Khomeiny voulait remplacer la dynastie Pahlavi, très autoritaire par un système politique s'affirmant clairement comme démocratique, légitime, mais à la fois soucieux d'instaurer un système politique en conformité avec les exigences du Coran, et donc d'inspiration divine, d'où ce nom à première vue contradictoire de République Islamique.
Effectivement, il apparaît naturellement difficile de concilier souveraineté divine et souveraineté populaire. C'est pourtant le pari ambitieux que proposa Khomeiny, voulant innover une nouvelle articulation entre le politique et le religieux.
Pour Khomeiny, le peuple a légitimement le droit de faire entendre sa voix et de s'impliquer dans la vie politique, car Dieu accorde à chaque homme la liberté de participer librement à la vie politique dans la mesure où il en est le premier concerné. Cependant, cette participation a des limites, car elle doit se faire uniquement dans le cadre du respect des préceptes coraniques. Malgré l'inspiration divine du pouvoir et l'omniprésence du clergé dans les affaires politiques, l'Iran est-il une véritable théocratie ?
[...] Cette alternative est de plus en plus sollicitée par la jeunesse qui refuse de se transformer en citoyen passif. D'après Kian-Thiébaut, dans La République islamique d'Iran, parallèlement à l'érosion de la démocratie électorale on constate l'affermissement de la démocratie d'expression La population participe de manière accrue aux activités collectives comme en témoigne l'augmentation constante des associations et organisations non gouvernementales. Conclusion : Bien que les turbans restent nombreux au sein des instances décisionnelles, leur présence massive ne semble pour éviter la rationalisation de l'activité politique que la légitimité religieuse rend moins efficace et la pacification du champ politique. [...]
[...] Entre légitimité populaire et légitimité divine, quelle est la vraie nature de la République islamique d'Iran ? Introduction Dès son retour triomphal dans son pays natal, l'ayatollah Khomeiny, fondateur de la République Islamique d'Iran déclarait : je désigne le gouvernement avec le soutien de cette nation. Je forme le gouvernement parce que la nation m'a donné son accord. Le gouvernement islamique est un Etat démocratique. La démocratie est incorporée dans le Coran et les gens sont libres à la fois d'exprimer leurs opinions et de mener leurs actes C'est par ces premières déclarations d'intention que Khomeiny voulait remplacer la dynastie Pahlavi, très autoritaire par un système politique s'affirmant clairement comme démocratique, légitime, mais à la fois soucieux d'instaurer un système politique en conformité avec les exigences du Coran, et donc d'inspiration divine, d'où ce nom à première vue contradictoire de République Islamique. [...]
[...] Entre confusion et neutralisation du pouvoir Il n'y a donc pas de séparation stricte des pouvoirs à proprement parler. L'équilibre évolue en fonction de la situation, notamment lorsque le danger réformiste guette. Ce nouveau mode de régulation du politique laisse entrevoir des perspectives beaucoup plus pragmatiques de la part du Guide et de ses organes acquis à sa cause, au mépris de l'essence même du régime islamique fondé par Khoméiny. L'enjeu pour le clergé d'aujourd'hui n'est plus d'islamiser la société mais bien de se maintenir coûte que coûte au pouvoir. [...]
[...] Le franc succès électoral lors des dernières présidentielles de mai 2005 pourrait à première vue signifier une aspiration à plus de rigueur morale et à un renforcement de la théocratie dans l'appareil de l'Etat. Cependant, il est utile de rappeler que ces élections ont largement été délaissées par la jeunesse (qui constitue 70% de la population) qui suite à la déclaration de Khaménéi (qui avait notamment déclaré que le choix des électeurs n'avait pas d'importance, le fait de voter était une marque de confiance envers le Guide et son régime) n'ont pas voulu tomber dans le piège de la domestication du suffrage. [...]
[...] L'alliance qui s'est réalisée lors de la révolution était plus le signe du rejet de l'absolutisme de la monarchie que la volonté réelle d'instaurer une théocratie. Cependant, le Guide de la Révolution n'en demeure pas moins le Chef de l'Etat, premier personnage du régime. Désigné par l'Assemblée des experts composée d'une soixantaine de clercs, elle-même élue au suffrage universel, il détermine la direction politique générale du pays après consultation du Conseil de discernement de l'intérêt supérieur du régime. Il peut décider du référendum, obligatoire pour toute révision constitutionnelle, facultatif pour toute législation importante -économique, politique ou culturelle ; il arbitre les conflits entre pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. [...]
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