Machiavel, dans Le Prince (1513), donne au peuple la capacité de renverser le Prince imprudent qui ne l'aurait pas ménagé, et affirme que « la meilleure citadelle qui soit, c'est d'être aimé de son peuple ».
Ici, le peuple peut être assimilé à la majorité face à la minorité que représente le Prince et ses ministres. Le terme de majorité (du latin major, « plus grand ») revêt plusieurs acceptations, désignant tout à la fois l'autonomie juridique de l'individu qui acquiert la pleine capacité d'exercer ses droits (majorité civile) ou est reconnu responsable de ses actes (majorité pénale), la capacité dont dispose un individu d'user librement de son entendement – Kant fait du passage de la minorité à la majorité l'exigence propre aux Lumières –, et enfin, le plus grand nombre. Nous exclurons ici les deux premiers sens pour nous préoccuper du troisième.
[...] Il convient de s'interroger sur les conditions de cette utilisation : la force de la majorité peut-elle être utilisée abusivement ? Nous verrons si dans le cas d'une monarchie l'usage de la force par la majorité est légitime, il n'en va pas de même pour les démocraties où un tel abus conduit à l'établissement de la tyrannie de la majorité qui impose ses vues en usant de sa force physique, mais aussi et surtout psychologique. Dans une monarchie où le peuple peut user de sa force pour s'opposer à l'oppression de son Prince cruel, cet usage de la force ne saurait être assimilé à de la violence, car la violence est un usage abusif de la force. [...]
[...] Dans ce cas, la majorité est un droit : l'unanimité ne pouvant être atteinte, les décisions sont nécessairement prises à la majorité. La majorité est un droit, car elle représente le plus grand nombre de citoyens, et cette caractéristique fonde sa légitimité. Par exemple, lorsque les citoyens votent pour les présidentielles, c'est le candidat qui a obtenu la majorité des suffrages exprimés qui sera élu. Il existe ainsi un droit de la majorité dans les régimes démocratiques. La majorité peut également être une force, physique et psychologique. La force n'est pas la violence, mais une qualité moralement neutre. [...]
[...] Le peuple d'une monarchie est une force de par sa supériorité numérique. Cependant, il est aisé pour le Prince de s'assurer que cette force ne soit pas utilisée en acte. Machiavel donne ainsi dans Le Prince tous les conseils nécessaires à un Prince soucieux de garder le pouvoir. Il suffit de ménager le peuple, en usant de toutes les qualités requises à pour exercer le pouvoir, et notamment la ruse. Le Prince s'assurera la bienveillance de son peuple en lui assurant sureté et bien-être, en veillant à ne pas se rendre odieux en volant les biens ou les femmes de ses sujets, mais en se faisant craindre pour ne pas passer à l'instar d'Alexandre pour trop efféminé et de ce fait, insuffisamment digne de respect pour rester au pouvoir. [...]
[...] Une majorité qui userait de sa force pour s'imposer en tant que droit, imposer ses vues en politique et dans la vie civile ne saurait être légitime. La majorité démocratique est un droit, car, à défaut d'atteindre l'unanimité, c'est le plus grand nombre qui doit être représenté. Elle est une force en tant qu'énergie physique et psychologique dégagée par sa supériorité numérique. Mais cette force doit rester neutre, doit rester énergie en puissance, car la majorité ne saurait légitimement être violence. [...]
[...] Une majorité est-elle un droit ou une force ? Machiavel, dans Le Prince (1513), donne au peuple la capacité de renverser le Prince imprudent qui ne l'aurait pas ménagé, et affirme que la meilleure citadelle qui soit, c'est d'être aimé de son peuple Ici, le peuple peut être assimilé à la majorité face à la minorité que représente le Prince et ses ministres. Le terme de majorité (du latin- major, plus grand revêt plusieurs acceptations, désignant tout à la fois l'autonomie juridique de l'individu qui acquiert la pleine capacité d'exercer ses droits (majorité civile) ou est reconnu responsable de ses actes (majorité pénale), la capacité dont dispose un individu d'user librement de son entendement Kant fait du passage de la minorité à la majorité l'exigence propre aux Lumières et enfin, le plus grand nombre. [...]
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