Le caractère constitutionnel de la liberté de la presse est posé par le Conseil constitutionnel en 1971 (et celui de la liberté de la communication en 1982). En 1974, l'ORTF est démembré en sept sociétés autonomes, du moins en apparence. Les chaînes disposent en effet d'une autonomie financière mais les responsables des chaînes sont tous nommés par le Président de la République, lui permettant de ne pas totalement relâcher la maîtrise de l'information. En 1981 arrivent les élections présidentielles et les relations presse-politique deviennent plutôt tendues, notamment à cause de l'« affaire des diamants ». L'arrivée de François Mitterrand au pouvoir est le commencement d'une nouvelle ère pour les médias. La libéralisation débute avec la création de trois chaînes privées (Canal+, de la Cinq et TV6) en 1985, puis continue avec la privatisation de TF1 en 1987. Il s'agit donc d'une libéralisation avant tout audiovisuelle. Cette totale liberté est néanmoins factice. Cet artifice est très bien illustré par l'« affaire Coluche ». Lorsque le comique se présente aux élections présidentielles de 1981, les responsables politiques s'inquiètent. Parallèlement, on constate que les émissions de débat politique n'invitent plus l'artiste. Une attitude identique est peu après adoptée par les émissions de variété. Patrick Meyer, journaliste à Radio 7 qui avait convié Michel Colucci nonobstant la censure, est licencié. Depuis le début des années 1990, la liberté des médias est a priori confortablement assise dans le paysage juridique français. Pourtant si la censure a disparu, les pressions politiques existent, même si elles ne sont pas toujours connues du lecteur. Ainsi on peut trouver en ce moment sur le site de l'Observatoire français des médias une demande d'Etats généraux pour une information et des médias pluralistes afin de lutter contre la concentration dans le milieu journalistique des hommes politiques et des hommes de lettre. Cette situation est poussée à l'extrême en Italie où Silvio Berlusconi, encore chef du gouvernement jusqu'en avril de cette année, est également le propriétaire des médias les plus influents. Les journalistes italiens ne peuvent pas mener leurs interviews librement car les questions sont triées et choisies à l'avance. Lors des élections, la seule journaliste ayant voulu mener l'entretien comme elle l'entendait s'est entendue insulter et a vu Berlusconi quitter le plateau en plein milieu de l'émission. A la lumière de ces événements, on peut donc se demander si la consécration de la liberté d'expression des journalistes est une réalité en politique. La question est difficile car la politique et le journalisme forment un duo traditionnel (I). Toutefois, depuis une quinzaine d'années, les journalistes cherchent à affirmer leur indépendance (II).
[...] Gabriel Macé, dans Le Dossier du Canard numéro deux (le premier consacré à ses caricatures), parle de l'art meurtrier de la caricature politique La caricature est un art contestataire et cette définition colle parfaitement à l'esprit du Canard enchaîné. Le caricaturiste politique y a donc un rôle indispensable et participe au même titre que les journalistes traditionnels au débat public. André Ribaud disait d'ailleurs à propos de Moisan : Mêlé au grand dessinateur, il y avait en lui un grand journaliste, avisé, sûr, qui savait apprécier avec justesse une situation politique et voir le parti d'en rire qu'il pouvait en tirer. 4. [...]
[...] Dans le cadre de la presse, l'Etat fournit à celle-ci des aides, directes ou indirectes, encadrées par des textes législatifs. Certaines personnalités politiques voient en ce système l'occasion de légitimer un droit de regard sur l'activité journalistique. Ensuite, si la critique est libre, elle ne doit pas sombrer dans la diffamation. Dans un arrêt du 21 janvier 1985, la première chambre de la Cour d'appel de Paris a estimé que les éléments constitutifs d'une diffamation n'étaient pas réunis dans une appréciation purement technique et qui ne contient aucun jugement d'ordre professionnel Ce sont les articles 31 et 33 de la loi de 1881 qui répriment les diffamations et injures envers les représentants de l'Etat (serviteurs de l'Etat et membres du ministère ou du parlement français). [...]
[...] Livrés de surcroît depuis une vingtaine d'années au pouvoir économique, les médias n'ont pas fini de lutter pour conquérir leur indépendance. Simone de Beauvoir, Les Mandarins Daniel Carton, Bien entendu c'est off Propos tenus par B. Poulet in Le pouvoir du Monde ou les illusions perdues Rencontres organisées par France Culture et par Le Monde à Montpellier. Le Style du Monde Ce livret spécial contient des indications sur l'organisation du journal et une charte que les journalistes doivent respecter. Interview d'Edwy Plenel pour Technikart, numéro 69, janvier 2002. [...]
[...] Les déjeuners organisés par les personnalités politiques ont pour objet d'appâter les journalistes : invitations à la Comédie-Française, à l'Opéra, aux vernissages dans les musées nationaux, à la cérémonie des Césars ou au Festival de Cannes. Seulement la contrepartie de ces petits cadeaux est souvent demandée quelques temps plus tard : camoufler les petits stratagèmes, les petites affaires qui causeraient du tort si elles étaient ébruitées. Le jour où Daniel Carton commença à dire ce qui ne devait pas l'être, on demanda sa tête à la direction du journal qui refusa. Dès lors, le journaliste fut éjecté du cercle des privilégiés. [...]
[...] Néanmoins toute le presse en prit pour son grade et les hommes politiques en profitèrent pour régler leurs comptes avec les journalistes ou comités de rédaction qui avaient dénoncé et mis en avant leurs erreurs. Le jour de l'enterrement, l'ancien Président de la République François Mitterrand les qualifia de chiens bafouant les lois fondamentales de la République, celles qui protègent la dignité et la liberté de chacun d'entre nous La même année, G. Kiejman soulignait : Il y a dans le rôle tribunitien de dénonciation des médias, dans leur prétention à désigner ce qui est bien et ce qui ne l'est pas, une déviation dangereuse pour la démocratie Malgré cela en 1996, TF1 se défendait néanmoins : L'émission n'a rien à se reprocher, elle a joué son rôle normal dans une démocratie Position identique pour Le Canard enchaîné qui affirmait ensuite qu'il continuerait à remplir son devoir en informant les citoyens. [...]
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