Maroc, Maréchal Lyautey, contre-modèle de régime colonial, colonisation, protectorat français, colonies françaises
Jules Ferry disait « la colonisation est la fille de la politique industrielle », et le Maréchal Lyautey conserve à l'esprit que le but premier de l'instauration d'un protectorat au Maroc est d'ordre économique. Il s'agit en effet de développer les débouchés commerciaux et d'optimiser l'exploitation des ressources naturelles. Fils d'ingénieur des Ponts-et-Chaussées, Lyautey comprend très vite également le rôle des infrastructures de transport dans le travail de modernisation du pays.
[...] Dans les zones montagneuses reculées, on met en place un réseau de médecins et d'infirmeries itinérantes chargés d'aller à la rencontre des populations n'ayant pas accès à aux soins. Le nombre de médecins reste toutefois très faible : il n'est que de trente-huit en 1912, et de 495 en 1924, dont la moitié sont marocains. S'il est un domaine où la personnalité de Lyautey a particulièrement brillé, c'est celui de la religion. Aristocrate profondément croyant, il saisit comme rarement un administrateur français en terre musulmane l'a fait avant lui, l'importance de l'islam dans la société marocaine. [...]
[...] Abd El Krim, fervent admirateur de Mustapha Kemal prend alors la tête de ces mouvements de révolte qu'il parvient à unifier. Le 22 juin 1921, il réussit à repousser les troupes du général Sylvestre envoyé pour rétablir l'ordre. Renouvelant l'exploit de 1909, Abd El Krim tire un grand prestige de cette victoire, allant jusqu'à proclamer dès le mois de juillet, la république confédérée des tribus du Rif alliant la modernité des techniques administratives européennes et la tradition islamique rifaine. Il commence également à étendre ses velléités de libération au protectorat français. [...]
[...] Lyautey n'élude d'ailleurs pas complètement ces critiques. Aussi prend-il conscience a posteriori du manque d'effectivité des institutions traditionnelles marocaines maintenues dans leur forme originelle. Le résident général, malgré la symbolique du serviteur qu'il s'applique à imprimer dans ses relations avec le sultan, lui confisque en vérité le pouvoir pour mettre le pays sous tutelle. Et c'est de cette tutelle que cherchent finalement à se défaire les fils du protectorat, ceux de la première génération de l'élite marocaine éduquée sur son sol et au fait des idées modernes. [...]
[...] Cette résistance est par ailleurs à replacer dans le contexte de partage du territoire marocain opéré entre la France et l'Espagne. Cette dernière exerce en vertu du traité de Fez son protectorat sur la côte septentrionale, de Tanger à Melilla, comprenant ainsi le Rif. S'étendant jusque dans les montagnes, les tribus de cette région se sont bien avant le protectorat rebellées face à l'occupant espagnol. Ainsi, en 1909, la guerre hispano-rifaine constitue l'une des rares défaites d'une nation européenne face à des troupes africaines. C'est donc dans cette continuité que s'inscrit le mouvement indépendantiste d'Abd El Krim. [...]
[...] Et alors que le conflit s'installe dans la durée, malgré le manque d'hommes et de moyens, la stratégie de défense active porte ses fruits, affaiblissant et divisant les rebelles jusque dans les montagnes, et ce, malgré le soutien matériel effectivement apporté par l'Allemagne aux rebelles à partir des possessions espagnoles. Néanmoins, cette politique de Pacification entreprise au début des années 1910 s'inscrit dans le temps long. Si la conquête du plat pays est rapide, celle des montagnes se révèle plus délicate. Ainsi, en 1918 certains foyers de résistance demeurent actifs avec notamment la tache de Taza au nord, le front du Tadla au centre ainsi qu'au sud l'Anti-Atlas. Les combats se prolongeront jusqu'en 1934 pour venir définitivement à bout des caïds berbères refusant de se soumettre à l'autorité centrale. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture