Médias et transformations du jeu politique

Résumé du document

Le traitement médiatique des violences urbaines et de l'insécurité lors de la campagne présidentielle de 2002 est souvent considéré comme l'une des explications de la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle. Ayant largement diffusés et informés sur le thème de la violence urbaine, les médias auraient ainsi contribué à placer l'insécurité au cœur du débat public, de façon tout à fait artificielle et arbitraire. Ce reproche régulièrement adressé aux médias nous amène à réfléchir sur le rôle de cet acteur social dans la formation du jeu politique.

Au sens large, le mot média est utilisé comme raccourci pour désigner tous les instruments de diffusion de masse et les technologies contemporaines d'informations. Nous nous concentrerons surtout sur la télévision et la presse écrite. Le jeu politique quant à lui désigne la construction du champ et de l'activité politique par ses acteurs divers : hommes politiques, leaders d'opinion, sondages, médias, citoyens.

Du fait de la médiatisation croissante de la vie politique, la question se pose d'une modification non pas des règles du jeu politique, mais de la façon dont celui-ci se construit. Dans quelle mesure peut-on dire que les médias modifient la nature des interactions entre personnels politique et public ?

Extraits

[...] En effet, le discours ambiant, véhiculé par des experts en communication, des journalistes politiques, des élus, présente les médias comme des acteurs omnipotents. Le qualificatif de quatrième pouvoir leur est d'ailleurs régulièrement attribué. Du fait de la médiatisation croissante de la vie politique la question se pose d'une modification non pas des règles du jeu politique, mais de la façon dont celui-ci se construit. Dans quelle mesure peut-on dire que les médias modifient la nature des interactions entre personnels politique et public ? Les médias amènent un nouveau cadre et des nouvelles caractéristiques dans la relation entre personnels politique et public. [...]

[...] La médiatisation modifie la forme du discours politique a. Transformation du discours politique: Personnalisation: consiste à valoriser certains traits de caractère et jouer sur le registre de l'intimité. Ainsi les hommes politiques cherchent à donner un sentiment de proximité aux électeurs. L'homme politique se construit alors une façade conforme à leurs attentes (E. Goffman). Dramatisation et théâtralisation: la politique est alors assimilée à un spectacle. Ainsi les problèmes récurrents ou permanents comme la question du chômage ou de la pauvreté sont occultés au profit d'évènements qui se prête à une forte médiatisation comme des inaugurations ou investitures . [...]

[...] Bibliographie Le pouvoir des médias : Mythes et réalités de Grégory Derville (Broché - 26 mai 2005 Les rites d'interaction de Erving Goffman (Broché - 1er octobre 1974) Sociologie politique de Philippe Braud (Broché - 2 septembre 2008) Influence personnelle : Ce que les gens font des médias de Elihu Katz, Paul L. [...]

[...] Les autres protagonistes journalistes, sondeurs, citoyens- émettent eux aussi des jugements, proposent des images qui sont autant de vecteurs d'info différentes ou antagonistes. Ce conflit des interprétations est d'autant plus important lors de la campagne électorale, ou chacun veut cristalliser ce que le public perçoit des événements et des enjeux. Candidats, médias, sondés et leaders d'opinion sont inscrits dans un cercle d'interdépendance pour produire la réalité électorale du moment. Les gouvernants définissent le calendrier, l'agenda politique : contenu du conseil des ministres, débats parlementaires, grand rassemblement de leur parti, chantier prioritaire des gouvernants, etc . [...]

[...] (ex de la manif de médecine à Paris en 1983 où les étudiants ont fait appel à un cabinet de relations publiques). La manif ne produit ses effets que lorsqu'elle parvient à susciter de larges recensions dans la presse écrite, parlée et télévisée. Le mythe de la une analysée par Champagne montre que nous sommes dans une course au sensationnalisme. La première page des quotidiens constitue le lieu stratégique que les groupes sociaux et leurs représentants se disputent dans leur souci d'agir sur le champ pol. [...]