Les médias français expérimentent la télé-réalité pour la première fois le 26 avril 2001 lors de la première de Loft Story. Le succès est immédiat avec une audience de 5,2 millions de téléspectateurs. Soixante-dix jours plus tard, la barre des 11 millions est franchie, lors de la dernière émission. Entre-temps, la France entière lofte (selon l'expression de Christian Bosséno). Pour preuve, la couverture médiatique : quatre unes et 24 articles dans Le Monde, une chronique quotidienne dans Libération et près de 300 couvertures de magazines.
Importé tout droit des Pays-Bas et distribué par la société Endemol, le concept se taille une place de choix dans le paysage télévisuel français. L'engouement et la couverture médiatique sont exceptionnelles. Très vite, le phénomène explose et se décline sur tous les registres. Des distinctions de format apparaissent : de la télé-réalité au reality show en passant par la télé-forum, cette nouvelle façon de faire de la télévision épouse quantités de répertoires. Gouvernée par la culture du résultat, la télé-réalité passe de la banalisation du banal à la valorisation de l'extraordinaire. C'est l'espace public en tant qu'ensemble des espaces de passage et de rassemblement à l'usage de tous, soit qu'ils n'appartiennent à personne soit qu'ils relèvent du domaine public, qui semble être bouleversé. Mais c'est surtout la figure du spectateur-citoyen qui émerge, tant au niveau culturel que politique.
[...] On le voit, la question est vive. Patrick Le Lay, PDG de TF1, va jusqu'à publier une tribune dans Le Monde où il attaque le Loft pour des raisons déontologiques, morales et politiques aux responsables d'associations familiales de décider si Loft Story et ses sous-produits pornographiques mettent en cause la protection de l'enfance ; cette évolution est-elle compatible avec l'exception culturelle française ? Quelques mois plus tard, TF1 lance Koh-Lanta puis la Star Academy L'exhibitionnisme Si le public est voyeur, les candidats quant à eux s'exhibent volontiers. [...]
[...] Le concept de l'émission 36 heures n'a pas marché, mais peut être qu'un jour les citoyens élimineront les prétendants à un poste politique par sms. - Une forme de démocratie directe, ou plutôt une démocratie d'opinions ? La encore, Erik Neveu explique le nouveau rôle pris par l'opinion publique. D'après lui, on peut distinguer deux sortes d'opinion publique : une représentative, et une qui ne l'est pas. Il y a à la télévision depuis les années 80 une relation inversement proportionnelle entre présence de l'opinion publique à la télé et représentativité. [...]
[...] François Jost affirme que : loin d'être une révolution absolue dans l'histoire de la télévision, loin d'ouvrir une nouvelle ère, cette télévision ( ) apparaît plutôt comme une suite de formules particulièrement bien travaillées, remarquablement bien peaufinées à partir des émissions les plus populaires de la dernière décennie (L'Empire du Loft). Si la chose surprend, elle n'est pas nouvelle. Deux questions : Si la télé-réalité n'est pas une nouveauté en terme télévisuel, qu'en est-il en terme artistique ? Est-elle, de nouveau, dans une certaine filiation ? Peut-on parler d'un phénomène culturel ? Retour un arrière : le culte du banal. D'un point de vue purement conceptuel, Jost rapproche la télé-réalité de mouvements artistique comme le dadaïsme, le cubisme et le surréalisme. [...]
[...] - L'illusion de la proximité. Alors que le principe même des émissions télévisuelles est de rendre les hommes politiques plus proches des gens, c'est finalement l'inverse qui a lieu. Ces formes de débats télévisés entre le public et le politique, qui a remplacé progressivement les joutes oratoires entre professionnels, ont entraîné une professionnalisation encore plus forte du politique, avec une nouvelle division des taches. Prise d'importance de plus en plus forte des conseillers en communication, et d'acteurs qui viennent se placer dans le message de communication. [...]
[...] Tout commence par un mot, la télé-réalité. Or, celui-ci est totalement inapproprié, tant les participants sont instrumentalisés, les émissions soigneusement montés, plus ou moins scénarisées, voire truquées Cette dérisoire réalité qui consistait à enfermer des jeunes gens dans un lieu clos pour les instrumentaliser et les regarder vivre ne fait plus recette. La seconde génération de télé-réalité s'est encore diversifiée et a dû renouveler ses concepts Analyse de Dominique Mehl, La télévision relationnelle La promesse de Loft Story est d'offrir au téléspectateur un spectacle du réel, une plongée dans la vie vraie des gens vrais ( ) En fait, l'émission n'échappe pas à la logique télévisuelle qui affecte l'ensemble des programmes. [...]
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