Il convient de s'interroger sur cette stratégie toute particulière du Front National. Quel est le peuple du FN, celui mis en relief dans les discours, quelles armes utilisent les dirigeants frontistes pour appeler ce peuple, finalement qu'est ce qui fait l'efficacité de l'appel au peuple du Front National ?
Une étude préalable de la polysémie du mot « peuple » ainsi qu'une approche socio-historique seront nécessaires dans le cadre de mon analyse. Autant de sens différents correspondent en fait à autant d'« appels au peuple » possibles. Je verrai ensuite comment l'extrême-droite au cours de l'histoire, s'est en quelque sorte « spécialisée » dans des discours à destination du peuple, quelle que soit l'idéologie qu'elle véhiculait.
Dans la seconde partie de notre travail je tenterai de saisir quel héritage a reçu le Front National en la matière, pour cela une analyse du discours du FN sera nécessaire. Mon exposé s'attachera à étudier les outils que le FN met en œuvre pour séduire le peuple dont il se veut le représentant. La fameuse identification « Le Pen le peuple » nous fournira un assez large cadre d'explication. Je tenterai par la suite d'analyser l'appareil symbolique que le FN met en œuvre pour capter l'affect des électeurs, la flamme stylisée, les symboles nationaux réappropriés, mais aussi et surtout l'aspect épique et les provocations des discours de Jean-Marie Le Pen.
[...] Il faut chercher ce qui fait l'attrait du Front National, au-delà des échéances politiques. Un parti politique existe car il communique, le discours du FN est donc central pour saisir sa force attractive. On entend par discours toute émanation, orale ou écrite qui se rapporte à la communication officielle du parti frontiste. Lorsque l'on examine ce discours la première chose à transparaître est sans nul doute l'utilisation généreuse du terme de peuple. Le Pen le peuple lit-on en page d'accueil du site Internet du FN[2]. [...]
[...] Malgré cela, l'appareil politique de Jean-Marie Le Pen reste étonnamment efficace, étant crédité à un an des prochaines présidentielles de 14% des intentions de vote ( contre 10% un an avant celles de 2002 Pour beaucoup un tel succès a pour principale origine la personnalité de Jean-Marie Le Pen, alors que d'autres voient le FN comme un catalyseur efficace du malaise français ; nous analyserons les deux cas de figure. Les nombreuses références que fait le Front National au peuple sont aussi centrales dans l'analyse du parti frontiste, font-elle de lui un parti populiste ? La question reste polémique, il reste que le FN, grâce à ses différents symboles, arrive à exalter son discours : Un contexte favorable Avant d'analyser le discours du Front National et ses différentes méthodes, il convient de voir dans quel contexte sa popularité s'est développée. [...]
[...] - CAMUS Jean-Yves Le Front National, Histoire et analyses, Edition Olivier Laurens, Paris. - CANETTI Elias Masse et puissance, Gallimard, Saint-Armand - COLLOVALD Annie Le populisme du FN un dangereux contresens, Editions du Croquant, Broissieux, - DAVID Marcel La souveraineté du peuple, PUF, Vendôme. - DURKHEIM Emile Formes élémentaires de la vie religieuse - Peuple, populaire, populisme sous la direction de DURAND Pascal et LITZ Marc, Hermès, CNRS, Paris. - FICHTE Johann Gottlieb Discours à la nation allemande, Editions Montaigne, Paris. [...]
[...] Annie Collovald, dans Le populisme du FN Un dangereux contresens, développe de nombreux arguments en rapport à cette problématique, son ouvrage est emprunt d'un ton politique mais dénote quelques points intéressants par rapport au populisme du Front National : l'appel au peuple est d'abord une pratique de gauche, une stratégie ambitionnant de donner position, autorité et dignité à des groupes sociaux exclus de toute représentation politique Le rappel est utile, car les attaques sur le populisme du FN sont portées en partie par la gauche, cependant nous j'ai dit plus haut que le parti frontiste n'hésite ni à revendiquer une meilleure représentativité du peuple, ni bien sûr à s'emparer de valeurs sociales, pour ne pas dire socialistes. Evidemment je ne me base que sur les discours, sans extrapoler sur les applications éventuelles que pourrait mettre en œuvre le Front National en cas d'arrivée au pouvoir. [...]
[...] L'insécurité est également largement dénoncée par le parti frontiste, liée à l'immigration selon le FN, elle lui permet de réaliser de bons scores dans les alentours des villes cosmopolites. Le paradoxe étant que les quartiers les plus touchés par l'insécurité ne sont pas ceux qui votent le plus pour le Front National, le vote FN semble être plus développé sur leurs marges : Le rejet de l'immigré que l'on ne connaît pas ou avec lequel on ne vit pas, mais qu'on devine aux marges du quartier, rassemble autant sinon mieux l'électorat lepéniste que l'hostilité vis-à-vis de l'immigré que l'on côtoie quotidiennement. [...]
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