Il est difficile de définir ces deux termes tant leurs usages sont fréquents et divers. Le concept de multiculturalisme a initialement été forgé aux Etats-Unis et au Canada dans les années 70. Il se caractérise par la revendication par des groupes minoritaires de la reconnaissance institutionnelle des valeurs jusqu'alors dépréciées de leur culture. Le libéralisme, au sens politique, se caractérise quant à lui par l'affirmation des libertés et droits individuels. Ces deux notions paraissent donc antagonistes dans la mesure où le multiculturalisme réclame de l'Etat qu'il considère les communautés et leur garantisse des droits collectifs –à l'instar de l' « affirmative action »- tandis que le libéralisme impose à l'Etat de ne voir que les individus et de n'assurer que des droits et libertés individuelles. La question qui se pose à nos démocraties libérales occidentales et donc celle de la citoyenneté. Peut-on envisager une citoyenneté multiculturelle pour reprendre le titre de l'ouvrage de Kymlicka ? Est-ce une entorse à la définition proprement individuelle et neutre culturellement du libéralisme ? Comment concilier les exigences démocratiques de nos sociétés libérales à la diversité culturelle qui compose de fait les sociétés occidentales ?
[...] La construction de l'unité française ne s'est faite qu'avec la IIIème République et sa culture républicaine. Dès lors, cette neutralité affichée prend des accents quelque peu hypocrites et masque en fait le règne d'une culture dominante, souvent source de discriminations à l'égard des minorités. Des discriminations qui portent atteinte au fondement même du modèle libéral On perçoit cependant la crainte de certains libéraux et les raisons du rejet du multiculturalisme. Ne risque-t-il pas de saper l'unité nationale indispensable à l'existence même de l'État ? [...]
[...] C'est ce que souligne Marco Martiniello. Avant de penser à des droits spécifiques pour les minorités, il est essentiel de prendre conscience de l'impact de ce type d'exclusion dans les revendications culturelles et agir en conséquence. Il s'agit concrètement d'offrir aux individus une perspective de réussite dans la société et de ne pas les condamner au repli identitaire, au retour au passé. Ce point nous permet d'ailleurs de percevoir les éléments susceptibles d'engendrer une balkanisation des cultures. Là encore, c'est au niveau de l'individu qu'il faut interpréter le phénomène de ghettoïsation des cultures. [...]
[...] Qui plus est, l'identité d'un individu n'est jamais figée dans le marbre. Elle résulte d'une construction sociale, d'un processus permanent, mouvant, dynamique, intimement lié aux expériences personnelles. Des dérives potentielles Une telle conception du multiculturalisme a d'autres conséquences néfastes. Cette vision est intimement liée à l'idée d'une culture majoritaire qui écraserait les minorités. Dès lors que l'on pense les ensembles culturels comme distincts, clairement séparés, le multiculturalisme prône de reconnaître des droits aux cultures minoritaires pour affirmer l'égalité des cultures. [...]
[...] En d'autres termes, la culture se décline de deux façons. D'une part une culture du passé qui rassemble notre héritage, nos souvenirs, notre mémoire et qui contribue pour une bonne part à notre identité, mais également une culture présente, en vue du futur. À l'image de l'individu, la culture mêle étroitement l'héritage du passé et la promesse d'un futur rassembleur, du moins susceptible de rassembler les différentes cultures. Cela suppose donc que tous les individus, toutes les communautés culturelles partagent une vision commune de l'avenir et une volonté commune de le construire ensemble. [...]
[...] En ce sens, ce sont les limites du libéralisme qui ont enfanté la philosophie multiculturaliste. L'affirmation des droits individuels ne suffit donc pas pour garantir l'égalité des citoyens. III. La nécessité d'un compromis entre multiculturalisme et libéralisme Libéralisme et multiculturalisme ne sont pas irrémédiablement inconciliables Le multiculturalisme peut comme on l'a vu remettre en cause certains principes essentiels du libéralisme. Pour autant, la philosophie libérale, nourrie par la réflexion de nombreux penseurs libéraux, repose sur un principe central : la recherche de l'intérêt individuel contribue au bien commun. [...]
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