L'humiliation consécutive aux conquêtes napoléoniennes du début du XIXe siècle encourage les Allemands, alors divisés en une multitude d'États, à prendre conscience d'eux-mêmes en tant que nation. Si l'exaltation de la nation allemande a pu servir de ciment à l'unité étatique, ne présente-t-elle pas un danger ?
[...] DOI : 10.3917 /tumu Kastoryano RIVA, Nationalité et citoyenneté en Allemagne aujourd'hui Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 2001/2 nos 70, p. 3-17. DOI : 10.3917 /ving Johann Gottlieb FICHTE, Discours à la nation allemande [1807-1808], Paris, Imprimerie nationale Friedrich Meinecke, Weltbürgertum und Nationalstaat,1908 Étienne Balibar, op. cité en bibliographie, p Étienne Balibar, p J. Habermas, Die nachholende Revolution. [...]
[...] Fichte met ici en avant une nation de raison plus qu'une volonté de vivre ensemble que l'on trouve dans la conception française. Il s'agit de produire le peuple pour produire un effet d'unité, prélude à l'unification étatique. Il faut pour ce faire recourir à deux mécanismes : l'« ethnicité fictive c'est-à-dire le fait de s'appuyer sur la langue, sur l'idée de transcendance et de déterminisme pour inscrire les individus dans la nation, et la nation idéale sacralisation de la nation permettant à l'État d'apparaître comme l'expression nécessaire d'une unité préexistante. [...]
[...] De quelle manière la conception allemande de la nation a-t-elle influencé l'unification étatique de l'Allemagne au XIXe siècle ? L'humiliation consécutive aux conquêtes napoléoniennes du début du XIXe siècle encourage les Allemands, alors divisés en une multitude d'États, à prendre conscience d'eux-mêmes en tant que nation. Si l'exaltation de la nation allemande a pu servir de ciment à l'unité étatique, ne présente-t- elle pas un danger ? Après avoir analysé la manière dont la prise de conscience par le peuple allemand de son existence en tant que nation a favorisé l'unification de l'Allemagne nous verrons qu'il faut relativiser l'agressivité supposée du patriotisme allemand (II). [...]
[...] Habermas, citant Lepsius, évoque la délégitimation du nationalisme allemand : le nationalisme culturel n'est plus, et l'idée d'un nationalisme économique est vide. Dès lors, seul peut servir de ciment à l'unité allemande un patriotisme constitutionnel ; l'unité doit se faire autour de la démocratie. Ce renoncement, ou du moins cette transformation de la conception traditionnelle de la nation allemande est visible dans l'abandon relatif, depuis le 1er janvier 2000, du droit du sang, puisqu'aujourd'hui, un enfant né sur le territoire allemand de parents étrangers nés sur le sol allemand ou arrivés à l'âge de huit ans est Allemand à la naissance. [...]
[...] 134-151 Étienne BALIBAR, La forme nation : histoire et idéologie Race, nation, classe. Les identités ambiguës [1988], dir. Étienne BALIBAR, Immanuel WAL- LERSTEIN, Paris, La Découverte p. 117-152 Rogers BRUBAKER, Citoyenneté et nationalité en France et en Allemagne [1992], trad. fr. J.-P. Bardos, Paris, Belin Werner RUF, La conception de la nation en France et en Allemagne Regards croisés France-Allemagne, 1223 janvier-février 2000 Fleury LAURENT, Habermas et la chute du Mur de Berlin : la “révolution de rattrapage” et l'aliénation de la démocratie Tumultes, 2009/1 n 32-33, p. 79-141. [...]
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