Au-delà de l'anecdote, les sondages du CSA montrent que 70% des salariés sont favorables aux actions communes et prennent position pour une unification syndicale. L'idée d'union sacrée entre syndicats est séduisante. Réalisable ? Rien n'est moins sûr même si le rapprochement esquissé, depuis quelques mois, par Nicole Notat, pour la CFDT, et Bernard Thibault, futur secrétaire général de la CGT, apporte déjà un bol d'air. Syndicats : la fuite des militants : Pas étonnant dans ce cas que les effectifs des militants se soient effondrés dans le syndicalisme quand ils se maintenaient dans le secteur associatif. [...]
[...] Il apparaît clairement que la question de la cohésion sociale Les individus acceptent de vivre ensemble. Les premiers doutes surviennent à la naissance du travail contemporain avec la division du travail qui conduit à une montée de l'individualisme. Mais cet individualisme ne signifie pas, selon Durkheim, égoïsme mais plutôt individualisme universaliste au sens de Roussel reconnaissance de la liberté individuelle sous réserve que les actes qui en découlent puissent être généralisés à tous les autres individus sans nuire au bien commun Pour Smith, l'individualisme entraîne du changement social. [...]
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