Contestés « par le haut », les Etats-Nations sont confrontés à la multiplication des réseaux supra-nationaux mondialisés qui échappent à leur contrôle. Leur légitimité est aussi remise en cause « par le bas », par l'affirmation des identités communautaires. Pourtant, le réveil des revendications nationales ou nationalistes (comme en Belgique ou en ex-Yougoslavie) montre que la nation demeure une idée mobilisatrice mais ambiguë, comme le souligne l'opposition originelle entre la conception « civique » et la conception « ethnique » de la Nation.
Ces deux conceptions ont influencé des traditions différentes en matière de droit de la nationalité qui fixe les modalités et les critères d'appartenance nationale. Ce droit repose en France sur le « jus soli » inséparable de la conception élective de la Nation, tandis que le droit allemand s'est inspiré du « jus sanguini ». Sur quels critères repose la distinction entre Nation civique et nation ethnique ? Dans quelle mesure cette opposition tranchée invite à plus de nuances au profit d'une combinaison d'éléments civiques et ethniques ?
[...] La Nation est un groupe ethnique dont l'identité se reconnaît dans une langue, une tradition, une culture, une race. FICHTE insiste d'ailleurs largement sur cette notion de race, à l'origine d'un pangermanisme. Le théoricien invite alors le peuple allemand à ne pas se laisser contaminer par les emprunts étrangers puisque les maux qui entraînent le peuple allemand à l'abyme sont d'origine étrangère La conception de la nation ethnique répond donc à une théorie particulariste en réaction à l'universalisme des Lumières ; chaque peuple serait défini par son génie propre : ainsi, selon HERDER, le peuple allemand est marqué par l'esprit du peuple sa germanité. [...]
[...] Payot & Rivages FUSTEL de COULANGES La Cité antique, Paris,Durand Modifié lors de la 7e édition,Hachette. Patrick WEIL Qu'est-ce qu'un français ? Histoire de la nationalité française depuis la Révolution. Paris, Grasset pages. [...]
[...] ROSANVALLON note à ce propos que les périodes de guerres sont propices à la refondation du contrat national, avec la mise en place par exemple des Etats Providence après la Deuxième Guerre mondiale. Pour RENAN, on aime en proportion des sacrifices qu'on a consentis, des maux qu'on a soufferts en ce sens les deuils valent mieux que les triomphes Le volontarisme civique ne suffit donc pas à inscrire la Nation dans le temps. Celle-ci s'appuie également sur une part d'héritage reconduit mécaniquement. [...]
[...] Ainsi, en 1797, dans le Fondent du Droit naturel, FICHTE présente des thèses universalistes proches de la conception civique de la Nation. Il dépasse l'alternative simpliste de la nature et de la volonté puisque la nationalité est pensée en termes non pas d'adhésion pure et simple, mais d'éducabilité Ce concept d'éducabilité est un emprunt de FICHTE à ROUSSEAU. Il affirme que l'éducation du citoyen est nécessaire pour forger un patriotisme qui n'est pas spontané Les critères objectifs de la nation ne permettent donc pas un patriotisme spontané : l'artifice de l'éducabilité est alors requis pour les cristalliser. [...]
[...] Elle propose une conception civique de la Nation qui repose sur un vouloir-vivre ensemble. II/ L'idéal type de la Nation civique : une théorie universaliste et volontariste assise sur la notion moderne de liberté L'abbé SIEYES dans Qu'est que le Tiers Etat ? Donne le premier une définition politique de la Nation : un corps d'associés vivant sous une loi commune et représentée par la même législature c'est-à-dire une communauté politique de citoyens formée par l'union des volontés individuelles en une association libre, fondée sur l'adhésion aux principes d'un contrat social. [...]
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