La Constitution française de l'an III affirme que « nul ne peut être empêché d'exercer le culte qu'il a choisi. Nul ne peut être forcé de contribuer aux dépenses d'un culte. La République n'en salarie aucun. » Les conditions d'une laïcité qui permettent une relative liberté sont alors crées en France en 1795, mais sans être vraiment réalisées. Ainsi, si la laïcité est un concept moderne, le terme étant apparu en 1871, il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'une idée, soit d'une pensée, d'une façon de penser voire d'un projet qui commence à exister et qui a une expérience dès la fin du XVIIIème siècle grâce aux Lumières et aux évolutions politiques, culturelles et sociales.
Etymologiquement, laïkos signifie « peuple » par opposition à clericos : « celui qui détient un pouvoir religieux ». La notion moderne de laïcité renvoie en Occident à une situation où les citoyens et l'Etat sont indépendants des Eglises. Les sociétés européennes ont ainsi vu prendre de l'ampleur au XIXè siècle et surtout après le « printemps des peuples » un phénomène de sécularisation, soit d'une relative et progressive perte de pertinence sociale et culturelle du religieux, voire d'un affaiblissement ou d'une suppression des liens avec la religion.
Toutefois, la laïcité définit un régime juridique et politique de séparation entre l'Etat et les Eglises, soit entre les pouvoirs politique et religieux, et de neutralité religieuse de l'Etat. Pour qu'il y ait laïcité, il faut donc que les religions n'exercent directement aucun pouvoir politique, mais aussi que l'Etat n'exerce aucun pouvoir dans le domaine religieux et laisse les Eglises s'organiser librement au plan de la société civile. De surcroît, la laïcité suppose l'existence d'une société moderne et d'un Etat de droit où prévaut la logique de l'individualisme démocratique et des droits de l'homme. Son instauration semble donc inséparable de la conquête des libertés modernes. Ainsi, la laïcité apparaît comme un concept moderne qui devient effectif seulement à partir de 1871 en Europe jusqu'à la veille de la première Guerre Mondiale.
Comment l'idée moderne de laïcité s'est-elle propagée et ancrée dans les sociétés européennes du second XIXè siècle ?
Si la laïcité en Europe repose sur les prémices d'une sécularisation, soit d'une prise de distance croissante entre le politique et le religieux à l'œuvre depuis la fin de l'Ancien Régime et accentuée depuis 1848, il n'en demeure pas moins que sa conceptualisation moderne et son effectivité n'apparaissent qu'à la fin du XIXè siècle.
[...] Il s'agit d'une force nouvelle qui se développe. Sainte-Beuve la qualifie de grand diocèse des esprits émancipés ; il compte par milliers des déistes, des spiritualistes et disciples de la religion dite naturelle, des panthéistes, des positivistes, des réalistes, des sceptiques et chercheurs, Ceux-ci proposent une pensée plus libre et regroupent des protestants et juifs libéraux La modification du rapport à la religion : de l'indifférence à l'opposition militante Le XIXè siècle a vu se développer dans les sociétés européennes des tendances contradictoires en matière de croyances traditionnelles, de pratiques religieuses et de place occupée par les Eglises. [...]
[...] LENIAUD, L'administration des cultes pendant la période concordataire, Nouvelles éditions latines, Paris J-M. MAYEUR, La séparation des Eglises et de l'Etat, Paris, Les éditions ouvrières E. POULAT, Notre laïcité publique, Paris, Berg international R. REMOND, L'anticléricalisme en France de 1815 à nos jours, Paris, Fayard W. SAFRAN, The secular and the sacred : nation, religion and politics, London G. WEILL, Histoire de l'idée laïque en France au XIXè, Paris - Articles, L'Histoire P. CABANNEL : une loi d'apaisement 289, 68-71. J-F. CHANET, Le choix de Ferry, 289, 58-63. [...]
[...] Conclusion L'idée de laïcité en Europe dans la seconde moitié du XIXème et au début du XXème n'est pas neuve à proprement parler, puisqu'elle découle d'une évolution lente du rapport des pouvoirs politiques et de la société à la religion. La laïcisation des sociétés européennes s'est opérée progressivement tout au long du XIXè siècle au travers d'évolutions politiques, sociales et culturelles telles que les progrès de la démocratie et de la science. Les Eglises ont alors perdu leur pouvoir surplombant la société. La laïcité se voit avoir une réelle effectivité de son acception moderne à partir de la fin du XIXè siècle et surtout en France sous la IIIè République. [...]
[...] Le pays qui montre la voie est la Belgique qui laïcise le personnel enseignant en 1879. Dans les pays anglo-saxons, les non-sectarian schools accueillent tous les enfants. En Autriche, François-Joseph fait voter une loi qui établit l'enseignement élémentaire comme laïque et obligatoire, de même que la célèbre loi Ferry, votée en mars 1882, l'enseignement religieux étant remplacé par l'instruction morale et civique. La loi Goblet de 1886 va même disposer que l'enseignement dans les écoles publiques doit être exclusivement assuré par un personnel laïque. [...]
[...] Ainsi, la laïcité apparaît comme un concept moderne qui devient effectif seulement à partir de 1871 en Europe jusqu'à la veille de la première Guerre Mondiale. Comment l'idée moderne de laïcité s'est-elle propagée et ancrée dans les sociétés européennes du second XIXè siècle ? Si la laïcité en Europe repose sur les prémices d'une sécularisation, soit d'une prise de distance croissante entre le politique et le religieux à l'œuvre depuis la fin de l'Ancien Régime et accentuée depuis 1848, il n'en demeure pas moins que sa conceptualisation moderne et son effectivité n'apparaissent qu'à la fin du XIXè siècle. [...]
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