Plusieurs origines ont été attribuées au terme umma : araméenne, hébraïque, sud-arabique. Il ne viendrait donc pas d'une racine arabe. Au contraire, certains auteurs la placent parmi les termes issus de la racine arabe «'mm » qui contient l'idée de guidance, à l'instar du mot imâm qui est employé pour désigner un chef spirituel ou bien celui qui dirige la prière. Cette racine, contient également d'autres sens tels que l'idée de se diriger vers, ou l'idée de matrice, avec par exemple le mot umma qui veut dire mère. Ainsi, au moment de la naissance de l'islam, umma renvoyait à un « groupe bien guidé qui arrive à bon port », selon Jacqueline Chabbi (Le Seigneur des Tribus).
Le terme umma, au singulier, apparaît une cinquantaine de fois dans le Coran. Il y revêt toujours le sens de groupe homogène, même si le groupe ainsi désigné peut rassembler des individus selon des critères divers, comme la langue ou la religion (...).
On voit donc que ce terme d'umma est employé de manière très diverse. Pourtant, il est devenu un concept clef pour comprendre et expliquer l'histoire et les réalités du « monde musulman ». En effet, au lieu d'en chercher l'origine, de faire l'historique de son usage, on lui assigne arbitrairement un sens unique, un statut en dehors de l'Histoire, et une charge idéologique souvent injustifiée. Ce sens unique et restrictif est celui de la umma comme communauté islamique, comme communauté de musulmans unis par leur foi et leurs pratiques religieuses. Mais cette définition, si elle est restrictive a-t-elle tout de même une certaine pertinence ? Dans quelle mesure peut-on parler d'une umma islamique ?
L'élaboration de la notion d'umma dans un contexte islamique a commencé avec la Constitution de Médine. Nous verrons donc la composition et l'évolution de cette umma des débuts de l'islam. Ensuite, avec le début des conquêtes, la umma a encore évolué, et a pris un sens qui se rapproche de celui de « umma islamique ». Nous verrons alors si on peut réellement parler, à propos de cette umma de l'époque des califes orthodoxes et des grandes dynasties califales, de umma islamique.
[...] Ainsi, la mosquée, lieu de prière, était devenue le signe extérieur de la présence de l'Islam. Lieu de réunion de l'umma pour l'accomplissement de la prière en commun, elle garda d'abord les éléments essentiels de la maison de Muhammad à Médine. A l'époque Umayyade, ce schéma se compliqua. En effet, les Umayyades sont considérés comme les premiers bâtisseurs de l'Empire d'Islam. Une architecture typique se développe, autour des mosquées s'élèvent des palais, pour le calife ou l'amîr. Les lieux de culte anciens sont confisqués, et islamisés, transformés en mosquée. Ainsi, le paysage s'islamise et s'unifie. [...]
[...] Ainsi fut fondé l'arabe littéraire classique, qui s'imposa comme la langue de l'administration. Or, comme l'administration avait été fortement décentralisée, cette langue va se répandre dans tout l'Empire. Bien qu'elle ne fût pas la langue parlée usuelle, elle influença beaucoup les dialectes. Ils se mêlèrent d'emprunts, se transformèrent pour former une sorte d'arabe moyen, arabe parlé et courant, fort différent de la langue écrite. Celle-ci devait favoriser les échanges et les communications au sein de l'umma, entre des provinces linguistiques initialement très variées. [...]
[...] Elle se soumit. A partir de là, ce fut une succession de délégations qui vinrent demander la protection de Muhammad. Son habileté politique lui avait permis d'organiser l'umma, ses talents de chef de guerre lui avaient permis de l'étendre. L'umma était organisée autour de sa personnalité. A sa mort, en 632 certaines alliances se révélèrent donc bien fragiles. Des tribus brisèrent leur allégeance à son successeur, Abû Bakr, et cherchèrent à renégocier des pactes de non agression, tels qu'ils se pratiquaient auparavant. [...]
[...] Muhammad va islamiser ces rituels. Ainsi, la lapidation à Mîna, rite ancien et populaire fut attribuée à Abraham. Puisque celui-ci était considéré comme le fondateur de la Ka'ba et qu'il était associé, dans l'esprit des Arabes, au sanctuaire de La Mecque, il ne restait plus qu'à lui attribuer la paternité de ces rites pour les islamiser Toutes ces institutions religieuses dont se dotent les musulmans sont une main tendue vers les Arabes. De plus, devant la nécessité de répondre aux besoins financiers de la communauté, Muhammad va adapter la coutume bédouine de la razzia au mode de vie islamique. [...]
[...] L'umma peut-elle transcender ces liens tribaux ? C'est du moins l'objectif de Muhammad. On voit donc que le rôle de l'umma est là encore tout à fait politique : elle a pour but l'unification des tribus, la centralisation du pouvoir. Pourtant, si cette communauté était unifiée dans l'affirmation de l'unicité de Dieu et dans la reconnaissance de Muhammad comme prophète d'Allah, elle gardait encore l'essentiel de sa structure tribale préislamique, et elle était très divisée. Les grandes décisions étaient prises par quelques conseillers, des Qurayshites tôt ralliés comme Abû Bakr, Umar. [...]
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