« Au fond la société consiste en un jeu perpétuel d'harmonies et de discordes, de forces associatives et de forces dissociatives » . Julien Freund entend accepter la société dans son ensemble, reconnaître la lutte pour que son contraire existe. Cependant cette posture est le fruit d'un long travail. Le conflit, qu'il soit bénin ou synonyme de guerre, est l'objet de nombreuses études par le biais de multiples disciplines. Dans un premier temps il serait faux de penser que tous les théoriciens du conflit acceptent l'idée d'une conflictualité immanente à la société. Certains pensent qu'il est possible d'éradiquer le conflit d'un point de vue interne. Toutes les doctrines du contrat social, travaux issus de la philosophie politique au XVIIéme et XVIIIéme siècle, pensent un état de nature que les hommes quitteraient afin de créer la société, une construction humaine afin de remédier aux conflits. Ces réflexions s'opposent à la pensée aristotélicienne d'un être social par nature. Les désaccords portent essentiellement sur la conception de cet état de nature qui peut être soit une situation de conflit permanent d'un point de vue Hobbesien ou encore un état de félicité et de liberté qui aurait par la suite dégénéré en un état de guerre chez Rousseau. Toutefois, toutes ces théories s'entendent sur un point: « la société serait née du souci des hommes à surmonter un état endémique et désastreux de conflits » . En effet les théories du contrat, si elles acceptent la réalité du conflit, refusent une réalité sociale régie par des rapports de force. Ainsi la société est une réponse à la conflictualité interne où le nerf de l'argumentation réside dans l'unanimité. Toutefois ces théories sont paradoxales car elles utilisent elles mêmes le prisme de la contrainte (un des éléments déclencheur du conflit). En effet, le régime issu de l'unanimité est souvent le despotisme totalitaire, ce qui peut sembler socialement peu judicieux. De plus il est intéressant de constater que l'artificialité de la société est indirectement un des fondements de l'idéologie révolutionnaire moderne qui souhaite détruire les sociétés existantes en vue d'en construire une autre plus conforme à leur voeux dans un idéale de bien être, de justice... Ainsi sous prétexte d'éliminer tout conflit, ces philosophies politiques deviennent le terreau favorable à la création de conflits d'un type nouveau.
[...] Dans quelles mesures le prisme de la conflictualité est utilisé par la sociologie politique pour analyser le thème du dépassement de l'État Introduction Au fond la société consiste en un jeu perpétuel d'harmonies et de discordes, de forces associatives et de forces dissociatives Julien Freund entend accepter la société dans son ensemble, reconnaître la lutte pour que son contraire existe. Cependant cette posture est le fruit d'un long travail. Le conflit, qu'il soit bénin ou synonyme de guerre, est l'objet de nombreuses études par le biais de multiples disciplines. [...]
[...] Cette constatation amène Durkheim à conserver la structure étatique contre un dépassement de l'État. En effet, l'État garantit l'apprentissage de la morale, il fait office de professeur en s'identifiant comme agent d'une moralité. Il permet à l'homme de se développer et de continuer sa progression vers la morale. La mission est de consolider l'état moral des peuples qui doivent faire preuve d'endurance dans le temps afin d'entretenir la pacification des relations entre les États. Par ce biais le dépassement de l'État n'est pas souhaitable et l'argument utilitariste est à son tour rejeté. [...]
[...] Cependant il est nécessaire d'ajouter que weber pense une politique d'expansion coloniale dans un cadre objectif, rationnel, réglementé par la raison d'État. En effet weber ne légitime pas la puissance pour la puissance, soit l'assouvissement d'un désir de pouvoir engendré par la vanité d'un dirigeant. Selon Weber, Bismarck serait le parfaite exemple de cette attitude déplorable par le biais de la Realpolitik, une stratégie qui ne sert que les intérêts du leader allemand: Bismarck reste cantonné à une conception à la fois tactique et brutale de la puissance L'impérialisme doit être mené d'une manière objective afin de répondre uniquement aux intérêts de la nation. [...]
[...] Un écho qui, même s'il n'est pas le fruit d'une volonté, souligne la cohérence et l'importance de ces sociologies. En effet, les pensées de Weber offrent à l'école des réalistes une inspiration et deux outils de pensées primordiales: une unité politique indépassable (l'État) prise dans un milieu international mue par une lutte dont l'enjeu est la répartition de la puissance. La notion d'impérialisme peut également se rapprocher d'un réalisme offensif même si celui-ci utilise la diplomatie expansionniste. La paix par le droit envisagée par Durkheim peut trouver un écho dans les théories idéalistes notamment dans le libéralisme institutionnel où la force du droit doit pacifier les relations entre États. [...]
[...] Afin d'expliquer cette notion de pathologie Durkheim utilise la thèse de Treitschke sur la nature et le rôle de l'État. Celui-ci pense que la souveraineté s'obtient quand un État n'a pas de supérieur et que seule la puissance donne l'indépendance. La conclusion est simple La guerre participe pleinement à cette essence étatique, elle représente une action à la fois morale et sainte qui permet de conforter l'État Au travers de cette conception de l'État l'attitude allemande permet d'être comprise plus facilement. [...]
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