William GENIEYS dans son article « Le leadership vu du territoire pour une sociologie de l'action politique des élus locaux » paru en 2003 dans l'ouvrage collectif « Le leadership politique et le territoire » dirigé par Claude SORBETS et Andy SMITH cherche à comprendre pourquoi certains élus peuvent se prévaloir d'une prime au sortant. En effet, un homme politique étant déjà élu aurait plus de chances d'être réélu que ses opposants. Il y a donc moins de renouvellement politique au niveau municipal qu'au niveau national. Les chercheurs vont donc se demander ce qui permet à l'ordre politique de tenir et aux élus de monopoliser le pouvoir des villes.
Les objets d'études de William GENIEYS, chargé de recherche au CEPEL portent sur la sociologie des élites politiques, les dynamiques démocratiques et les mutations des États. Il émet l'hypothèse que les pratiques et stratégies de l'élu façonnent un bilan politique garant d'une « prime au sortant » ; bilan dépendant clairement de la façon qu'a l'élu de « travailler son territoire ». Ce terme ne doit pas être vu ici comme un espace matériellement délimité mais plutôt comme une notion faisant référence à l'usage que l'on fait d'un espace.
Dès lors nous allons nous demander dans quelle mesure le territoire est une ressource suffisante au service de l'affirmation d'un leadership politique.
Pour l'auteur de l'article, analyser le territoire permet de faire le lien entre l'implication des élus dans les politiques publiques Policies et leur activité de représentation Politics (I). Ce lien entre Policies et Politics implique donc une analyse relationnelle du pouvoir (II).
[...] L'élu local a su faire fructifier les débats par le passage d'un territoire imaginaire (celui des cathares) au territoire imaginé (le Pays cathare) et le recours à une forme de démocratie participative, approche innovante à l'époque. Néanmoins, cette analyse des itinéraires politiques à travers le prisme du territoire comme lecture des parcours politiques des élus locaux semble être (trop étroite pour en faire une explication de la victoire ou de la défaite électorale. La lecture territorialisée ne constitue qu'une variable explicative parmi d'autres. Ce parti pris pour le local l'amène à avoir un regard particulier sur la manière dont les édiles lient leur implication dans les politiques publiques et leur activité de représentant. [...]
[...] - Cette approche du leadership ne satisfait pas complètement GENIEYS. En effet, l'approche de LAGROYE voit le leader comme une personne qui impose par sa force le consentement à l'autorité et ne traite donc pas du territoire, mais de la seule capacité du politique. William GENIEYS privilégie plutôt une méthode inductive, car c'est en partant du territoire que l'on peut vraiment voir et comprendre la manière dont est créé le leadership. Ainsi, il ne veut pas comme le fait le CSO se baser seulement sur une analyse relationnelle, il veut voir comment un élu adapte son action en fonction des caractéristiques d'un territoire. [...]
[...] La configuration : le territoire comme relations A. Le leader et la domination politique Selon Max WEBER, la domination politique est un processus par lequel des leaders incitent des suiveurs, des soutiens à agir selon certains objectifs répondant aux valeurs et motivations des leaders et de leurs soutiens GENIEYS est influencé par la sociologie wébérienne dans la mesure où il souligne que le leader obtient des soutiens grâce à des pratiques voire des techniques déployées sur le territoire politique sur lequel les élus locaux sont amenés à agir En somme, le leader se distinguerait par sa capacité à agir et à transformer la société en orientant les conduites grâce à la mobilisation de diverses ressources. [...]
[...] Or, la question de la prime au sortant interroge la stabilité politique qui se caractérise par deux types de logiques : D'une part, les logiques de lutte pour le pouvoir. (rapport de force, lutte de modernisateurs contre réactionnaires, les anciens contre les modernes qui traduisent souvent les enjeux de l'action publique NEGRIER) D'autre part, l'accumulation dans le temps de mandats électifs. Les travaux anglo-saxons, notamment ceux de POLSBY ont montré qu'il y a en effet un lien entre la détention d'un mandat et l'augmentation des chances de bénéficier d'une prime au sortant. Le mandat offre de plus grandes ressources à l'élu. [...]
[...] Le fait est bien de savoir en raison de quelles variables l'on peut assigner à l'élu sortant une prime lui permettant de rester en politique. Au travers des exemples donnés par l'auteur, on voit en quoi l'accumulation des 3 registres d'actions est nécessaire pour rester dans le jeu politique. En effet, le candidat n'ayant pas accumulé ces 3 ressources n'a pas été réélu. La clé de la rééligibilité se trouve donc bien dans les relations entre le leadership et le territoire. Il s'agit bien là de construire des registres d'actions spécifiques dans un espace social particulier. [...]
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