Il demeure encore pertinent aujourd'hui d'apprécier ce que l'on envisage par la notion de vérité. En cela, il nous paraît important de là comprendre en lien avec la croyance. Dans cette vision, l'exemple de la justice comme une valeur régalienne importante dans toute société est une croyance bien installée, notamment dans les sociétés occidentales. À ce titre, la justice demeure un idéal politique et moral aussi élevé qu'incontesté. Lorsqu'il s'agit de parvenir à la justice et d'éliminer l'injustice, personne ne s'y oppose, du moins personne ne l'admet publiquement.
[...] C'est pour cela que la preuve est le garant de la vérité. C'est ce que montre Raymond Emson dans son ouvrage Evidence (2010). Selon lui : « Le droit de la preuve est un mélange fascinant de questions pratiques et académiques. Elle est pratique parce que c'est la loi qui est appliquée quotidiennement devant les tribunaux pour déterminer, entre autres, si une preuve doit être admise, l'usage qui peut être fait d'une preuve une fois qu'elle a été admise et la manière dont les témoins peuvent être interrogés » Suivant ce propos, il est donc important d'envisager comment les conceptions partielles de la vérité ont en commun non seulement la structure relationnelle sous-jacente. [...]
[...] En effet, le devoir de vérité s'entend comme un reflux de bonne foi dans un procès civil et vise à protéger le tribunal contre la tromperie et l'adversaire contre l'avantage excessif puisque par exemple « La manière dont le juriste établit les faits trouve des prolongements jusque dans les questions de droit » (Schwauer, 2019). En conséquence, il s'agit d'atteindre le plus haut degré de véracité et d'honnêteté possible, notamment dans sa manière de se justifier (Gettier, 2005), dans l'éclaircissement des faits et, par conséquent, la garantie d'un procès honnête. C'est la « preuve qui va devenir centrale » pour reprendre la terminologie de John W. [...]
[...] En effet, suite à ce propos, nous comprenons bien comment les faits se nourrissent de la croyance pour pouvoir établir la vérité, tant sur le plan judiciaire, politiques et social. [...]
[...] C'est une justification de fait, mais minimale. Il est donc possible d'aller plus loin, en reliant la notion de vérité aux deux dimensions les plus saillantes de la sphère politique et aux biens qu'elles produisent typiquement. La première dimension est celle de la résolution de problèmes : selon de nombreuses définitions, la mission principale de la politique est la résolution de problèmes collectifs par des décisions souveraines contraignantes (Crettiez et al. 2018). En cela par exemple, il peut arriver que des problèmes deviennent « collectifs ». [...]
[...] Ce n'est pas pour rien que, dans l'ordre politique actuel, le consentement du parlement au travail du gouvernement s'exprime par la mention "voter pour la confiance", comme pour souligner le fait que le parlement accorde ou non au gouvernement l'espoir qu'il y ait quelque chose de positif et non trompeur dans son action. Finalement, comme l'affirme Frederick Schauer (2022) : « C'est une chose de dire qu'il y a des faits ; c'en est une autre de déterminer quels sont ces faits. Et une fois que nous passons de l'idée d'un fait à des questions sur la détermination de ce que sont ces faits - pour décider quelles affirmations sur les faits sont vraies et lesquelles sont fausses - nous entrons dans le domaine de la preuve ». [...]
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