Maroc, colonisation, protectorat français, Algérie, Maghreb, traité de Fez
« Nous avons trouvé ici les vestiges croulants d'une admirable civilisation, d'un grand passé. Vous en restituez les assises, vous lui reconstituez son chartrier. »
Ces mots prononcés par le maréchal Lyautey en 1927 rendent compte de l'état de décrépitude dans lequel il trouve le sultanat marocain à son arrivée, mais surtout de l'admiration qu'il voue à sa culture, qu'il acquiert progressivement au fil de ses affectations dans le pays. Il mène à partir de 1904, à partir de l'Algérie intégrée à la France, des opérations de neutralisation des tribus marocaines qui ne respectent pas la frontière et harcèlent les positions françaises. Il commande ensuite l'opération de représailles qui conduit en 1907 à l'occupation d'Oujda, dans l'extrême nord-est du Maroc. Mais son destin se lie définitivement à celui du pays à partir de 1912, quand, suite à la signature du traité de Fez qui transforme le pays en protectorat français, il y devient le premier résident général, représentant du pouvoir de la métropole et chef de l'administration française qui s'installe dans le pays. Il occupe ce poste jusqu'à sa démission en 1925, avec un intermède de quelques semaines en France, en tant que ministre de la guerre, de décembre 1916 à mars 1917.
[...] La justice qui s'applique uniquement aux Marocains est elle aussi réformée en octobre 1912, avec l'instauration d'un ministère chérifien de la justice. Les tribunaux makhzen et les tribunaux du pacha dans les villes passent sous l'autorité d'administrateurs français : les contrôleurs civils. Toutefois, ces réformes de la justice n'entraînent pas l'application pour les Marocains d'un système de code à la française, et les procédures judiciaires sont caractérisées par une négligence des droits du justiciable et des procédures, à l'indifférence des autorités françaises. [...]
[...] Cette avancée française inquiète les autorités allemandes, qui en réponse et pour réaffirmer leurs ambitions, envoient le vaisseau Panther dans la rade d'Agadir, illustration parfaite de la politique de la canonnière. France et Allemagne parviennent néanmoins à un accord le 4 novembre 1911, en vertu duquel l'Allemagne renonce à ses vues sur le Maroc en échange d'une partie du territoire français dans le sud du Congo, à défaut du Congo dans son ensemble. Le sultan ne pouvant plus compter sur l'Allemagne pour contrecarrer les ambitions françaises doit se résoudre à accepter de signer le traité de Fez, qui entraîne la fin de l'indépendance marocaine si chèrement défendue, le 30 mars 1912. [...]
[...] La conquête progressive du Maroc et l'installation du protectorat français Alors que l'Algérie est sous une domination totale de la France depuis 1830 et que la Tunisie est devenue, par le traité du Bardo signé en mai 1881 un protectorat français, le Maroc est au début du XXe siècle le dernier pays du Maghreb à avoir conservé un semblant d'indépendance vis-à-vis des puissances européennes, dont les appétits sur ce territoire s'aiguisent, entraînant de nombreuses tensions en Europe. Le Maroc devient une terre de convoitise en particulier pour l'Espagne, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la France. [...]
[...] Tandis que l'indépendance du Maroc est confirmée, sa partie nord est soumise à l'influence espagnole. Les positions de la France sont maintenues, l'Allemagne n'obtient que le maintien de la porte ouverte Or, tout au long de la période allant de 1904 à 1910, Lyautey, arrivé en 1903 dans la zone des confins algéro-marocains, opère à partir d'Oran, il poursuit les tribus marocaines qui s'aventurent au-delà de la frontière, et met en place la technique de la tache d'huile apprise en Indochine et au Tonkin du général Gallieni. [...]
[...] Le pays est partagé entre un protectorat espagnol au nord, une zone internationale comprenant la ville de Tanger, et la zone de protectorat français. La signature du traité déclenche immédiatement des révoltes dans l'ensemble du pays, où la tension contre les Européens avait atteint son paroxysme. Cette crise prend une tournure particulièrement violente dans la ville de Fez : les entreprises et bâtiments européens sont attaqués, et l'état de siège est décrété. Plus d'un millier de Marocains sont tués, ce qui pousse de nombreux volontaires de tout le pays à rejoindre la capitale. [...]
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