L'étude de la relation entre marché et corps politique apparaît a priori peu évidente : en quoi deux idées aussi distinctes pourraient-elles avoir des liens ? Cette hésitation se trouve renforcée par la très forte connotation que les deux termes renferment : par « corps politique », on pense immédiatement aux penseurs contractualistes tels que Hobbes, Locke ou Rousseau, tandis que l'idée de marché renvoie aux analyses économiques de l'échange, en particulier, celles de Smith, ou Ricardo.
Pour ce dégager de cette aporie, il convient d'approfondir l'étude des termes du sujet. En effet, une définition très réduite des termes marchés et corps politique semble insuffisante pour mettre en lumière l'importance des relations que ces deux termes entretiennent.
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[...] Ainsi, l'organisation même de l'économie de marché mène à l'émergence d'un lien entre les individus qui, s'il est fondé sur l'intérêt, peut rapidement se transformer en lien plus proche du politique et propre à susciter des révoltes de masses qui peuvent faire vaciller le souverain. III. Cependant, le marché semble aujourd'hui échouer à remplir ce rôle A. Non seulement, le marché semble fonctionner indépendamment du corps politique, mais en plus, il ne contient pas nécessairement les germes de la démocratie. Les théories précédentes ont été très critiquées par plusieurs auteurs sur différents points. [...]
[...] La pensée de Montesquieu est à cet égard essentielle. Celui-ci a en effet consacré le Livre XXI de son ouvrage De l'esprit des lois aux rapports qu'entretiennent économie et politique. Il faut tout d'abord replacer son analyse dans son contexte historique : à son époque, le marché s'est largement développé, et on assiste à la naissance d'un véritable capitalisme marchand et à un début de commerce international, bien que celui-ci ne soit bien sur encore en rien comparable avec celui que nous connaissons. [...]
[...] La théorie de Marcel Mauss sur le don dans son Essai sur le don met en avant l'idée que d'autres modes de constitution et de régulation du corps politique que le marché existent. En effet, le marché, avec les contrats individuels, l'échange d'argent, la vente proprement dite et l'estimation du prix en monnaie pesée et titrée, n'est apparu que très tard dans certaines sociétés. D'autres mécanismes leur permettaient pourtant de s'organiser et de constituer un corps politique avec des rapports de pouvoir et des rapports sociaux pour le bien de tous. [...]
[...] Il est délégitimé dans son rôle de créateur de bien commun et de mise en œuvre de l'intérêt général. Les citoyens ne s'unissent plus par le corps politique pour le bien public, s'en désintéressent même (voir les taux d'abstention aux élections) et recherchent d'autres mécanismes d'intégration socio-politique. II/ L'influence du marché sur l'organisation du corps politique peut s'avérer être bénéfique lorsqu'elle participe de la diffusion des idées démocratiques. Si le marché joue un rôle non négligeable dans la constitution du corps politique, il influe également sur son organisation. [...]
[...] Certaines choses ont encore une valeur sentimentale en plus de leur valeur vénale. C'est le cas en ce qui concerne la constitution du corps politique : celui- ci n'est pas fondé uniquement sur des mécanismes de marché et d'échange, mais aussi sur des mécanismes de solidarité et de redistribution que l'on peut considérer comme des dons. Ainsi, notre système d'assurance sociale en France repose sur l'idée que le travailleur a donné sa vie et son labeur à la collectivité et aux patrons. [...]
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