En 1964, et donc bien avant la naissance et la démocratisation d'Internet, le théoricien de la communication canadien Marshall McLuhan développe dans son ouvrage « Understanding Media: The Extensions of Man » la notion de « village planétaire ». Les progrès des médias et des NTIC, dans un contexte de mondialisation, ont contribué à rendre obsolètes les frontières physiques des continents, des Etats et des régions. Pour McLuhan, nous avons quitté la « galaxie de Gutenberg » pour rejoindre celle de Marconi (inventeur de la TSF) : « nous vivons actuellement dans un village global, un happening simultané ». Cette technologie est à la mondialisation ce que le rail est aux révolutions industrielles du XIXe siècle.
Par ailleurs, en démontrant que « le média est le message », McLuhan prête aux médias (à l'époque, télévisés et radiodiffusés) un rôle créateur et non seulement transmetteur. Le média n'est plus le simple moyen de communication, il est le contenu de la communication.
Mais il serait réducteur de prétendre que ce village planétaire n'est créé que par les médias. Aujourd'hui, un Américain et un Africain ont bien plus en commun que des médias ou les informations véhiculées par ceux-ci : c'est tout un système de valeurs et de perceptions que partage le village planétaire, et que plusieurs canaux contribuent à définir.
Pourtant, il subsiste un certain nombre d'horizons indépassables qui ne s'intègrent pas du tout dans ce village. Des domaines réservés, comme l'accès au marché ou la liberté d'expression, peinent à se diffuser. Inversement, l'intégrisme religieux ou le totalitarisme sont combattus.
Et dans le même temps, on devine toute l'hétérogénéité dudit village, toutes les spécificités régionales (culture, langue, religion…) qui particularisent le rapport des populations aux médias. Tout en étant partagées, des valeurs dites « universelles » ont des acceptions locales bien distinctes, à commencer par la démocratie ou les droits de l'homme.
[...] On voit tout le paradoxe : en voulant répandre le modèle occidental dans le monde entier, les médias alimentent le fanatisme religieux de Jihad ; en voulant combattre l'Occident et mener une guerre sainte, les intégristes islamistes utilisent les médias, les nourrissent, et donc les renforcent. b. L'existence d'un phénomène de concentration des acteurs Cette hétérogénéité avérée du village planétaire amène à faire également le constat d'une concentration persistante des acteurs. La culture américaine est de loin la plus diffusée au monde. Dans le domaine sportif, l'Occident a encore une longueur d'avance. Les économies africaines accusent un retard vertigineux sur les pays industrialisés. [...]
[...] En effet, la concentration des acteurs reste importante, et ce dans tous les domaines. Cependant, plus qu'une suprématie occidentale ou est- asiatique, c'est le retard accusé par le continent africain et par quelques pays sud-américains qui explique les hétérogénéités du monde actuel. Et bien que les médias ne soient pas réticents à montrer des images de pauvreté, la facilité avec laquelle les sociétés occidentales se sont approprié les NTIC devient pratiquement contre-productive. L'accoutumance à ces nouveaux médias entraîne une baisse de l'attention sur ces problèmes dans des pays lointains ; avant même de s'insurger devant les images de la misère, on cherche à se rassurer sur le fait que cela se passe loin de chez soi Bibliographie Durand, M.-F. [...]
[...] Cette suprématie est de plus en plus souvent remise en question. La Chine, par exemple, développe une stratégie d'aide au développement en Afrique de façon à concurrencer l'Occident. Le mouvement altermondialiste s'interpose également, et s'adresse pour cela à une opinion publique internationale Par le biais de médias essentiellement occidentaux, plongeant ainsi l'observateur international dans la confusion la plus complète. Plus préoccupants, des groupuscules terroristes tels Al-Qaida tentent de faire reconnaître par la force l'existence d'une autre vision du monde que celle prônée par Washington, Londres ou Paris. [...]
[...] Les médias créent-ils un village planétaire ? Introduction En 1964, et donc bien avant la naissance et la démocratisation d'Internet, le théoricien de la communication canadien Marshall McLuhan développe dans son ouvrage Understanding Media: The Extensions of Man la notion de village planétaire Les progrès des médias et des NTIC, dans un contexte de mondialisation, ont contribué à rendre obsolètes les frontières physiques des continents, des Etats et des régions. Pour McLuhan, nous avons quitté la galaxie de Gutenberg pour rejoindre celle de Marconi (inventeur de la TSF) : nous vivons actuellement dans un village global, un happening simultané Cette technologie est à la mondialisation ce que le rail est aux révolutions industrielles du XIXe siècle. [...]
[...] C'est bien là la preuve qu'un village planétaire, à supposer qu'il existe, n'est pas homogène. De la même manière, les médias ne suffiront certainement pas à bout des différends politiques et historiques qui continuent de fractionner le monde de façon souvent brutale. Le mur de Berlin n'est tombé qu'en 1989, et bien que les médias y ont certainement contribué, ils n'auraient pu avoir gain de cause sans une mobilisation politique et citoyenne. Dans le domaine économique, le recours au protectionnisme est toujours aussi fréquent, des barrières douanières tarifaires contredisant l'idée pourtant affichée d'un espace mondial de libre-échange De même, les politiques d'immigration sont de plus en plus régulées. [...]
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