On va tenter de comprendre comment le parti parvient à attirer l'attention de membres potentiels, comment des individus dotés d'expériences sociales particulières en viendront à entendre son message pour devenir militant.
Il faut alors observer les rapports entre « les effets politiques des déterminismes sociaux » et les « effets sociaux des engagements politiques ». C'est-à-dire, de comprendre ce qu'implique une certaine socialisation dans l'engagement (partisan par exemple), et ce que l'engagement politique produit, implique, dans la vie des militants.
C'est donc la construction du groupe par l'activation de dispositions individuelles qui nous intéresse ici.
On va montrer que des expériences particulières, un type de socialisation particulière motivent l'engagement mais aussi que l'engagement lui-même imprime des modifications dans la vie et l'expérience des militants.
[...] Cela constitue des bornes, des limites à l'environnement symbolique des acteurs L'esthétique du leader Max Weber énonce dans le savant et le politique : Du point de vue psychologique, une des forces motrices les plus importantes de tout parti politique consiste dans la satisfaction que l'homme éprouve à travailler avec le dévouement d'un croyant au succès de la cause d'une personnalité et non pas tellement au profit des médiocrités abstraites d'un programme. C'est justement en cela que réside le pouvoir charismatique du chef. Comme le soulignait Bernard Pudal à propos du PCF et de l'habitus ouvrier qu'il revendiquait, ce filtre éthique conditionne les jugements que l'on porte sur les pratiques militantes et tout militant qui n'administre pas la preuve de son adhésion à cette éthique devient un suspect, un militant en sursis. [...]
[...] Mais alors, comment expliquer que telle ou telle disposition soit activée à un certain moment et permette l'engagement dans un certain type d'organisation politique ? C'est donc la rencontre entre disposition et évènement déclencheur qui permettra l'activation de la disposition en question (et la proximité dans l'espace social encourage de toute façon certaines rencontres). Dans le cas des partis politiques, il s'agit de la rencontre entre des individus ayant reçu une socialisation assez homogène et une organisation qui utilise les réseaux sociaux de ses militants pour inciter à l'engagement. II. La mobilisation des prédispositions individuelles et la construction partisane du militant Pourquoi rester ? [...]
[...] (On n'aborde pas le problème des rétributions du militantisme, qui sera l'objet d'une séance future). Il y a plusieurs techniques, dispositifs possibles : existence d'une école de parti, ou de séminaires qui permettent aux militants de se remettre à niveau idéologiquement, et techniquement. Par exemple, au PCF, on avait une école de cadres, dans les partis trotskistes ou maoïstes, on a aussi des sortes de séminaires. Au FN, des stages sont organisés pour savoir maîtriser le langage nécessaire au débat politique. [...]
[...] On peut remarquer une sorte d'affinité élective entre l'athéisme de la majorité des membres et un certain habitus militant qui s'exprime dans des partis comme le PCF ou LCR. Julien Fretel a montré, concernant les militants UDF, que c'est par leur religiosité antérieurement acquise que ces individus en sont venus à partager des visions du monde communes et à envisager des modes d'action semblables dans et au nom de l'UDF. Par ailleurs (et cela sera développé dans la section sur les réseaux sociaux des militants), être croyant, c'est être amené à fréquenter des milieux sociaux particuliers, des lieux particuliers que les partis intéressés par ce type de profil peuvent investir pour recruter (UDF, Démocratie Chrétienne) Les ressources économiques et culturelles La position de dominer dans l'espace social peut être un référent traumatique dans l'histoire socio-économique des familles de militants, elle est une donnée cruciale dans le processus de socialisation et d'apprentissage de la maîtrise pratique de l'espace des possibles C'est l'idée que selon la place qu'on occupe dans la structure socio- économique, la vision du monde (schème de perception) est différente. [...]
[...] Comment l'organisation mobilise-t-elle les prédispositions et ressources de ses membres ? Quel type de sociabilité cherche-t-elle à développer et par quels moyens s'y prend-elle ? Dans la première partie du développement, on va étudier les prédispositions à l'action dont sont porteurs les individus (socialisation et réseaux sociaux des candidats au militantisme). Dans un deuxième temps, nous nous interrogeons sur les techniques d'inculcation et les pratiques susceptibles d'assurer l'homogénéisation des individus dans le parti. Choses qui sont censées rendre l'individu loyal à l'organisation. [...]
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