En 1957, Allal el Fassi, premier ministre de l'Education nationale du Maroc indépendant, décide l'arabisation du Cours Préparatoire. Cette première tentative d'arabisation, soldée par un échec, faute de cadres et de planification, n'est que la première d'une longue série de mesures ayant pour objectif l'arabisation totale de l'enseignement et de l'administration au Maroc.
Or, au lendemain de l'indépendance, le Maroc est loin derrière son voisin algérien où les germes de l'arabisation ont vu le jour dès les années 30, notamment suite à une loi en 1938. Dans un contexte de colonisation, l'arabisation ne prend sens que dans son opposition vis-à-vis de la langue imposée par l'autorité française.
Dès lors, pourquoi le Maroc n'a-t-il pas eu recours à l'arabisation, dès les années 30 et 40, mais plutôt par mimétisme par rapport à l'Algérie ? (...)
[...] L'arabisation au Maroc : construction d'un Etat-nation ? Sarah Fathallah EN 1957, ALLAL EL FASSI, PREMIER MINISTRE DE L'EDUCATION NATIONALE DU MAROC INDÉPENDANT, DÉCIDE L'ARABISATION DU COURS PRÉPARATOIRE. CETTE PREMIÈRE TENTATIVE D'ARABISATION, SOLDÉE PAR UN ÉCHEC, FAUTE DE CADRES ET DE PLANIFICATION, N'EST QUE LA PREMIÈRE D'UNE LONGUE SÉRIE DE MESURES AYANT POUR OBJECTIF L'ARABISATION TOTALE DE L'ENSEIGNEMENT ET DE L'ADMINISTRATION AU MAROC. Or, au lendemain de l'indépendance, le Maroc est loin derrière son voisin algérien où les germes de l'arabisation ont vu le jour dès les années 30, notamment suite à une loi en 1938. [...]
[...] Face à l'institution monarchique qui s'accapare l'identité nationale une et indivisible, la langue arabe devient possiblement mobilisable par ces acteurs politiques qui tentent de rivaliser sur le sens de ce qu'est l'identité marocaine. Cette démarche demeure très marquée par une volonté nationaliste, et ne semble pas totalement dégagée du complexe du colonisé. En 1930, avec le Dahir Berbère, l'administration coloniale avait officialisé le statut culturel et juridique des populations berbères. Ce Dahir fut perçu par les nationalistes comme une tentative de division des marocains, afin de mieux les contrôler, et la réaction de ces derniers fut la mise en avant d'un facteur commun, la langue arabe, dans un but d'homogénéisation. [...]
[...] En conséquence, on s'est moins donné la peine de camoufler la trace coloniale, parce que, finalement, elle ne gêne pas un pouvoir qui est sûr de ses racines «antécoloniales fondé qu'il est sur son propre mythe d'origine, contrairement à l'Algérie. Dès lors, la Monarchie n'a pas besoin de l'arabe pour légitimer son pouvoir, d'autant plus que le lieu symbolique du pouvoir est justement cette institution monarchique. La langue ne représente pas le lieu principal de l'idée nationale. En ce sens, en bénéficiant du pluralisme, tant partisan que linguistique, entre langues vernaculaires, berbères et française, la Monarchie n'a aucun intérêt à voir l'arabe devenir une langue nationale unifiée puisqu'elle est elle-même le symbole de l'unité nationale. [...]
[...] Entre ressource politique et symbolique sacrale L'arabisation, qui a été pensée pour être un facteur unificateur, du moins dans le symbole, a produit l'effet inverse. En effet, les berbères, durant le Protectorat, avaient toujours vu leurs langues et leurs coutumes respectées par le pouvoir central. Ainsi le Dahir Berbère avait institué le 'orf (droit coutumier) comme droit s'appliquant aux berbères. Or, les premières années de l'indépendance ont amenées la tentative de l'Istiqlal d'implanter partout une administration arabisée, assez hostile à la réalité berbère. [...]
[...] En fin de comptes, on observe les limites dans la construction d'un Etat- nation sur le modèle de la IIIème République dès lors que la langue est devenue un objet politique. S'il y a eu résistance de la part des berbères, c'est parce que, contrairement à la France de l'époque, le problème n'est pas simplement une question de langue mais aussi d'autonomie politique, une autonomie qui leur était jusque là accordée et qui se retrouve menacée par l'arabisation. Somme toute, l'arabisation, d'une ressource symbolique, a été mobilisée par les leaders de l'Istiqlal comme une ressource politique pour asseoir l'Etat marocain moderne. [...]
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