La véritable originalité dans la relation qu'a le peuple grec avec la Démocratie réside dans sa complexité, dès ses débuts. S'il est régulièrement affirmé que la cité d'Athènes a inventé la démocratie, on oublie trop souvent que non seulement une société vivant dans le stricte modèle athénien de nos jours serait vue comme liberticide (économie basée sur l'esclavage, pratique de l'ostracisme, invasion du politique dans la sphère privée…), mais également que la rivale d'Athènes, Sparte, a dans le même temps inventé la dictature totalitaire et militaire (stricte égalitarisme entre les citoyens, service militaire obligatoire à vie et exclusif de toute autre activité, pratique de l'eugénisme…).
Depuis la guerre d'indépendance (1821-1830) qui l'opposa à l'Empire ottoman, l'Etat grec moderne s'est construit autour d'un projet; la Grande Idée (Mégali Idéa).
Il s'agit d'une revendication des territoires ottomans puis turcs peuplés à majorité de grecs; ces territoires sont aussi bien la région de Constantinople que celle de Smyrne (Izmir en turc), de Trébizonde, ou enfin de l'île de Chypre.
[...] Cette fois débarrassée de l'extrême-droite, la Nouvelle Démocratie dirigera le pays de 1974 à 1981, puis entrera dans une crise profonde, tiraillée entre les conservateurs et les libéraux ; elle ne renouera avec l'exercice du pouvoir que sous la direction du neveu de son fondateur, Costas Caramanlis, en 2004, qui recentre encore sa politique vers l' espace intermédiaire Ce recentrage a permis la création à l'extrême-droite du LAOS (orthodoxe), et d' aube dorée (irrédentiste). Le PASOK, également créé pour les élections de 1974, a connu la même évolution vers le centre, pour se démarquer de l'extrême-gauche anti-européenne et anti-OTAN représentée par le KKE (communiste) et le SYN (gauche radicale). Il a gouverné pratiquement sans interruption de 1981 à 2004. [...]
[...] Aujourd'hui, le Patriarcat de Constantinople ne dirige plus que le Dodécanèse et la Crète. Cependant, le Patriarche de Constantinople Batholoméos Ier, en fonctions depuis 1991, a su se présenter comme un médiateur entre la Grèce et l'UE d'une part, et la Turquie d'autre part, en œuvrant pour se libérer de la tutelle du gouvernement turc tout en se rapprochant des diocèses de la diaspora grecque. De son côté, le Patriarche d'Athènes Christodoulos Ier (1998-2008) s'est attaché à se présenter comme le défenseur du lien entre l'Eglise et l'Etat en Grèce, notamment lorsque le gouvernement de gauche de Simitis a essayé de supprimer des cartes d'identité la mention de la religion. [...]
[...] Il s'agit d'une revendication des territoires ottomans puis turcs peuplés à majorité de grecs ; ces territoires sont aussi bien la région de Constantinople que celle de Smyrne (Izmir en turc), de Trébizonde, ou enfin de l'île de Chypre. Cette philosophie partagée par tous les dirigeants grecs a contribué à accorder à l'armée, instrument de cette politique, un rôle de premier plan, spécialement dans la première moitié du XXè siècle. C'est donc naturellement l'armée qui intervient lorsqu'une crise politique éclate au milieu des années 1960 ; en 1967, les colonels prennent le pouvoir. [...]
[...] Ce phénomène, qui évite d'avoir recours à des coalitions entre plusieurs partis est appelé en France le fait majoritaire ; il joue un rôle décisif dans la nature hybride du régime français, entre parlementarisme et présidentialisme. En fait, la différence entre la France et la Grèce, qui fait que cette dernière conserve un régime parlementaire classique, est le mode de désignation du Président de la République ; alors qu'il est élu au suffrage universel direct en France, il est élu par les députés en Grèce. [...]
[...] Il n'en demeure pas moins que la tradition militaire de l'Etat n'est pas brisée, comme le démontrent les du PIB consacré à la défense, un taux comparable à celui de la France (puissance nucléaire et présente sur de nombreux terrains d'opération dans le monde). Cela est justifié par les tensions toujours existantes avec la Turquie voisine. Fin 2011, alors que Georges Papandréou révoquait l'Etat-major, la crainte d'un coup d'Etat militaire, que la population aurait peut-être accepté vue la situation économique du pays, s'est profilée, heureusement sans fondement. [...]
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