Les conférences du Comité d'Histoire de la Ville de Paris, « de la charité aux assurances sociales », organisées entre le 7 octobre 2011 et le 6 janvier 2012, ont recensé les différentes actions mises en oeuvre pour lutter contre la pauvreté, depuis l'Ancien Régime jusqu'à aujourd'hui.
Les premiers signes de lutte contre la pauvreté ont indéniablement été des gestes de charité - caritas, en latin, signifie amour. La charité, vertu consistant à faire le bien de son prochain, prend origine dans la tradition chrétienne, désignant l'amour de Dieu tel qu'il s'est manifesté en Christ.
Dans les premiers siècles du premier millénaire, la charité, élan du coeur, consistait en une forte proximité entre les communautés chrétiennes et les populations pauvres: la quête, collecte des vivres et des biens intégrée à la célébration eucharistiques, est redistribuée par les diacres aux veuves, aux malades et aux nécessiteux. Pourtant, aujourd'hui, l'utilité sociale de la charité dans la lutte contre la pauvreté qui revêt aujourd'hui des caractéristiques particulièrement nouvelles, est remise en cause au profit de la notion de solidarité, qui trouve son application dans le système d'assurance sociale.
[...] La charité individuelle est la seule solution à cette pauvreté puisqu'aucun droit à l'assistance n'existe. Si le Concordat en 1801 va rétablir partiellement l'intervention des œuvres religieuses en permettant par exemple aux sœurs de revenir dans les hôpitaux, la transformation brutale de la société dans un contexte de révolution industrielle concentre une large tranche de la population autour de centres urbains et miniers, phénomène qui dissout toute solidarité familiale, les jeunes actifs étant isolés et confrontés à une grande diversité de risques sociaux. [...]
[...] Des initiatives locales, à mi-chemin entre le simple don et un prêt financier classique, ont été pensées afin de lutter d'une façon plus juste contre la pauvreté La thèse selon laquelle les pays pauvres n'auraient pas besoin de charité mais d'opportunités a donné naissance au micro-crédit, sous l'impulsion de Muhammad Yunus, par le biais de la Grameen Bank, octroyant des prêts à des femmes du Bangladesh. Dans les pays en développement, les plus pauvres n'ont évidemment pas accès à des prêts bancaires. [...]
[...] L'incompréhension entre les acteurs des politiques de lutte contre la pauvreté et les bénévoles des oeuvres de charité a longtemps semblé insurmontable. La charité est exclue des politiques publiques de lutte contre la pauvreté, qui lui préfère la justice sociale, mais l'action des politiques publiques apparaît comme technocratique pour une grande partie de la société. Ainsi, la situation sociale des années 1980, ayant dévoilé une pauvreté non monétaire, a donné un élan considérable aux actions de charité suite à la relative impuissance des politiques publiques dans la résorption de la pauvreté, donnant finalement l'impression qu'une action se substitue à l'autre, et que l'on ne peut penser une action politique de lutte contre la pauvreté sans cesser toute action charitable. [...]
[...] En effet, la Révolution Française invente la notion de dette sacrée de la nation envers les plus démunis. Seul le pauvre qui subit son état du fait de son incapacité à travailler bénéficie d'un devoir d'assistance de la collectivité. La vente des biens du clergé et la loi du 7 Frimaire an V (27 novembre 1796), affaiblissent considérablement le rôle social de l'Eglise, et provoquent la dissolution de toutes les confréries, congrégations, et la gestion par les communes de la charité au travers du bureau de bienfaisance et des hospices civils. [...]
[...] Au Moyen-âge, la pauvreté étant généralisée, elle n'entraine pas réellement d'exclusion sociale. Cette pauvreté est dite intégrée selon Serge Paugam ( Les formes élémentaires de la pauvreté, 2005). La famille constitue donc un premier espace de solidarité et la solidarité familiale se double d'une solidarité confessionnelle en direction des indigents qui ne peuvent travailler. La solidarité locale est complétée par l'entraide professionnelle au sein de corporations. L'Eglise jouait finalement un rôle dans l'assistance aux indigents, rôle que Robert Castel considère comme une protection rapprochée des personnes (in L'insécurité sociale, Qu'est-ce qu'être protégé La mise en oeuvre de la charité passe donc par la création d'institutions spécialisées. [...]
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