Le congrès de Vienne de 1815 a créé la Confédération germanique, construction politique qui ne satisfait pas les vœux d'unification des Allemands. Cette unification, recherchée depuis longtemps, va naître de trois concepts essentiels qui font leur apparition au cours du XIXème siècle : celui de Volk, celui de Zollverein en 1833 et enfin l'idée de KleinDeutsch, c'est-à-dire l'unification autour d'une Prusse abandonnant l'Autriche.
Après les échecs des unifications nationales du printemps des peuples en 1848, l'unification allemande ne va pas se faire par le peuple, mais par la politique, et plus précisément encore par la guerre. En 1862, Otto von Bismarck est appelé au pouvoir par Guillaume Ier : il a comme projet d'unir l'Allemagne « par le fer et par le sang ». Cette volonté guerrière est "épaulée", en Allemagne, par une expansion économique et démographique sans précédent, à partir de la seconde partie du XIXème siècle. Cette érection brutale d'un nouvel État qui semble s'imposer comme une grande puissance économique et militaire va bouleverser l'équilibre européen, provoquer des tensions et inquiéter les pays européens, en particulier la France et le Royaume-Uni.
Ce contexte peut expliquer l'apparition d'un véritable antagonisme entre deux puissances d'Europe, la France et l'Allemagne, représentées toutes deux par des figures féminines plus ou moins guerrières : Marianne, représentation de la République française qui va connaître son apogée dans les années 1880 et 1890 et Germania, figure allégorique de la nation allemande apparue vers 1813 lorsque les premières idées d'unification firent leur apparition. Comment vont évoluer les relations entre ces deux pays jusqu'au début du XXème siècle ?
Nous considérerons d'abord l'unification et le développement rapide d'une Allemagne puissante, puis nous étudierons les conséquences de la guerre de 1870 sur les relations franco-allemandes, enfin nous observerons l'opposition croissante de ces deux pays jusqu'à son apogée, la guerre franco-allemande de 1914.
[...] En effet, l'Empire allemand est devenu la première puissance industrielle et commerciale du continent. De 1887 à 1889, la France semble complètement isolée. Il faut néanmoins nuancer, en précisant d'abord que le système mis en place par Bismarck demeure fragile et ensuite que ce dernier commence à être contesté dans son propre pays, par l'empereur Guillaume II. Les relations franco-allemandes vont continuer à être tendues jusqu'à la déclaration de guerre de l'été 1914. III. L'opposition croissante des deux puissances jusqu'à l'apogée en 1914 La chute de Bismarck et le retour de la France sur le devant de la scène : En mars 1888, Guillaume Ier meurt et est remplacé par son petit-fils qui devient Empereur, sous le nom de Guillaume II, en juin 1888. [...]
[...] En effet, à côté du pangermanisme, on assiste à l'élaboration de la nouvelle politique de Guillaume II : die Weltpolitik ou politique mondiale. Durant les dernières années du "règne" de Bismarck, les milieux d'affaires et les industriels commencèrent à critiquer sa politique jugée trop centrée sur l'Europe. Bismarck cherchait à faire de l'Allemagne l'arbitre de l'Europe et ne voulait donc pas se détourner de ce but en élaborant une politique coloniale. Mais avec une croissance économique et industrielle très soutenue depuis des années, l'Allemagne commençait, comme les autres pays européens, à manquer de débouchés. [...]
[...] Mais devant l'insistance des autres dirigeants allemands de l'époque, il avait fini par y consentir. Mais maintenant que cette annexion était faite, il fallait protéger la jeune Allemagne unifiée d'un éventuel conflit qui pourrait lui nuire. De plus, malgré le fait que l'Allemagne soit une des premières puissances européennes, la France se relève mieux que prévu du désastre de la guerre et n'accuse donc pas tant de retard. Elle demeure toujours une puissance financière majeure, preuve en est, la rapidité du remboursement des cinq milliards de francs à l'Allemagne ; ses forces militaires aussi semblent n'avoir guère de mal à se reconstituer. [...]
[...] Elle n'est donc pas guerrière, contrairement à Germania, mais elle contribuera à faire naître un sentiment patriotique fort. Ce dernier est parfois accompagné d'un "revanchisme" qui va apparaître progressivement partout en France. Il est alimenté non seulement par la perte des territoires, mais aussi par la crainte de la poussée démographique de l'Allemagne au moment même où la France connaît une récession et un déclin démographique non négligeables. Ce sentiment de frustration se retrouve aussi dans les chansons patriotiques, les romans d'Erckmann-Chatrian ou encore les dessins d'Hansi. [...]
[...] Mais au bout de quelques mois de combats et de siège à Paris, les Français signaient l'armistice. L'unité de l'Allemagne et son essor économique, associés aux maladresses de la France créèrent une opposition très forte dans les années 1860 et aboutissent finalement à la guerre de 1870. On peut retrouver l'évolution des relations entre ces deux pays, dans les deux figures emblématiques qui les personnifiaient. La Germania allemande qui était d'abord l'équivalent de la Marianne française, incarnant la nation et la liberté, s'affirma ensuite comme sa principale rivale, en soulignant davantage ces traits guerriers avec casque, cuirasse et bouclier, selon les représentations. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture