Mais quel a été le rôle de machiavel dans la pensée moderne qui se forme à cette époque ? Quelles sont les idées qui ont fait de lui un auteur reconnu et qui lui ont apporté toute cette postérité ? La pensée selon laquelle Machiavel est à l'origine d'une rupture est-elle fondée ? Et s'il y a rupture entre quoi et quoi ? Il s'agit de comprendre les écrits de Machiavel et savoir où il se situe et quel est son rôle dans le temps dit des modernes qui naît lorsqu'il écrit. L'incroyable postérité de Machiavel a bien des raisons d'être ce qu'elle est, mais comme nous le verrons dans un premier temps, ces raisons de ne résident pas vraiment dans les ruptures dont on dit qu'il est communément le responsable à savoir la rupture entre politique et éthique et la rupture entre Anciens et Modernes. Nous verrons, dans un second temps, que l'originalité de Machiavel réside autre part, dans des thèses souvent méconnues ou mal comprises (...)
[...] La rupture machiavélienne est-elle un mythe ? Selon l'expression de Paul Valadier, de Machiavel on croit tout savoir, et surtout le pire En effet, ce florentin né en 1469 et mort en 1527, qui déchaina controverses et de nombreux conflits d'interprétations, est connu par son nom qui évoque la plus basse façon de faire la politique. Si celui que Shakespeare nomme Machiavel le Meurtrier est connut pour sa principale œuvre Le Prince (1513), il a écrit d'autres livres comme Discours sur la première décade de Tite-Live (1513) ou encore Histoires Florentines (1516). [...]
[...] Selon certains interprètes des œuvres de Machiavel, celui-ci serait à l'origine de la science politique. En effet, selon Cassirer (The Myth of The State, 1946), Le Prince serait un livre de technique politique et cette idée même de technique suppose une rupture avec la pensée classique dans le sens où Machiavel ne distingue pas le légitime de l'illégitime, le bien du mal, sa technique froide et détachée est au service d'un prince comme d'un tyran. Il ne s'intéresse pas du tout au meilleur régime possible mais à sa pérennisation. [...]
[...] Pour Pierre Manent, Machiavel fonde la modernité politique, car son idée de la politique ne part pas de la vertu ou de la morale. Il rompt en cela avec la tradition et ouvre la voie au machiavélisme : les dérives modernes de la politique. Il retient des écrits de Machiavel (et comme beaucoup d'autres) une simple justification des ruses et des manipulations du pouvoir. Machiavel a pourtant une éthique (comme celle des anciens) c'est une morale païenne. Par ailleurs, l'idée que le crime peut payer n'est pas neuve, on peut le voir dans des récits de massacres chez Tacite. [...]
[...] Et s'il y a rupture entre quoi et quoi ? Il s'agit de comprendre les écrits de Machiavel et savoir où il se situe et quel est son rôle dans le temps dit des modernes qui naît lorsqu'il écrit. L'incroyable postérité de Machiavel a bien des raisons d'être ce quelle est, mais comme nous le verrons dans un premier temps, ces raisons de ne résident pas vraiment dans les ruptures dont on dit qu'il est communément le responsable à savoir la rupture entre politique et éthique et la rupture entre Anciens et Modernes. [...]
[...] Bien sûr la notion ancienne de Bien Commun est ici sous-jacente. B . qui mène à un concept de virtù inédit. Il renoue donc avec la tradition par sa référence à une morale collective et en concevant une pluralité des fins, Machiavel ouvre une voie qui suppose la reconnaissance de plusieurs systèmes de valeurs Il met parallèle l'ethique chrétienne et la morale du monde païen puis souligne la non compatibilité de ces deux systèmes. Sans doute sans réellement le savoir, et c'est la thèse de Berlin contre-courant : essais sur l'histoire des idées, 1988), Machiavel a découvert que les valeurs absolues ne sont pas nécessairement compatible entre elles Il ne s'agit pas de séparer éthique et politique ou de rejeter l'un ou l'autre système mais d'admettre que plusieurs systèmes puissent coexister. [...]
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