Science Politique ; Histoire politique ; Pouvoir politique ; Totalitarisme ; Masses ; Peuple ; Domination ; Répression politique : Idéologie ; Homme nouveau.
La démocratie libérale semble être le modèle politique incontestable dans nos sociétés contemporaines. Cette situation résulte d'un siècle très agité en expériences politiques. En effet, contrairement à une démocratie libérale peu apte à se renouveler, les totalitarismes se sont confrontés au problème de l'intégration des masses en politique. Le suffrage universel, fondé sur un postulat égalitariste, est largement remis en cause. Il semble que la communauté politique ne peut plus se fonder simplement sur une domination légale-rationnelle ? Après la Grande Guerre, le monopole de la violence physique légitime accordé depuis toujours à l'Etat est ébranlé. Le totalitarisme renvoit à un pouvoir absolu et inédit sur les masses. Ainsi, totalitarisme et modernité entretiennent un lien étroit. Historiquement, l'adjectif totalitaire est né en 1923 dans la bouche de Giovanni Amendola (député libéral italien) pour dénoncer la main mise fasciste sur l'administration. On assiste dans les années 1950 à la théorisation politique du concept de totalitarisme dans les pays anglophones. Selon H. Arendt, la matrice du totalitarisme est l'impérialisme et l'antisémitisme. Le totalitarisme relève donc d'un débat philosophique. Les scientifiques adoptent des approches plus ou moins différentes de la notion. Le totalitarisme apparaît de fait comme un concept dynamique. Si les différents régimes totalitaires connaissent des parentés, ils relèvent de moteurs différents et les amalgames ne sont pas possibles. Le totalitarisme constitue finalement un pouvoir qui affirme son monopole sur la société et sur l'Etat en s'appuyant sur une idéologie qui prétend à l'exclusivité. Il met en oeuvre une mobilisation totale de la population. En effet, pour le parti et donc pour l'Etat, il s'agit de limiter les marges de manoeuvre des individus en mettant au pas la société civile. Le respect des libertés et des droits individuels est rejeté au profit de la mise en place d'une communauté nationale unie. Il existe un véritable contrôle des activités des individus et de leur esprit, une emprise idéologique sur la société permise par un appareil policier efficace employant la terreur. En quoi, alors, les masses jouent-elles un rôle fondamental dans l'établissement des régimes totalitaires ? En quoi la relation entre masses et totalitarisme est-elle ténue sinon essentielle ? Si l'encadrement des masses est une mesure qui apparaît facilitée par le contexte et par la séduction qu'exerce les totalitarismes, il devient une expérience répressive et violente dans la mise en oeuvre du projet idéologique totalitaire.
[...] La Terreur est le ressort de l'Etat totalitaire, l'instrument des partis. Terrifiante violence institutionnalisée. Elle permet de maintenir la pureté doctrinale et de préserver la communauté nationale des ennemis. Création de la police politique qui traque les ennemis du régime. En Italie, il s'agit de l'OVRA, en Allemagne, la Guestapo. En 1940, on observe l'ouverture de camps de concentrations italiens. En Allemagne, dès 1933, le camp de Dachau est ouvert, il retient des prisonniers politiques avant d'y retenir les populations juives. [...]
[...] Projet fou de modelage de l'homme à une volonté idéologique totale, le totalitarisme n'a nulle part réussi à transformer l'individu et à absorber la société civile. Mais cet échec n'empêche pas que l'effort de réalisation ait été tenté, aux prix de souffrances considérables pour les populations victimes de l'entreprise. La machine totalitaire met en place la coercition. Le primat de l'idéologie dans un Etat partisan. A la différence de l'Etat libéral, l'Etat totalitaire entend, par la contrainte, organiser la société afin qu'elle échappe aux défauts et aux tares du libéralisme. En Italie, il s'agit de briser toute classe sociale représentant des intérêts individuels. [...]
[...] Le parti et l'Etat fusionnent très rapidement. Toutes les mesures sont mises au service de l'accomplissement de l'idéologie. L'Etat, qui détient le monopole de la violence légitime, est au serive de l'idéologie du parti et du chef charismatique. L'idéologie est définie par le parti qui est seul sur la scène politique. Il n'existe pas de concurrence politique pour la conquête du pouvoir. En effet, le chef charismatique est l'élu du peuple, il tire toute sa légitimité du corps de la nation. [...]
[...] Les camps font l'objet d'une rationalisation extrême. Mise en place de nouveaux bourreaux, H. Arendt parle d'« assassins de bureau ». En URSS, la dékoulakisation constitue une étape décisive dans la mise en place de la Terreur stalienienne. Terreur politique : suspension des libertés de presse, de réunion, d'organisation. Terreur économique : terreur à l'encontre de la bourgeoisie agraire industrielle, à l'encontre des koulaks (S. Courtois parle de « génocide de classe ») à 6 millions d'Ukrainiens ont trouvé la mort pendant la grande famine. [...]
[...] Ce sont des corps disciplinés, des corps fantasmés que l'on retrouve dans tous les arts. Ce sont des corps antiques revisités, plus musclés et plus belliqueux. Ces corps sont les miroirs des régimes totalitaires. Pour les Nazis, il s'agit d'exater le modèle aryen et le régime reprend les modèles antiques gréco-romains. Les avants-gardes sont mises à l'index. Les artistes des Etats totalitaires sont soumis aux exigences du régime auquel ils doivent obéir et qu'ils doivent glorifier s'ils ne veulent pas être contraints au silence. [...]
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